En guise d’échauffement avant l’excellent festival, Ready For Prog Festival, qui débutera le 11 octobre et s’étalera sur deux jours (faisant venir Threshold et Pain Of Salvation par exemple, après les Sons Of Apollo l’an dernier), l’organisation du festival précité a eu la bonne idée de faire venir les Américains de Between The Buried And Me pour un double set au Connexion Live. Si le site est entre le bar et la salle de concert, il permet néanmoins de profiter d’une proximité parfaite.
Les Mexicains d’ANIMA TEMPO investissent la scène à 19h et vont pendant une quarantaine de minutes nous faire bien headbanguer avec un metal progressif alternant voix claire et growl, plutôt efficace. Il ne faut pas se fier à leurs regards joyeux et leurs sourires que l’on pourrait interpréter comme une joie de débutants, le groupe à dix ans d’existence. Gian Granados (chant/guitare) nous informe que s’agissant de la dernière date de la tournée en ce qui les concerne, il s’attend à une grosse fête de la part du public. Et ça fonctionne. Si Pavel Vanegas (basse) semble un peu timide, Antonio Guerrero communie souvent avec l’assemblée derrière ses fûts. Les synthés étant sur bandes, les musiciens n’ont pas vraiment droit à l’erreur, mais “Primal Symmetry” ou encore l’instrumental “Behind The Gates Of A New-Come” font mouche. Une bonne surprise et un très bon moment.
Comme prévu, le quintette originaire de la Caroline du Nord arrive à 21h, pour un premier set d’une heure suivi d’une pause de quinze minutes, puis un second set de soixante-quinze minutes, soit deux heures quinze minutes de BETWEEN THE BURIED AND ME ! Il faut souligner que malheureusement ce n’est pas la foule des grands soirs au Connexion (dimanche oblige ?) même si l’impression de se retrouver entre “connaisseurs” peut être agréable.
Round I
Si le groupe est censé défendre les deux albums sortis l’an dernier (“Automata I” (2018) – seul album non représenté dans la setlist et “Automata II” (2018)), il a surtout décidé de piocher dans toute sa discographie. L’enchaînement des titres parfois sans pause distincte, doublé du fait que le charismatique frontman Tommy Rogers (chant/claviers) communique peu, donne à l’ensemble une véritable sensation de voyage sonore continuel. La chanteur prendra d’ailleurs la parole pour la première fois en introduisant l’agressif “More Of Myself To Kill”, “un morceau old school qui est d’ailleurs le premier titre de notre premier album !” (l’album éponyme sorti en 2002). On est d’emblée subjuguée par la finesse du jeu des musiciens, que ce soit Blake Richardson à la batterie, Paul Wagonner à la guitare (et chœurs), ou encore l’extraordinaire Dan Briggs (basse/claviers), discret sur son petit côté de scène, mais au talent fou.
Après le tube très “museéen” “The Coma Machine”, Tommy nous régale de sa voix claire pour “Mordecai”. D’ailleurs, à l’instar d’un certain Mikael Akerfeldt (Opeth), sa facilité à alterner le growl et la voix claire est bluffante. Le petit bijou mélodique “The Mirrors” prouve qu’ils maîtrisent également les ambiances et le groove, alors que le frénétique “Obfuscation” sanctionne la fin du premier set. On remarquera d’ailleurs que sur l’ensemble de la setlist, il y a majoritairement des enchaînements de deux titres d’un même disque.
Round II
Profitant de la pause où beaucoup vont se désaltérer ou fumer, nous nous approchons jusqu’au devant de scène (où le son est bizarrement meilleur). Bon choix car si le premier set était très bon, le second est complètement furieux et chaotique dans une fosse complètement dedans. Dès 21h20 Tommy nous demande si on en veut encore, et nous sommes alors pris à la gorge par le menaçant “The Black Box”, suivant de “Telos” (lui aussi de “The Parallax II” (2012)) représentant exactement BTBAM. Grandiose.
Mais ça ne s’arrête pas là, après le délirant et presque marrant” Bloom” (qui ne s’est pas déhanché ?), le combo balance une trilogie du nouvel album “Automata II” : “The Proverbial Bellow”, “Glide” et son accordéon au rythme valseur et l’apocalyptique “Voice Of Trespass”. Que dire ? Très attendues, les nouvelles compositions sont énormes en live, et dès les premières notes de “Voice Of Trespass”, la fosse explose. Il est évidemment difficile de résister à ce rythme, cette ambiance parfois jazzy (les parties en walking bass sont superbes et entêtantes), ces cuivres rajoutés et ce “riff” de batterie en double basse signature déposée par Alex Van Halen (cf “Hot For Teacher”) sur les passages rapides. Un pur chef d’œuvre que cette nouvelle compo.
Les musiciens quittent alors tous la scène excepté Blake, qui s’en amuse et balance un mini solo de batterie en attendant que ses compères reviennent pour le rappel. Tommy en profite pour présenter une partie des musiciens tout en demandant au public d’applaudir chaleureusement Anima Tempo, dont les membres sont justes au-dessus de nous, à l’étage. Et pendant que nous constatons que le second guitariste Dustie Waring –situé juste en face de nous– n’a toujours pas décroché un sourire de la soirée, les notes synthétiques de l’intro de “Selkies : The Endless Obsession” retentissent, titre annoncé par le frontman. Ah, le passage à 2’30 très “Stronger Than All” réminiscent de Pantera fait des ravages. La seconde partie planante et magnifique du titre nous fait voyager dans d’autres cieux.
L’intimiste “Viridian” nous accorde une pause bien méritée. De toute beauté, il met en valeur le talent incroyable de Dan Briggs à la basse. Nous sommes achevés avec l’épique “White Walls”.
Merci à l’organisation de l’événement d’avoir fait venir ce groupe au talent incroyable qui ferait passer les nouveaux Dream Theater pour Evanescence. Du talent, de la technique, mais également une ambiance et une véritable sensibilité.
2 commentaires
Comments are closed.
Merci d’avoir rédigé cet article qui m’a permis, l’espace d’un instant, de me replonger entièrement dans cette superbe soirée !
Merci beaucoup pour votre commentaire. Effectivement, c’était une bonne soirée, les absents ont définitivement eu tort.