Le groupe mené par Liam Gallagher était de passage à Paris le 27 février pour un concert au Bataclan, six mois après la sortie du second album, “BE”. Une annonce quelques jours auparavant remue le passé et le renvoie en pleine claque. En effet, la réédition de l’album “Definitely Maybe”, rappelle qu’il y a vingt ans, Oasis a pris d’assaut le monde de la musique, avec un premier effort qui s’est inscrit dans l’histoire du rock et de la britpop. Et ce soir, comme tous les soirs depuis ce fameux split avant de monter sur la scène de Rock En Seine 2009, Oasis n’est plus. Noel d’un côté et Beady Eye de l’autre.
La foule a, bien évidemment, répondu présente pour acclamer Liam et sa bande, mais avant, le public doit patienter avec un autre Gallagher, PAUL GALLAGHER. Le moins connu et l’ainé des frères, avec sa veste militaire et ses airs de gros bras de mafieux mancunien, passe près d’une heure à passer des vinyles de rock, de ska, dub. De Bowie à The Who, en passant par Madness, l’assemblée ou plutôt la fosse, se laisse bercée par l’ambiance. Les balcons ressemblent à un amas de vieux rockeurs et de jeunes endimanchés, passant leur temps à discuter et raconter les tracas du boulot, sans se soucier de la musique, so rock n’roll.
Après quelques minutes d’attente et de bières, et avec une salle encore plus comble, Liam Gallagher débarque sur scène, ovationné par la foule, Gem Archer, Andy Bell, Chris Sharrock et Jay Mehler, arrivant quelques secondes plus tard. Liam en impose, tout de noir vêtu et les cheveux coupés courts. Avec le reste de BEADY EYE, lunettes noires et fringues dans la même teinture, la formation ressemble plus à une secte, qui fait froid dans le dos. “Flick Of The Finger” démarre et le frontman reste égal à lui-même. Main dans le dos et fixe comme un “i”. Par moment, il salue, applaudit le public, en son bras, et faisant balancer sa serviette (noir). La nuque tendue vers le micro, la voix claire et puissante comme à la belle époque. Beady Eye, stable technique et déflagrateur, veut prouver à son auditoire qu’il n’est pas Oasis, bordélique et instable. Mais le public qui en a peur, lâche des acclamations déchainés à chaque fin de morceau en hurlant des “one more” à tout va, pour être sûr que le chanteur reste sur scène jusqu’au bout du show. Ça ne sera pas la peine car Liam s’est calmé, ce n’est pas Oasis et tout est à refaire, sauf peut-être retrouver l’amour du public. Les explosions modernes du dernier album “BE“, le tout mis en exergue par six écrans, passant d’image de requin en noir et blanc, d’hémoglobine vu au microscope et ville futuriste vu au trombinoscope, exulte la fosse, principalement composé de british, jeunes et moins jeunes. D’ailleurs “Second Bite Of The Apple” n’a pas encore commencé que la sécurité du Bataclan a déjà éjecté quatre anglais qui, imbibés par l’atmosphère irlandaise, remuaient trop fort pour les frenchies. La tension commence à redescendre, les morceaux les plus enivrants de Beady Eye commencent à manquer, et ce n’est pas le hip hop à tendance Gorillaz de “Soul Love” ou la douceur folk d’un “Shine A Light” qui arrangera les choses. Quand l’audience commence à lâcher, les oreilles se mettent instinctivement aux gardes à vous après la première note de “Wonderwall”. L’impression que le temps s’est arrêté; il y a vingt ans, que rien n’a changé, si ce n’est la voix de Liam, impeccable et profonde, mais plus grave qu’autrefois. Beady Eye va continuer le voyage en terres connues, en lâchant les sons les plus oldies, les plus britpop qu’il a en magasin, les plus Oasis tout simplement. Le classique “The World’s Not Set In Stone” et les solos psychédéliques de “Soon Come Tomorrow” s’enchaînent et apaisent la foule, avant de ressortir une nouvelle fois des cartons un titre qui a vu naitre les frères Gallagher. “Cigarettes & Alcohol” qui refout le bordel, les anglais sur scène et dans la fosse ne demandaient que ça. Il va falloir en virer encore un ou deux, parce que le Bataclan n’a pas l’habitude de ce genre de trouble ! Après un “Wigwam” rondement mené, il est déjà l’heure du rappel avec “Gimme Shelter” de The Rolling Stones, Liam explose encore une fois ce soir, quadruplant d’effort pour que la foule le suive. Il remercie encore une fois le public sert quelques paluches, des embrassades et tout le tintouin. Très loin du salaud qu’il était sur la fin d’Oasis.
Sur scène, Beady Eye est un groupe de rock avec un égo de la taille d’une cacahuète et la rage d’un requin blanc. Oubliez tout ce que vous savez sur Liam Gallagher, il est toujours la classe britannique incarnée, sauf que désormais, il fait de la scène pour faire plaisir à ses fans et plus pour provoquer. Une tournée à ne pas manquer.
Setlist :
Flick Of The Finger
Face The Crowd
Four Letter Word
Soul Love
Second Bite Of The Apple
Iz Rite
Shine A Light
Wonderwall
The World’s Not Set In Stone
I’m Just Saying
Soon Come Tomorrow
Cigarettes & Alcohol
The Roller
Start Anew
Bring The Light
Wigwam
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Gimme Shelter