Initialement prévu à Paris, à la Machine du Moulin Rouge, le retour de la bande à Jeff Waters dans la capitale s’est finalement déroulé à Savigny-Le-Temple, à l’Empreinte !
Arrivé sur les lieux peu avant l’ouverture des portes, prévu à 19h30, une petite foule s’était réunie aux abords de la salle. La question était donc : y aura-t-il du monde ? Sachant que le concert se déroule en semaine; il n’empêche que la réponse à cette question sera dévoilée plus tard. La salle ayant ouvert ses portes, la foule prend place à l’interieur, remplissant petit à petit la salle. Pour ceux qui ne sont jamais allés à L’Empreinte, la salle est une sorte de cube, avec la scène donc, face à celle-ci, le pit puis le bar, où de nombreux prendront place: la régie étant au-dessus de celui-ci. Une petite trentaine de minutes plus tard, place donc à la première partie. THE GENERALS nous vient tout droit de Suède et propose du death n’roll. Qu’est ce donc ? Sur le papier : un mélange de rock n’roll, metal et de sonorités plus extrêmes, un programme qui titille notre curiosité. Le quatuor prend place sur scène à 20h. Hednar, Rickard, Dick et Metal Martin apparaissent et débutent sans attendre leur set. Comme prévu, ils proposeront une musique alliant différentes influences, le tout mené par une voix bien écorchée mais efficace. Les deux guitaristes se démènent, soutenus par un batteur fort concentré; or la sauce aura du mal à prendre, la faute peut-être à une balance mal calibrée. En effet, les guitares vont créer une sorte de bouillie sonore, lors des graves, alors que les licks aigues passeront sans soucis. Un élément fort dérangeant car les riffs seront, malgré eux, identiques à nos oreilles. “Blood For Blood”, leur second album, est sorti au mois de mai dernier et les quelques morceaux tirés de celui-ci sont à creuser et à écouter sur CD. La recherche d’originalité, entre hard/metal et extrême, se fait grandement ressentir, le tout donnant l’impression d’une modernité évidente. Une demi-heure de jeu qui chauffera une partie du public, le combo suédois sortant sous les applaudissements du public.
L’immense backdrop du groupe est installé. Tout est prêt, ou presque. Les derniers réglages se font sans pression, dans une décontraction évidente. Les techniciens prennent leur temps et le public prend son mal en patience. Alors que le groupe était attendu sous les coups de 21h, c’est un gros quart d’heure plus tard que les lumières s’éteignent. Une bande son sonne alors l’arrivée imminente d’ANNIHILATOR. “Alison Hell” démarre le show de façon surprenante. En effet, lors de leur dernier passage à Paris, ce morceau concluait le magnifique concert qui s’était déroulé au Divan Du Monde. Ce pur classique lance le long set, dans une ambiance très chaude. Immédiatement suivi par “W.T.Y.D”, également tiré de l’album “Alice In Hell”, le speed thrash metal prend enfin tout son sens ! Jeff Waters, Dave Padden, Al Campuzaro et le nouveau venu, Mike Harshaw, prennent un malin plaisir à en mettre plein les oreilles du public présent. Les premiers mouvements de foule, dans le pit, mettront rapidement les nombreux thrasheux à contribution, tandis que l’effort sur scène se fait ressentir, Jeff Waters prenant l’eau. Il était assez prévisible d’assister à une setlist best-of et, ce fut parfaitement le cas ! Les titres s’enchainent sur un rythme soutenu, Jeff harangue la foule, en français bien évidemment, dans une bonne et joyeuse humeur, comme à chaque rencontre. Les deux premiers tiers du concert seront entièrement dédié aux “vieux titres”. “Set The World On Fire”, et sa lourdeur musicale, ravira la foule tandis que “Refresh The Demon” du même album, sorti en 1996, reboostera l’Empreinte. Bien que le lead chanteur soit maintenant Dave Padden, depuis 2003, Jeff Waters prend un malin plaisir à épauler son comparse guitariste, tout comme Al qui donne de sa personne sur scène. Suivra ensuite un petit ralentissement en compagnie de “Carnival Diablos” avant l’étonnante surprise du show. En effet, le titre suivant est “Fiasco”, qui ne fut joué jusque là, lors de cette tournée. Une surprise inattendue qui apporte un brin de fraicheur, sachant que le groupe n’a pas tellement l’habitude de jouer celui-ci, même s’il fut au programme du