AVRIL LAVIGNE @ Zénith (12/04/23)

Maintes fois reportée, la tournée européenne d’Avril Lavigne peut enfin commencer ! Avec une première date à Paris, ville qu’elle connaît bien puisqu’elle y a vécu pour apprendre le français. Les attentes sont donc nombreuses, d’autant plus que le concert est complet depuis plusieurs mois. L’attente en valait-elle la peine ?

Un potentiel mal exploité

Un message tourne en boucle pour annoncer l’arrivée de PHEM : “You are now listening to Phem“. La chanteuse entre sur scène avec un masque de son propre visage dans un style un peu manga. Pleine d’énergie, elle bouge d’un bout à l’autre de la scène pour encourager le public à sauter et lever les bras. Malheureusement, elle peine à convaincre. Seulement accompagnée d’un batteur et d’un guitariste et sans scénographie particulière, le tout sonne assez creux. Pourtant Phem semble sincère et exprime plusieurs fois sa reconnaissance d’être là après avoir autant galéré pour en arriver là. Mais sa prestation manque d’ampleur et peine à sortir des clichés Tik Tok. On regrette également l’utilisation abusive de l’autotune par-dessus sa voix.

Au vu des regards gênées que s’échangent les spectateurs à la fin de sa chanson inédite sur son chien (“The only man who never disappointed me“), il semblerait qu’elle n’ait pas fait l’unanimité. Le fait qu’elle chante par-dessus une bande enregistrée, avec un homme qui la filme tout le long n’aide sûrement pas.

Une prestation décevante donc, pour cette jeune artiste pourtant pleine de potentiel, en témoigne le prometteur “Slippery Slope”.

Pop punk forever

Au tour de GIRLFRIENDS de chauffer le Zénith de Paris ! De nombreux téléphones se lèvent pour filmer dès l’intro, c’est dire si les Américains sont attendus ! Le duo, qui devient un trio sur scène (visiblement la basse est en option ce soir), sonne comme un mix entre All Time Low et Machine Gun Kelly. Alors forcément, c’est efficace… mais pas vraiment original. Les fans ne s’y trompent pas et l’enthousiasme baisse dès le deuxième titre. Mais le groupe ne se démonte pas et donne tout ! Le leader Travis (que beaucoup connaissent déjà sous le nom de T. Mills) parle entre quasiment chaque chanson; il est visiblement très heureux de jouer son tout premier concert européen. Créé il y a trois ans, Girlfriends a dû se mettre en pause rapidement à cause du COVID, ce qui a énormément affecté la santé mentale du chanteur qui lance “I swear that the world is a better place with you than without you“.

Le groupe entonne ensuite une reprise de “Just A Girl” qui a le mérite d’être efficace bien qu’elle reste très fidèle à la version de No Doubt. Les deux derniers morceaux ne sont pas plus originaux puisqu’ils parlent de tatouages et de la Californie, ce qui est un peu cliché quand on joue dans un groupe de pop punk. De plus, la voix de Travis est très autotunée et rend l’ensemble trop lisse, et finalement, pas punk du tout. Néanmoins, Girfriends reste une bonne découverte. Il est certain que si les Californiens prennent l’exemple de 5 Seconds Of Summer en s’éloignant de leur pop punk un peu trop premier degré, ils sont promis à une belle carrière.

Back to 2002

Après sa reprise du”Bad Reputation” de Joan Joett en guise d’intro, Avril Lavigne débarque sur scène avec “Bite Me”, extrait de son album Love Sux sorti en 2022. Si l’accueil du public est enthousiaste, c’est “What The Hell” qui lance véritablement le set. Des serpentins tombent du plafond et des ballons géants rebondissent sur la fosse dans une ambiance bon enfant. “Complicated” est un titre spécial pour la chanteuse puisque c’est celui qui l’a fait connaître et elle semble émue de la jouer ce soir. Instant nostalgie pour elle mais aussi pour toute la salle, majoritairement composée de trentenaires qui hurlent les paroles comme lorsqu’ils étaient au collège au moment de la sortie du single. À la fin du morceau, Avril se retire en coulisse pendant que ses musiciens rejouent une partie. Elle va faire cela plusieurs fois pendant le set, cassant ainsi l’ambiance qui peine souvent à revenir.

Des surprises à gogo…

Cependant, la Canadienne a prévu de nombreuses surprises pour surprendre ses fans. Elle joue notamment “Wish You Were Here” seule avec sa guitare acoustique et s’essaye à la batterie sur “Love Sux”. Sans oublier les nombreuses fois où elle prend le temps de remercier le public français d’avoir attendu aussi longtemps après les nombreux reports, dans un mélange d’anglais et de français.

La grosse surprise intervient au moment où Avril reprend “Wannabe” des Spice Girls avec Phem et quatre fans qui dansent derrière elles. Avec en guise d’introduction, Travis Mills qui se voit souhaiter son anniversaire par tout le Zénith et qui se prend un gâteau au visage de la main de la reine de soirée. Ambiance bon enfant, on vous a dit.

…mais un concert en demi-teinte

Si Love Sux est bien mis en avant cinq morceaux joués, il est surprenant de constater que “Head Above Water” est le seul extrait de l’album du même nom qui est interprété. Alors qu’initialement, la tournée aurait dû avoir lieu pour ce disque. Mais étant donné les réactions extatiques de l’auditoire quand sont jouées “My Happy Ending”, “Girlfriend” et surtout “Sk8er Boi”, les fans sont venus pour entendre les anciennes chansons.

On remarque également que la chanteuse ne présente pas ses musiciens, elle ne va même jamais les voir. On est loin de la Avril Lavigne de ses débuts qui mettaient en scène son groupe dans ses clips. Ce manque de naturel et de spontanéité laisse un goût amer et gâche quelque peu la fête.

Le rappel laisse tout le monde confus puisqu’il n’est composé que de chansons lentes. Mais qu’importe, c’est le très beau “I’m With You” qui clôt ce set pour le plus grand bonheur de l’audience.

On peut regretter qu’Avril Lavigne soit devenue une grosse machine avec un show à l’américaine et que ses concerts aient perdu en authenticité. Mais l’artiste semblait sincèrement heureuse de jouer à Paris et les fans sont tous sortis avec le sourire jusqu’aux oreilles d’avoir vu l’idole de leur adolescence. Que demander de plus finalement ?