Après un arrêt rapide en France en 2016 dans le cadre de la première édition du Download Festival France, les Anglais d’Arcane Roots, accompagnés par leur nouvel album “Melancholia Hymns”, choisissent Paris pour clôturer la partie européenne de leur “Melancholia Hymns Tour”. Une fin de tournée qui s’annoncera bien plus sinueuse que prévue, notamment suite des problèmes de transport et de santé, rendant la soirée bien plus spontanée que soigneusement préparée.
Comme déclaré en introduction, le concert de ce mardi soir s’avère, dès l’arrivée sur place, pleine d’éléments perturbateurs, annonçant la couleur quant à la suite des événements. Tout d’abord, alors que l’ouverture des portes était annoncée pour 19h, ce n’est qu’à 20h que les personnes amassées ont la chance de mettre un pied dans l’enceinte du théâtre Les Etoiles. Entre temps, certains aperçoivent les Britanniques arriver et se faufiler dans la salle, bien en retard comparé au planning. C’est donc sans surprise que les premiers arrivés franchissent les portes tandis que s’active sur scène des musiciens, n’étant autre que TOSKA, réalisant son soundcheck sur le tard. Quelques minutes plus tard, Rabea Massaad, guitariste, annonce au micro qu’ils sont obligés de commencer afin d’avoir le temps de réaliser certains de leurs chansons. Au total, trois titres seront joués par la formation anglaise de metal progressif, dont le complexe “Illumo” extrait de l’EP “Ode To The Author” (2016), pour vingt-trois minutes sans équivoque d’une ambiance instrumentale aux structures planantes et lourdes, aux riffs précis et à l’agressivité sans retenue. Une première performance dans la capitale effectivement trop courte pour un groupe de cet acabit, qui nécessiterait largement plus d’une vingtaine de minutes pour réellement montrer ce qu’il a dans le ventre.
Effet papillon de rigueur, le trio phare de la soirée est également amené à réaliser un rapide soundcheck face à tous, sous le regard scintillant du public. Une mise en place du plateau qui prendra fin quarante-cinq minutes plus tard, tranquillement arrêtée par l’introduction synthétique de “Before Me”, piste d’ouverture de “Melancholia Hymns“. Déjà sur scène, ARCANE ROOTS affiche dès le début son envie d’évolution, sa volonté de grandir musicalement tout en maintenant une certaine singularité avec de longues phases de synthés, laissant plus de place à l’expression des harmonies vocales entre Adam Burton (basse), Jack Wrench (batterie) et Andrew Groves (guitare/chant). Ce virage, débuté par l’EP “Heaven And Earth” puis démocratisé par le dernier album en date, est dans l’ensemble bien moins dans l’attaque que le début de carrière du trio, rendant ce début de soirée plus dans la contemplation du côté du public que dans l’expressivité physique. Pour autant, le concert réserve bien son lot de riffs math rock, enragés, à l’instar des morceaux “Sacred Shapes” (issu de “Blood And Chemistry” (2013)) ou “Rouen” (extrait de l’EP “Left Fire” (2011)), seulement exceptions de la soirée, libérant les paroles et la foule dans un tourbillon de bonne humeur et de sueur. Exceptions, car le reste du show servira à présenter en live des mélodies plus récentes, comme l’endiablé “Off The Floor”, “Leaving” ou encore la grondante “Slow Dance”, qui ponctuent les envolées lyriques et progressistes d’Andrew Groves sur des mélodies plus posées comme “Curtains”.
Alors que les Anglais jouent comme si de rien n’était les morceaux prévus, difficile de ne pas remarquer que ceux-ci semblent sensiblement touchés par ce qui leur est arrivés durant leur venue en France, à tel point que le frontman prendra un moment de leur (court) set pour s’excuser du fait que le lightshow prévu n’ait pas pu être mis en place, suite à des problèmes de logistique, de transport et de santé. Après de nombreuses demandes de pardon – qui n’avaient pas lieu d’être au vu de la qualité du set et des lumières présentes – Arcane Roots annonce son retour prochain dans la capitale, prévu pour début 2018. Et même si cette performance manque cruellement d’éléments du passé (on notera post concert que par manque de temps, le single “Slow” de l’ancien long-format ne sera pas joué), on ne peut reprocher au groupe sa pureté, sa sincérité ainsi que son envie d’aller de l’avant, de surpasser ce qui a déjà été fait, tout en gardant une patte reconnaissable et indissociable. Finalement, “If Nothing Breaks, Nothing Moves”, titre final de ce set, paraît comme un défouloir après une journée loin d’être la moins stressante possible, tant pour la foule que pour Arcane Roots.
Arcane Roots grandit, Arcane Roots se remet en question et pourtant, Arcane Roots reste Arcane Roots dans le fond comme dans la forme, c’est à dire un groupe qui prend des risques et qui assume par dessus tout ces décisions. Cette soirée nous aura fait découvrir sous un autre angle et plus apprécier “Melancholia Hymns”, un disque caustique et évolutif.
Setlist :
Before Me
Matter
Sacred Shapes
Leaving
Off The Floor
Slow Dance
Indigo
Rouen
Curtains
If Nothing Breaks, Nothing Moves