Motocultor Festival. Un titre qui est dans une veine plus hard/blues, rien d’étonnant au vue des influences de Jeff Waters. Un mariage entre thrash et rock “conventionnel” qui passe superbement. Annihilator continue sur sa lancée avec des titres issus de l’album “King Of The Kill” (1994) avec le duo “Bliss”/”Second To None”; du pur classique ! Efficace et puissant, le public répond toujours, malgré sa légère passivité, assez étrange pour être souligné. Mike Harshaw, caché derrière son immense kit est d’une redoutable efficacité, dégageant également une déconcertante simplicité. Comme quoi, même si les différents changements de lineup sont assez fréquents, dans l’histoire du groupe, Jeff Waters s’entourne d’excellents musiciens. “I Am In Command” précéde l’interlude “émotion” du set. Issu de l’album “Never, Neverland” (1990), c’est un thrash plus old-school qui est au programme, de quoi plaire, encore et toujours ! Bien qu’il soit là depuis plus de dix ans, Padden s’approprie de mieux en mieux le répertoire d’Annihilator, faisant de lui le principal chanteur de la formation canadienne. Le duo Waters/Padden est donc très performant. Comme en 2010, “Phoenix Rising” et “Sounds Good To Me” installeront une ambiance plus axée sur l’émotion et l’intimité; toujours déconcertant lorsqu’on connait le “style” principal d’Annihilator. Quoiqu’il en soit, ces quelques minutes permettent à beaucoup de faire un aller/retour au bar, de se rafraichir et de se préparer à l’excitante fin qui attend l’audience du soir. Cependant, un élément pourra en surprendre plus d’un. En effet, le nouvel album “Feast” n’a pas encore été mis à contribution. Jeff évoque rapidement la sortie du nouvel album, celui-ci ayant fait un excellent démarrage en Europe et surtout en France, où les ventes furent élevées. Trois titres tirés de “Feast” seront joués. Parmi ces trois-là, deux furent cités par Jeff, lors de notre rencontre au mois de juin dernier, à savoir “No Way Out” et “Smear Campaign”. Le titre complétant le trio sera le redoutable “Deadlock”, avant de laisser place au rappel. La fin de set est placée sous les couleurs du speed thrash que propose Annihilator depuis bien des années; de manière toujours aussi efficace. Malgré cela, les mouvements au sein du pit ne seront pas à la hauteur de l’événement, fort dommage.
Le groupe se retire, l’espace d’un instant, avant de revenir pour les deux derniers titres. Le premier sera “Ultra-Motion”. L’enchainement avec le précédent titre est plutôt interessant, car ces deux morceaux adoptes des phrasés parfois identiques et des structures assez proches. Vitesse et accroche seront les mots d’ordre de ces deux titres. Malheureusement toute bonne chose à une fin et il ne reste plus que deux RER en direction de Paris, donc le show se devait de finir rapidement. Et quel autre titre que “King Of The Kill” pour achever une heure cinquante d’intense show ? Un dernier effort sera demandé aux fans, Jeff les mettant une fois de plus à contribution sur les refrains; le rouleau compresseur qu’est “King Of The Kill” passera à une folle vitesse; on en redemanderait presque !
S’achève ainsi un des concerts de cette rentrée 2013, à n’en pas douter. Annihilator, efficace comme jamais, aura une nouvelle fois étalé bon nombre de ses compositions. Alors certes, les absences de “The Box”, “Phantasmagoria” et “The Fun Palace” sont à noter, mais la setlist du soir est tout de même phénoménale en terme de dynamique et de rythme. Annihilator prouve une nouvelle qu’il faut compter sur lui à l’avenir et son passage au Hellfest Open Air, l’été prochain, est attendu de pied ferme. Le seul regret aura été l’ambiance générale du pit, qui n’aura pas été à la hauteur de l’infernale date au Divan Du Monde en 2010. Quoiqu’il en soit, L’Empreinte fut au bord du “sold out” et ce même pour un concert n’ayant pas lieu à Paris, en semaine. Un pari amplement réussi et un public ravi !
Setlist :
Alison Hell
W.T.Y.D.
Knight Jumps Queen
Reduced To Ash
Set the World On Fire
Refresh The Demon
Never, Neverland
No Zone
Carnival Diablos
Fiasco
Bliss
Second To None
I Am In Command
Phoenix Rising / Snake In The Grass
No Way Out
Smear Campaign
Time Bomb
Ambush
Deadlock
—-
Ultra-Motion
King Of The Kill
Crédit photos : Olivier Gestin