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BEARTOOTH @ Bataclan (19/10/24)

Après avoir mis le feu au Cabaret Sauvage l’année dernière, les Américains de Beartooth viennent propager leur punk hardcore aux contours pop dans un Bataclan complet. Pour l’occasion, les natifs de l’Ohio ont rameuté avec eux leurs camarades ursidés de Polaris. Un show qui promet tout sauf l’hibernation !

Polaris

Alors que nos frenchies de LANDMVRKS écument eux aussi l’Europe sur cette tournée, l’étape parisienne est malheureusement la seule à laquelle les Marseillais ne participent pas. Une impasse dommageable au regard de la claque reçue au Main Square Festival, que leur prochain Olympia permettra de réparer. C’est donc à POLARIS de briser la glace à coups de metalcore accrocheur. Et quelle réussite ! Durant près de quarante minutes, la formation va changer la fosse en brasier. Pogos, circle pit, slam, tout y passe ! Il faut dire que les Australiens, actifs depuis 2017, sont loin d’être des inconnus. En effet, leurs compositions comptabilisent déjà plusieurs dizaines de millions de streams sur les plateformes. Cette notoriété a visiblement atteint nos frontières, ce qui permet à la foule de répondre à la sollicitation du frontman Jamie Hails, en reprenant à son compte les paroles de la conclusion “Remedy”.

Leur musique combine agressivité et accessibilité, ce qui leur assure un beau succès face aux fans de Beartooth. Seul bémol : une partie des nuances vocales de Hails est perdue dans un mix plutôt douteux, rendant inaudibles les passages plus calmes. Néanmoins, le contrat est rempli haut la main, si l’on en croit l’ovation à la hauteur de la générosité du groupe.

Beartooth

Loin de faire retomber l’ambiance, le changement de plateau est l’occasion de se chauffer la voix avec des tubes intemporels. Les trentenaires s’en donnent ainsi à cœur joie sur “Welcome To The Black Parade”, “One Step Closer” ou encore “Last Resort”. L’improbable “Power Of Love” de la B.O. de Retour Vers Le Futur clôture ce karaoké, rappelant que BEARTOOTH sait aussi ne pas se prendre trop au sérieux. À 21h15, l’écran géant au centre de la scène nous ramène dans le présent, incitant la salle à faire grimper les décibels.

C’est donc sous une belle clameur que le groupe fait enfin son apparition. Le chanteur Caleb Shomo, et son éternel bandana sur le front, lance aussitôt les hostilités avec “The Surface”. Fidèle à l’imposant tatouage figurant sur son torse, ce dernier apparaît comme un lion en cage. Ne se contentant pas de rugir, le frontman joue constamment avec le public. “Êtes-vous prêts pour la meilleure nuit de votre vie ?“, lance-t-il avant de faire jumper la foule sur “The Past Is Dead”. Il nous explique concevoir son concert comme un exutoire vis-à-vis des doutes du quotidien. Une démarche qui ne surprendra pas les adeptes de ses textes torturés. L’acceptation est justement au cœur d’un beau moment sur “Might Love Myself”, qui voit l’assemblée faire trembler les murs en envoyant un massif “I’m exactly who I wanna be” à la face du monde.

Ce morceau est tiré de leur dernière livraison, The Surface (2023), qui sera largement défendue ce soir. On compte en effet pas moins de sept représentants, dont le récent titre bonus “ATTN”. La voix est en place, les compositions sont variées : on passe un agréable moment. Régulièrement, des jeux de lumières soutiennent des interludes teintés d’effets électroniques. À mi-parcours, l’un d’eux permet de mettre en valeur l’intégralité des musiciens sur la célèbre instrumentale “The Last Riff”. Cette diversion permet ainsi au chanteur de réapparaître sur un podium placé au fond de la salle, pour l’un des moments les plus marquants du show.

Du miel…

Guitare acoustique en main, celui-ci s’exprime à cœur ouvert sur sa reconnaissance d’être ici. Il partage ainsi les étapes parisiennes ayant conduit le groupe à cette date. Les fidèles se reconnaîtront dans ce parcours menant à performer sur un bateau, dans un petit bar… et même sous un chapiteau, à l’occasion de leur dernière venue au Cabaret Sauvage. Peut-être inspiré par cette précédente tournée avec Motionless In White, où ces derniers avaient repris “Somebody Told Me” de The Killers, Caleb entame alors “Mr. Brightside”. Cette revisite tout en retenue est l’occasion de “dénicher les chanteurs de la salle“.

Elle constitue également une rampe de lancement idéale pour leur très beau “Look The Other Way”. On jurerait assister à une inédite de Biffy Clyro, alors que les smartphones nimbent la salle de lumières. Le reste du groupe le rejoint sur la fin du morceau, conférant une belle intensité à cette power ballad. Déterminée à apporter son énergie à l’édifice, une partie de la fosse décide alors de repartir en circle pit. Un choix discutable, qui ne permet sans doute pas d’apprécier à sa juste valeur l’émotion dégagée.

…et des griffes !

D’autant que les corps auront, par la suite, encore largement l’occasion d’être mis à contribution. Séparant la fosse en deux, le frontman regagne ainsi la scène en préparant du même coup le bien nommé “The Lines”, qui donne lieu à un wall of death particulièrement à propos. Hélas, l’interprétation de “You Never Know” sonne le glas de nos espoirs d’entendre leur meilleure chanson. Depuis le début de cette tournée, la formation alterne en effet entre ce titre issu de Disease (2018) et la bombe des débuts “Body Bag”, peut-être victime de son ancienneté. En revanche, cela ne nous empêche pas d’être à nouveau rattrapés par l’émotion conférée par “I Was Alive”, que le chanteur dédie à son grand-père disparu. Un beau point d’exclamation qui clôture le set principal.

Après une courte pause, l’intro démentielle façon punk celtique de “Sunshine!” ravive instantanément les pogos (et nombreux slams) qui ont émaillé le concert. À peine le temps de remarquer le néo look de plagiste du chanteur, qu’il est déjà l’heure pour les fans de la première heure d’exulter sur la classique “In Between”. Alors que ce titre clôture traditionnellement le set, Caleb enchaîne en faisant faire des vocalises au public. De quoi introduire un ultime morceau ? Il s’agit en réalité d’une façon de créer une attente silencieuse, pour hurler, micro coupé, un “We Love You!” à s’en arracher les cordes vocales.

On partira donc sur cette belle image, reflet d’une soirée marquée du sceau de la générosité. Beartooth a prouvé ce soir que ses compositions plus pop ne diminuent en rien son impact scénique. L’accueil du public français leur a très certainement donné envie de s’aventurer à nouveau hors de leur tanière pour fouler les terres hexagonales. Une envie absolument réciproque !

Beartooth Setlist Le Bataclan, Paris, France, UK+EUR Tour 2024

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