Après avoir agité La Machine Du Moulin Rouge en février 2023, Bad Omens revient cette fois dans l’écrin feutré et boisé de la Salle Pleyel. C’est en étant accompagné de Poppy que les Américains nous ont fait le plaisir de venir jouer leur metalcore teinté de pop.
Poppy
Pour trouver le lieu du concert, il suffit de suivre la file d’emokids qui s’engouffre dans la Salle Pleyel et s’agglutine autour du merchandising. Le contraste est saisissant entre les looks alternatifs et l’ambiance feutrée et classieuse de la salle de concert. Ceux en balcon s’interrogent sur comment descendre au plus vite dans la fosse déjà bondée et serrée avant même le début du set.
À 20h pile, l’étrange poupée désarticulée POPPY entre sur scène. Le style de la chanteuse est sans équivoque et tranché : ça passe ou ça casse. Pour la majorité, ça passe et il suffit d’entendre les clameurs des spectateurs pour savoir que la chanteuse est très attendue.
Avec un set de quarante minutes et onze titres, Poppy se laisse le temps de développer son univers particulier. Elle mêle les aspects des lolitas japonaises, l’électro mièvre et bubble gum, les textes pop sirupeux, et le metal le plus brutal. L’artiste est uniquement accompagnée d’un guitariste, d’un batteur et de claviers. Mettant particulièrement en avant les titres de I Disagree, Poppy propose une prestation qui peut laisser sur le côté si l’on ne rentre pas dans l’ambiance développée sur scène. Chaque morceau est pensé comme une véritable installation artistique et musicale. “X”, “Hard” ou encore “Sit/Stay” sont dévastateurs.
Les titres se poursuivent et semblent pourtant installer un peu de lassitude dans le public. Les applaudissements se font par instants moins nourris ou moins enthousiastes, signe que peut-être la longueur du set se fait sentir. C’est malgré tout sous les cris du public et sans un au revoir que Poppy quitte la scène de Pleyel.
Bad Omens
L’annonce des vingt minutes d’entracte retentit, surprenant une bonne partie du public peu habitué au ton obséquieux que l’on entend dans la salle de spectacle. Cet entracte nous permet en tout cas d’admirer la scénographie qui se dévoile : deux écrans rectangulaires, l’un au niveau de la scène, l’autre derrière une plateforme surélevée sur laquelle est installée la batterie. Quatre petites “tours” de lights sont disposées sur la scène, deux vers l’avant et deux près de la plateforme. Intriguant !
Une fois les lumières de la salle éteintes et seules de la scène allumées, la scénographie se dévoile : de magnifiques “clips vidéos” sont diffusés tout au long des titres, ajoutant une atmosphère particulière à chacun des morceaux. Et ça commence fort avec “ARTIFICIAL SUICIDE”, faisant hurler les fans massés contre la scène et les faisant s’agiter.
Une longue plateforme au bord de la scène permet aux musiciens, masqués et cagoulés, d’être surélevés, mis en valeur, et de s’approcher un peu plus près du public. Vêtu d’un coupe-vent et le visage masqué, Noah Sebastian arpente l’espace comme un lion en cage, et délivre toute sa rage sur des screams ravageurs. Avec son metalcore teinté de rock plus pop, la comparaison avec Bring Me The Horizon leur a été très souvent faite. C’est parfois difficile de ne pas l’avoir en tête, surtout avec des titres comme “bad decisions” ou “IDWT$”. Malgré tout, les fans de metalcore plus violent resteront sur leur faim, le chant clair étant très présent dans les chansons du groupe de Richmond.
Ambiance entre metalcore hardcore et pop dépressive
Sans être très bavards, les musiciens de BAD OMENS sont efficaces. Les morceaux s’enchaînent de manière fluide, avec un son un peu trop parfait. Il est clair que des pistes électroniques servent de renfort aux musiciens, et cela sonne par instants quelque peu artificiel. Mais la scénographie époustouflante et la puissance scénique de Noah Sebastian compensent cette sensation de perfection artificielle.
Le groupe mêle allègrement le metalcore le plus violent, avec les textes mettant en avant la dépression, les problèmes d’addiction ou encore le mal-être. Le mix des deux amène le set à passer par des phases de violence et de mosh pits ravageurs, à d’autres plus posées et douces, permettant aux plus actifs de la fosse un moment de répit.
C’est pour défendre le titre “V.A.N.” que Poppy revient sur scène, permettant au frontman de Bad Omens un break de quelques minutes. L’ambiance change à nouveau et la lolita punk y appose sa patte particulière.
Le morceau “Miracle (Remix)” laisse le temps à la formation de s’éclipser, ce qui laisse à penser que le rappel est proche. Fausse piste ! Trois titres et puis enfin le rappel : “Never Know”, “THE DEATH OF PEACE OF MIND” et l’incontournable “Just Pretend” préparent le terrain pour les tous derniers titres.
“CONCRETE JUNGLE” puis le metalcore “Dethrone” closent le set de Bad Omens. Nous restons quelque peu sur notre faim car là où “Dethrone” nous a montré une facette metalcore particulièrement brutale, le reste du set était plus en retenue et “pop” que ce que nous attendions. Soulignons cependant la magnifique scénographie, la maîtrise musicale du groupe de Richmond et le charisme du chanteur Noah Sebastian pour nous laisser sur une impression très positive.
