Bernard Minet ne débarque pas dans le monde du metal avec son Bernard Minet Metal Band. En effet, une dizaine de dates avec les Colmariens des Cowboys De L’Enfer l’avait emmené sur la Terre des guitares saturées entre 2004 et 2005. Peu viable économiquement à l’époque, les vingt ans de la fin du “Club Dorothée” en 2017 allaient relancer le projet.
The Roadies Of The D : un tribute band tout en justesse
Les Montpelliérains THE ROADIES OF THE D débutent leur set sur les marches d’accès à la mezzanine du Nouveau Casino accompagnés de leurs guitares acoustiques, fendant la foule pour se retrouver en son centre en interprétant “Flash”. C’est ensuite sur scène que les deux compères s’installent face à leur micro pour enchainer tout naturellement sur “Wonderboy” repris par le public. Claquettes-chaussettes pour l’un, T-shirt à l’effigie d’une tête de tigre pour l’autre. Le décor est planté.
Tout d’abord le chanteur Carlos Jeldes s’approprie aisément la tessiture de Jack Black avec le bon goût d’éviter le vulgaire pastiche. Ensuite son partenaire Antoine Pelle assure les parties solo et les harmonies de voix avec brio.
Un petit tour par une courte reprise du “Ace Of Spades” des papas de Motörhead et la setlist enchaine sur l’excellent “Roadie” puis “Fuck Her Gently”.
La soirée se poursuit par un inattendu “Chop Suey” de System Of A Down dont la salle reprend l’emblématique refrain. Le classique “Tribute” clôture enfin cette première partie.
Ainsi un groupe de reprise montre tout son talent. Sachant rendre hommage à son modèle par l’adoption de ses mimiques, sa sensibilité propre et une indéniable qualité d’interprétation !
Moitié homme, moitié héros
21h. Le noir se fait. Des raies de lumières balayent la salle. En fond sonore, des extraits de refrains des dessins animés noyés dans la reverb’. La mise en scène est de rigueur permettant ainsi l’entrée des musiciens.
Le premier contact avec la formation cannoise Heart Attack est positivement surprenante. Le son est propre, plutôt massif. Batterie présente et bas mediums des guitares nous rappellent que les gars sont clairement issus du metal moderne.
La foule est surexcitée. BERNARD MINET apparait souriant, sous les hourras. Tout de noir vêtu. Pantalon simili cuir, perfecto, T-shirt “Dragon Ball Z” sur le dos. Parfaite entrée en matière qui démarre par les premiers mots de celui ci : “Je vous aime” suivi de “Le Retour De Goldorak (Goldorak Go)”.
S’ensuit “Silver Hawks” dont les arrangements se rapprochent du hard rock de Scorpions, puis par le premier gros tube de la soirée, “Bioman”. Il est plaisant de voir Bernard Minet s’amuser des propres clichés à son encontre. En effet, il prend soin de chanter avec le public le générique caricaturé par les Inconnus dans les années 90.
Le chanteur est très communicatif. Il introduit tous les morceaux par des anecdotes, prenant le temps d’aller vers les gens et de les saluer. Continuant à dérouler les tubes, “Les Samouraïs De L’Eternel”, “Le Collège Fou Fou Fou”, “Ranma 1/2” et “Jeanne Et Serge” aux riffs très punk californien.
Les musiciens de Heart Attack apportent une indéniable énergie au Bernard Minet Metal Band. Là où l’album souffre parfois d’une production un peu plate et très digitale, la formation apporte un feeling bien plus metal. La façon de jouer certaines parties plus au fond du temps ou l’utilisation de sing alongs propre au hardcore donnent du mordant.
Nostalgie lumineuse
La salle devient rapidement un karaoké géant. Néanmoins, Bernard Minet ne se cantonne pas à ses chansons. Il reprend également “Denver Le Dernier Dinosaure” chanté à l’origine par Bernard Lorne. Mais sans la Flying V rose du dinosaure.
On apprend également la présence dans la salle de Jean-Paul Cesari, l’interprète du générique de “Nicky Larson”. Les arrangements musicaux avec ces triolets calés sur la double pédale de la batterie en feraient presque un titre death si la voix était hurlée. Tout comme “Ken Le Survivant” donnant lieu à un…wall of death réclamé par le maître de cérémonie ! Assurément les morceaux les plus réussis et les plus metal de la setlist.
Avant d’être chanteur, notre Nordiste fut premier prix de percussions en 1974 au Conservatoire National. C’est donc tout naturellement qu’il s’installe seul derrière la batterie. Manquant, de son aveu, de pratique, les -feels- sont encore bien là et la courte démonstration force le respect. Introduisant le titre suivant et le groupe dont il a fait partie avec plus de cinquante Bercy au compteur : Les Musclés. Un instant pour faire un court hommage à ses amis disparus, René, Framboisier, Corbier et Ariane. “La Fête Au Village” et son joyeux bordel. Simon, un membre des Costauds, groupe de reprise originaire de Montréal, connu du chanteur et faisant le yodel avec la précision d’un horloger suisse, le sol en tremble !
Passage en revue des deux génériques des “Chevaliers Du Zodiaque” puis final sur l’inexorable “Capitaine Flam”.
Il est communément admis que l’on brûle à l’adolescence ce que l’on a aimé à l’enfance. Ce soir, le public âgé de vingt à soixante ans, aura prouvé le contraire. Faisant du vent nostalgique une parenthèse positive. La sincérité de Bernard Minet ne fait pas de doute. Très heureux d’être là, sachant créer la connexion avec les gens et dont l’affection est réciproque.
La salle se vide dans la bonne humeur. Les sourires radieux et les refrains continuent à être fredonnés contrastant avec la morosité actuelle.
Souhaitons au Bernard Minet Metal Band de réussir là où Henri Dès a mis les pieds, dans un royaume où Ultra Vomit est roi. Enfin, pour paraphraser “Conan L’Aventurier” : “Bernard l’aventurier, héros magique du temps passé. Bernard l’aventurier, chevalier de l’éternité !”