C’est dans le contexte intimiste du Klub que les jeunes Black Butterfly ont présenté leur premier EP “Ignition”. A l’occasion de cette release party, IdioSynCrazy et The Distance ont également foulé la scène de la deuxième salle de l’établissement parisien. D’un punk rock californien énergique au pop rock le plus onirique, en passant par des riffs bluesy et des tempos jazzy, ces trois formations françaises aux identités affirmées ont dévoilé avec efficacité un large panel de styles, à un public déjà conquis.
Ce sont les IdioSynCrazy qui ont la responsabilité d’ouvrir la soirée. Délivrant un pop punk californien accessible, les ISC paraissent décidés à nous en mettre plein la vue. L’espace paraît un peu trop exigu pour Seb, le chanteur survolté, mais qu’importe : ISC sont dans la place. Et ils ont la dalle. Malheureusement, leurs compositions reflètent cette hâte. Souvent, les morceaux prennent fin au moment où ils montent en intensité. Ainsi, quand Seb explose et ordonne : “Briiiing meeee the fuckiiiing dinner”, nous restons sur notre faim. La balade “Watching Myself” marque une pause romantique. L’enthousiaste quintette cède la scène après avoir interprété” Tomorrow I’ll Be Dead”, et tenté de mobiliser comme il se doit des spectateurs peu concentrés sur le concert.
Jouant un rock bien plus old school et chargé d’une forte quantité de testostérone, The Distance s’installent et interprètent des morceaux complexes, attestant d’une certaine maturité, à l’instar du chaotique “Spin The Black Circle”. Les quatre larrons jouent avec passion les titres de leur premier album sorti en avril. Décomplexés et dotés d’un bon sens de la communication (“En tous cas ça fait plaisir d’être là ce soir. Il fait chaud, on a envie de se mettre à poil…”), ils sont également capables de surprendre et d’impressionner. En témoigne leur excellente reprise de “In Bloom” de Nirvana, qui achève d’attirer les spectateurs affalés sur les canapés et de tirer les autres de leur torpeur alcoolisée.
Après ces deux sets musclés, la musique de Black Butterfly conclut en douceur cette soirée rock. Alors que leur batteur est blessé à l’avant-bras, le groupe introduit le set avec la version rock de “Fading”, captivant l’attention de l’auditoire bien ambiancé par les deux groupes précédents. Après avoir délivré trois morceaux dont “If Only I”, Vincent, le chanteur, nous annonce que la suite sera exceptionnellement jouée en acoustique. Mis à part les surprenantes compositions jazzy de Black Butterfly, cette session acoustique est ponctuée par la justesse des reprises de “Simple Man” de Lynrd Skynrd et, bien évidemment, de “Pardon Me” d’Incubus, référence assez évidente du groupe. Envoûté par l’alchimie des musiciens, le public accompagne le chant habité de Vincent, jusqu’à reprendre par coeur le fédérateur “Lonely People”, titre phare du groupe et dernière chanson jouée ce soir-là. C’est sur cette note mélodieuse et positive que se clôt cette série de concerts.
Malgré un public restreint et probablement peu enclin à faire la fête en ce dimanche soir, cette succession de lives résonne comme une agréable rencontre avec des groupes aux potentiels bien distincts. Si nous n’avons pas été complètement convaincus par l’ensemble des forces en action, l’énergie, la motivation, voire l’expérience dont les musiciens ont pu faire preuve promettent des lendemains plus qu’intéressants. A suivre.