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BIRDY @ Le Trianon (14/04/23)

Cela faisait six longues années que Birdy n’était pas partie en tournée. Une éternité à l’échelle de la carrière de la Britannique, qui n’avait pas encore eu l’occasion de présenter sur scène son album Young Heart, paru en 2021. Autant dire que ses fans attendaient de pied ferme cette date, une première fois reportée dans le cadre de la pandémie. C’est dans ce contexte que le Trianon accueillait ces retrouvailles, célébrées à guichet fermé.

Alexia Gredy, désarmante de délicatesse

Si les fans sont impatients, il faut croire qu’ils ne sont pas les seuls à vouloir rattraper le temps perdu. Pas une minute à perdre, ALEXIA GREDY arrive à 20h pétante pour présenter les titres de son premier album, Hors Saison (2022). La jeune Française a beau chanter “il n’y a plus rien d’élégant” sur “Vertigo”, c’est tout le contraire qui se produit sous nos yeux. Avec une voix rappelant Mylène Farmer, l’artiste déroule une prestation qui attendrira l’audience. Celle qui affirme “écrire des chansons pour se cacher derrière” confesse être un peu intimidée, “mais c’est bien normal, non ?“. Chaque fin de chanson est l’occasion de le mesurer, ses mains jointes sous son piano se couplent à un regard semblant attendre le verdict des spectateurs. Ces derniers lui renouvelleront leur approbation constante, en dépit d’un style pourtant différent de la tête d’affiche du jour.

Il se dégage une sensation presque cinématographie, option film d’auteur, de cette demi-heure. On imagine totalement ce mélange de chant et murmure délicat s’insérer dans un film de la Nouvelle Vague, à l’image du single “Un Peu Plus Souvent”. C’est donc presque logiquement qu’elle interprétera la B.O. du film Diabolo Menthe (1977). Dotée d’une plume inspirée, multipliant les formules élégantes, la jeune femme nous quitte sur l’entêtante “Beau Masque”. Le contrat est donc rempli, avec cette prestation intimiste entourée d’un charme fou.

Birdy, reprise(s) en douceur

Alors que la sono projette les notes du dansant “Chaise Longue” de Wet Leg, les acclamations s’élevant du public sont l’occasion de mesurer l’attente entourant cette date. Les vivas redoublent de puissance lorsque retentissent les violons annonçant le tout dernier single, “Raincatchers”. BIRDY fait alors son apparition, donnant l’occasion de découvrir son nouvel univers visuel. La jeune femme affiche un style plus affirmé que par le passé, arborant une tenue très 80’s, généreusement accompagnée d’un fard à paupière violet. L’artiste prend aussitôt possession de l’avant-scène pour se consacrer entièrement à son chant, laissant ses quatre musiciens assurer seuls l’accompagnement. De quoi briser l’image d’Épinal d’une jeune femme avec son piano ? Absolument pas, cette absence d’instrument fera figure d’anomalie dans un set la faisant passer, tour à tour, de la guitare au piano. Cette première plongée dans le futur disque séduit aussitôt le public, entrainé par une batterie martiale conférant une belle intensité au morceau. A noter que ce titre est pressenti pour représenter la Grande-Bretagne lors du prochain Eurovision. Réponse dans quelques semaines.

La perspective du nouvel album nous ferait presque oublier que les chansons du dernier album, Young Heart (2021), n’ont jamais été transposées en live. Cette première partie du set est ainsi l’occasion de donner vie aux ballades “Voyager”, “Young Heart” ou encore “Surrender”, permettant à l’artiste de rejoindre son poste de prédilection : le piano. Bien que disposant désormais d’une solide discographie, la jeune femme n’oublie pas d’interpréter les reprises qui l’ont fait connaitre. Après la délicate “1901” des Frenchies de Phoenix, l’entame est marquée par sa célèbre revisite de “People Help The People”. Baignant dans un halo de lumière, de nombreux téléphones s’élèveront pour immortaliser un superbe moment aux allures sépulcrales. De même, “Young Blood” de The Naked and Famous, permettra de varier l’intensité, en écho de la puissance dégagée sur “Loneliness”.

