Sept ans que Ben Harper n’avait pas joué avec The Innocent Criminals. Dans le cadre de leur tournée mondiale “Call It What It Is “(du nom de leur troisième et dernier album ensemble sorti en 2016), le groupe était de passage à Paris vendredi dernier. Retour sur un superbe concert, dense et intense.
À 20h, THE JACK MOVES investit la scène. C’est leur premier show à Paris. Pour l’occasion, le duo composé de Zee Desmondes et Teddy Powell, est accompagné de deux autres musiciens. Ces natifs du New Jersey enchaînent les morceaux le plus souvent soul mais aussi tirant vers le jazz, le hip hop, le rock ou encore le R’n’B. L’assemblée clairsemée et les gradins quasi-vides ne sont guère réceptifs à la musique du quatuor. Il faut dire que si l’ensemble est de qualité et les artistes volontaires, ce n’est pas très original et on s’ennuie même un peu. Pourtant le chanteur donne de sa jolie voix et le groupe est enthousiaste et communique bien. A 20h30, The Jack Moves se retire sous les applaudissements polis du public.
Il faudra ensuite attendre près de cinquante minutes pour que le Californien et sa troupe ne commencent leur set. Pendant ce temps, l’immense salle se remplit jusqu’à être noire de monde et les premiers rangs trépignent. Ces derniers ont aussi tout le loisir d’observer le décor scénique : le backdrop représente une immense cible, tirée de l’artwork de “Speak Out-A Bluegrass Tribute” (2005), une chouette en bois trône sur un petit meuble et un tissu coloré à motifs pend négligemment le long du clavier.
Lorsque The Innocent Criminals entre enfin en scène, suivi de Ben Harper, coiffé d’un chapeau beige dont il prendra grand soin tout le long du set, le public les acclame longuement. En ouvrant avec “Oppression”, issue de “Fight For Your Mind” (1995), BEN HARPER & THE INNOCENT CRIMINALS ravit un auditoire qui sera heureux de le voir alterner chansons personnelles et chansons composées avec TIC, variant les genres, de la soul au blues en passant par le rock et la folk, sans oublier le reggae. À noter, la performance de Leon Mobley, le percussionniste, qui montre sa maîtrise, sa spontanéité et sa bonne humeur, notamment sur la plus reggae, “Finding Our Way”. Mais aussi lors d’un trio avec Juan Nelson, le bassiste, et Michael Ward, le guitariste, sur “Don’t Take That Attitude To Your Grave”. Ou encore lors d’un solo au devant de la scène sur “Burn One Down”. De son côté, Michael Ward semble quelque peu absent et le claviériste, Jason Yates, avec son allure de vieux pirate, reste discret. Celui que l’on remarque, c’est surtout Juan Nelson, qui impressionne par sa technique et sa capacité à suivre Ben Harper dans ses longues improvisations. Sur “Fight For Your Mind/Them Changes”, il sera encouragé par une foule fascinée lors d’un long passage instrumental en duo avec Ben Harper. Il en plaisantera même en déclarant : “Je ne peux pas le suivre !”. Les deux complices terminent le morceau en se montrant du doigt comme pour nous dire “C’est lui le meilleur !”.
Ben Harper communique tout le long du set avec ses musiciens tout comme avec l’audience qu’il remercie à maintes reprises, parfois la main sur le coeur, submergé d’une émotion sincère. Il tend aussi le micro vers la foule pour la faire chanter sur “Finding Our Way”, la fait taper des mains en rythme ou lever les deux mains sur “With My Own Two Hands”. Sous les lumières de l’AccorHotels Arena rallumées pour l’occasion, tout le monde s’exécute, des premiers rangs aux derniers gradins du fond de la salle, pour ce long moment de communion.
Outre une technique remarquable, notamment sur les nombreux morceaux où il utilise la technique du slide (assis sur une chaise, la guitare à plat sur les genoux, il se munit d’une slide bar pour obtenir de subtiles variations), Ben Harper impressionne par sa voix magnifique et une interprétation a capella et sans micro d’une partie de “Morning Yearning” cloue le public sur place. La performance est impressionnante et l’assemblée l’écoute religieusement avant d’applaudir longuement.
Ben Harper rappellera aussi The Jack Moves sur scène pour interpréter “Under Pressure” en hommage à David Bowie avant de terminer ces deux riches heures de concert par un solo acoustique sur “Waiting On An Angel”. Seul sur scène avec sa guitare, au plus prêt des spectateurs ébahis, Ben Harper conclut avec intensité une prestation remarquable.
Les mots manquent pour décrire l’ambiance de ce concert. Ben Harper & The Innocent Criminals ont tout simplement livré un concert sublime.
Setlist:
Oppression
Diamonds On The Inside
In The Colors
Don’t Take That Attitude To Your Grave
Finding Our Way
Shine
Morning Yearning
Roses From My Friends
Fight For Your Mind / Them Changes
Call It What It Is
Faded
Excuse Me Mr.
How Dark Is Gone
—-
Burn One Down
Where Could I Go
Steal My Kisses
Under Pressure
With My Own Two Hands
—-
Waiting On An Angel