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ANGUS AND JULIA STONE @ Zénith (23/04/15)

Porté par le succès de son dernier album éponyme et de ses dernières dates complètes au Casino De Paris, le célèbre duo familial, composé de la tendre Julia et du ténébreux Angus, renouvelle l’expérience d’un concert dans la capitale, cette fois-ci programmé dans la boite de fer (et non la dame) du parc de La Villette. Bien que la capacité semble gigantesque et le lieu mal choisi pour permettre pleinement l’expression timide et mélancolique des Australiens, l’engouement est de taille : le sold out autoproclamé par le tourneur dans la matinée du jeudi coupera même toute possibilité aux derniers arrivants sans ticket de se voir autoriser l’accès. Peu importe, sachant que la plupart des personnes présentes affichent avec sérénité le précieux sésame, le sourire aux lèvres et le verre en main.

Peu avant 20h débarque la première partie de la soirée, à savoir les Australo-Anglais de SUNSET SONS. Face à la plus grande audience que le groupe n’ait jamais eu, le quatuor semble confiant et loin de la retenue, pratiquant ses mélodies aux sonorités classiques et entraînantes. A la fois pop et rock suite au mélange piano/solos de guitare, l’heure est vite à la fête et aux premiers pas de danse pour certains (le côté radiophonique de l’ensemble y étant pour quelque chose) tandis que pour d’autres, la dégustation de boissons alcoolisées reste la priorité. Au final, au terme de trente minutes de performance, les petits nouveaux n’émettront que très peu de fausses notes, avec une pointe de puissance lors du dernier single “Medicine”. Mais ce qui nous restera surtout en tête de ce passage, c’est bel et bien le style vestimentaire et capillaire du bassiste, assez similaire à celui d’un membre d’AC/DC. Stay classy.

 

 

Aux alentours de 21h, les lumières cessent une nouvelle fois. A cette occasion, la foule se lâche et crie dans tous les sens pour la simple et bonne raison que c’est bien au tour d’ANGUS AND JULIA STONE de nous divertir. Accompagnés par un total de quatre musiciens qui mobilisent une partie conséquente de l’estrade, les deux membres de la même famille se retrouvent assez vite au centre du plateau et de l’attention. Avec un aspect authentique et une petite robe pour la chanteuse, une atmosphère seine et envoûtante se dresse et les premières notes chantées par Julia Stone donne le La de la soirée en terme de conquête : très peu d’excès et beaucoup de précision. Unique humaine sous les projecteurs dans un premier temps et avec une voix timide, l’Australienne s’élance vite dans son monde imaginaire, en dansant à coup de gimmicks de guitare classiquement joués, vite rattrapée par un Angus tantôt juste, tantôt “stone”. Car si la chanteuse tente tant bien que mal de combler l’espace et de lancer quelques regards à ses amis musiciens, l’homme, lui, s’affiche plus sur la défensive et se satisfait de l’obscurité. Fort heureusement, la vision assez statique dans l’ensemble et les quelques tentatives de backdrop animés (bonjour le loup) sont mis au second plan dès lors où les deux personnages, sous des rayons lumineux égaux, se lancent dans quelques harmonies vocales et les questions-réponses, marque de fabrique des Australiens. “Heart Beats Slow”, “A Heartbreak” ou encore “Crash & Burn”, issus de “Angus & Julia Stone“, sont la preuve vivante que la scission n’a plus lieu d’être et que le duo se complète plus qu’il ne s’étouffe. Du moins, musicalement. Sur scène, c’est une toute autre histoire et il faudra attendre une bonne demi heure avant d’apercevoir pour la première fois des regards qui se croisent entre les Stone, des attentions qui s’éveillent puis un peu de douceur dans ce monde de brut. La famille, c’est sacré, il ne faut pas l’oublier. Outre les pistes mélancoliques interprétées sans folie, la surprise de ce jeudi reste la version live de “Grizzly Bear” au côté pop dansant presque méconnaissable. Un souffle qui fait du bien avant les évidences de “Big Jet Plane” et les déhanchés révélateurs de la foule. Enfin, au bout de quatre-vingt dix minutes de contemplation et de changements d’instruments (le banjo a fait son effet), l’heure est aux salutations en duo, avec quelques arpèges acoustiques et autres échauffements vocaux sur “Santa Monica Dream”.

 

 

Que l’on aime ou pas la folk mélancolique, on ne peut pas nier l’évidence du talent de composition d’Angus & Julia Stone. Et puis, même si sur la piste, c’est autre chose et ici vulgairement mis en scène par quelques excentricités visuelles, à savoir un écran géant assez passif, nos oreilles ont pris du plaisir à ressentir en direct les vibrations des cordes vocales et d’acier. Peut-être que le Zénith joue en défaveur du groupe, vu l’aspect intimiste revendiqué par ce et l’immensité du lieu fait de tôles. Espérons donc que la prochaine fois sera dans une salle comparable au Casino De Paris. En tout cas, le duo australien maintient une bonne place dans le classement des meilleurs artistes folk : aucune crainte, donc.

Setlist :

It’s All Okay
Heart Beats Slow
My Word For It
For You
Crash & Burn
Private Lawns
Bella
You’re The One That I Want
Grizzly Bear
Yellow Brick Road
From The Stalls
Big Jet Plane
A Heartbreak
—-
Santa Monica Dream