Une ambiance paradoxale

Au fur et à mesure que les morceaux s’enchainent, il se dégage un véritable paradoxe de cette prestation. La jeune femme semble sincèrement reconnaissante des acclamations ponctuant la fin des morceaux, qu’elle accueille tout sourire. Elle n’oubliera pas non plus de remercier son public pour la patience liée au report de cette date. Pourtant, on ne peut que déplorer le manque d’interaction, empêchant l’ambiance d’atteindre tout son potentiel. On pouvait en effet s’attendre à ce que la multiplication des ballades soit propice à une communion entre l’artiste et son public. Malheureusement, à aucun moment le Trianon ne scandera les paroles, même sur les titres les plus connus. Un vrai regret au regard de la qualité de la prestation. Parmi les moments de grâce de ce concert, comment ne pas citer “Not About Angels” écrit pour le film Nos Etoiles Contraires ? Débutant et s’achevant sur un piano voix, l’artiste atteint des notes assez incroyables au service d’une émotion partagée par un millier d’âme. Magique ! Le très attendu “Skinny Love” mettra lui aussi tout le monde d’accord, avec une sensibilité toujours présente des années après sa réalisation.


Pourtant, au fil du concert, l’assemblée allumera spontanément les flashs de smartphone sur “Quietly Yours”, ou offrira une ovation colossale à l’issue de la reprise de Rhodes, “Let It All Go”.  Après avoir longtemps cherché la bonne allumette, l’étincelle proviendra du brusque tournant opéré au détour du titre “Silhouette”. Alors que l’assistance profitait de l’un des meilleurs titres du répertoire, la batterie s’emballe, faisant basculer le morceau vers “Running Up That Hill”. Birdy incite alors l’audience à frapper dans ses mains, qui s’exécute avec joie. A noter que la jeune femme jouait déjà ce morceau avant la hype Stranger Things, on ne pourra donc pas l’accuser d’opportunisme.

Un final magistral

Bien que cette date fût initialement prévue pour promouvoir son dernier album, Young Heart, la sortie prochaine de PORTRAITS lui volera finalement la vedette, avec pas moins de cinq titres dévoilés ce soir. Alors que “Ruins” se révélera assez brouillon dans son exécution, le rythmé “Automatic” nous convaincra davantage, faisant se déhancher le public. Birdy nous gratifiera également de “Heartbreaker”, le prochain single dont le clip sera dévoilé vendredi. Ces nouveautés se révéleront beaucoup plus pop que ses productions précédentes, de quoi confirmer que le changement de cap visuel est également sonore. “Keeping Your Head Up” poursuit dans cette même énergie, l’auditoire joignant le geste aux paroles avec enthousiasme jusqu’à ce que la formation ne s’éclipse.

Déterminée à ne pas laisser retomber l’ambiance, l’assemblée applaudira à tout rompre pendant le rappel, pour le plus grand plaisir de la star du jour. Son retour sur scène est l’occasion de dévoiler un ultime extrait du futur disque : “si vous avez perdu quelqu’un cette chanson est pour vous. Et force est de constater que la jeune femme a gardé le meilleur pour la fin. Le piano-voix “Your Arms” s’avère être d’une beauté à couper le souffle. Il nous tarde de poser les oreilles sur la version studio afin de confirmer cette première (très) belle impression. A peine le temps de s’en remettre qu’il est déjà l’heure de se quitter, sur l’emblématique “Wings”, qui se charge de tout emporter. La jeune femme et son groupe regagnent alors les backstages, tout sourire, non sans avoir savouré une dernière fois ce retour aux affaires, prenant le temps de saluer le public.

Malgré la frustration de ne pas avoir pu profiter d’une osmose plus vocale, la prestation délivrée ce soir laisse présager du meilleur pour la suite. Birdy n’a rien perdu de son talent et nous donne rendez-vous le 14 juillet prochain pour sa nouvelle livraison, aux allures plus pop.

Birdy Setlist Le Trianon, Paris, France 2023