Les légendaires studios d’Abbey Road à Londres sont toujours aussi convoités. Nombre de sessions studios et live s’y déroulent régulièrement, pour des musiciens souhaitant marcher quelques heures dans les pas de légendes, les Beatles en premier lieu évidemment. Alors le lien entre les Quatre Garçons Dans le Vent et Architects n’est pas évident musicalement, mais il est probable que pour chaque musicien rock britannique des dernières décennies, la bande de Macca représente un mythe inatteignable. Plusieurs mois après la sortie de leur dernier album, For Those That Wish To Exist, Sam Carter et ses copains de Brighton débarquent à Abbey Road pour jouer intégralement ce disque, en compagnie du majestueux Parallax Orchestra !
Something
Tout ce petit monde placé dans le Studio 1 d’Abbey Road, les hostilités peuvent débuter avec l’intro “Do You Dream Of Armageddon?”, jouée uniquement instrumentalement. Le temps que ARCHITECTS s’installe au milieu des nombreux instruments à cordes et autres cuivres. On le comprend assez vite, l’album sera joué en respectant l’ordre du tracklisting (coucou Adele) et c’est sur les titres les plus metal que ce concert s’ouvre. L’apport de l’orchestre est perceptible dès les premières notes où les guitares de Josh Middleton et Adam Christianson servent désormais plus de base rythmique et mélodique, laissant les cordes et cuivres sublimer les leads originelles. Vocalement, Sam Carter est toujours irréprochable. S’il reçoit un peu de soutien de la part de ses deux potes guitaristes, le mixage des voix additionnelles rend ce support presque anecdotique. La largeur du spectre du blond aux ongles noirs est effarante. Aucune ligne n’est ne serait-ce que modifiée par rapport aux versions studio, si ce n’est un supplément d’âme lié à l’interprétation live.
Here Comes The Sun
Ce n’est pas une surprise, les titres les plus mélodiques bénéficient le mieux de l’apport orchestral. Comportant une partie orchestrale déjà importante, “Dead Butterflies” est sublimé par une interprétation au summum de l’intensité. Le chant, désespéré, de Carter est magnifié par les envolées de cordes sur le refrain. L’orchestre comporte une grande section percussion qui ajoute une couleur parfois tribale aux rythmiques martiales de la formation britannique. Bien que les invités du disque ne soient pas de la partie, des morceaux comme “Impermanence”, “Little Wonder” ou l’incroyable “Goliath” ressortent clairement du set. La violence des hurlements de Carter en lieu et place de Simon McNeil (Biffy Clyro) est purement jouissive, permettant de se remémorer que nous sommes en présence de l’un des meilleurs chanteurs metal de la dernière décennie.
Come Together
Évidemment, un titre aussi impactant que “Animals” gagne en corps et en cœur grâce à l’apport orchestral. Les arrangements électroniques originels sont alors suppléés par de nouveaux instruments, accentuant l’urgence du titre et son ambiance apocalyptique. Des compositions plus secondaires tels que “Libertine” ou “Discourse Is Dead” deviennent des machines impitoyables, soulignant le talent d’écriture d’Architects, même sur des chansons d’aspect moins tubesques. L’incroyable chef d’orchestre du Parallax Orchestra amorce la fin du concert avec “Dying Is Absolutely Safe”, finalement peut-être le morceau le moins surprenant du set.
Les livestreams offrent des possibilités de configuration presque infinie, et c’est un vrai bonheur de pouvoir assister, même de son canapé, à ce genre d’événements. Architects se fait plaisir et nous fait plaisir avec ce live d’une grande qualité, ce qui n’est définitivement plus une surprise.