Le groupe mené par Zach Condon a mis fin à trois années passées loin des scènes avec “Gallipoli”, son cinquième album sorti en février dernier. Pour l’occasion, le Grand Rex affichait complet de chez complet.
On retrouve en première partie HELADO NEGRO. Derrière ce nom se cache l’Américain d’origine équatorienne Roberto Carlos Lange. Deux musiciens l’accompagnent sur scène aux saxophones et claviers. Le chanteur guitariste joue une pop expérimentale assez fouillée, et présente notamment son dernier disque “This Is How You Smile”. Avec son set, il instaure une ambiance de tranquillité, préparant à point le terrain pour la suite.
Quel meilleur cadre que le Grand Rex pour accueillir Zach Condon et sa troupe ? Avant même que BEIRUT n’entre sur scène, on frissonne en imaginant la musique éclatante des Américains résonner dans la salle majestueuse. Peu avant 21h, les six musiciens rejoignent leur emplacement qu’ils ne quitteront que rarement d’un pas. Tirés du nouvel album, “When I Die” et “Varieties Of Exile” ouvrent le set qui revisitera toute la discographie. Toutes récentes, les chansons de “Gallipoli” n’en sont pas moins dénuées de l’ambiance mélancolique et de ces sonorités familières qui caractérisent la formation. Pas de dépaysement donc. Plutôt une entrée en matière tout à fait réussie.
Zach Condon est un frontman timide et un peu gauche lorsqu’il s’agit de parler entre les morceaux, mais touchant quand il s’exprime dans un français quasi impeccable. Il est parfaitement au courant que sa musique invite à la rêverie. D’ailleurs, il préfère nous prévenir du risque de s’endormir dans les confortables sièges du Grand Rex. S’il y a bien une chose qui peut menacer les concerts de Beirut, c’est de sombrer dans la monotonie. L’interprétation des morceaux est (trop) fidèle à leur version enregistrée. Tout s’enchaîne dans un flot sonore continu sans grande interaction de la part d’un groupe assez statique. Pourtant, les musiciens parviennent à ne pas perdre tout le monde. L’enthousiasme du public entre chaque titre en témoigne largement.
Il n’y a rien d’étonnant à cela. Car en plus d’être de parfaites illustrations du sentiment de nostalgie mis en musique, les compositions de Condon sont truffées d’harmonies vocales et instrumentales riches et de mélodies simples et attachantes que vient souligner sa voix grave et pure. Les fréquentes envolées de cuivres finissent toujours par rappeler au spectateur pourquoi il s’est déplacé. Les classiques que sont “The Rip Ride” et “Santa Fe”, ou encore le final de “Family Curse” le prouvent bien. Dans le noir, les têtes remuent doucement au rythme de la musique. Les sourires présents sur bien des visages se dessinent selon les souvenirs que font remonter “Postcards From Italy”, “Elephant Gun”, sans compter “Nantes”.
La soirée est déjà bien remplie. Mais le généreux rappel vient en rajouter une couche. Condon revient d’abord seul sur scène avec le claviériste multi-tâche Aaron Arntz pour “Un Dernier Verre (Pour La Route)”. Enfin, le groupe se retrouve rapidement au complet pour un final tout en mélancolie et solennité, avec “We Never Lived Here” et “The Gulag Orkestar”.
S’il manquait parfois d’intensité entre des moments d’éclats particulièrement prenants, ce concert restera sûrement un beau souvenir pour les fans présents. Il est encore temps de continuer le voyage ou de le rejoindre. Rendez-vous sur plusieurs festivals d’été et en salle le 8 octobre à la Salle Pleyel !