En réponse à une fin de semaine ensoleillée et lourde, annonçant sans aucun doute l’arrivée des beaux jours et des longues journées d’été, c’est non sans plaisir que l’on se retrouve ce vendredi 20 avril dans l’enceinte fraîche du théâtre des Etoiles, pour découvrir sur scène l’une des dernières formations rock anglaises ayant le vent en poupe. Présent en France pour défendre l’intéressant disque “Reiði”, Black Foxxes clôture surtout à Paris sa tournée de dix-sept dates, qui lui aura permis de faire grandir son nom et de voler de ses propres ailes le temps de celle-ci.
Sur les coups de 20h, le quatuor anglais BLOODY KNEES s’introduit sans timidité au public cosmopolite du soir. Principale ouverture de la tournée anglaise et européenne, la formation britannique, qui a vécu le pire durant cette tournée après le vol de l’intégralité de son matériel, propose un set confiant, fort (en termes de volume) et impassible, quitte à parfois paraître nonchalant sur scène. S’il faut du temps pour rentrer pleinement dans l’univers des Anglais, leur fin de set indie garage nous laissera quelques bons souvenirs (notamment la performance de “Not Done”), même si peu d’éléments marquera notre mémoire.
Après quelques effets visuels non désirés, BLACK FOXXES débarque finalement sur scène, face à une foule certes loin d’être serrée mais dont l’impatience se fait ressentir. Trio non connu comme étant le plus communicatif vis-à-vis de son auditoire, celui-ci commence sans prévenir son set avec l’intense “Breathe”, également ouverture de son nouvel album “Reiði” fraîchement sorti chez Spinefarm Records/Caroline. Si les hochements de tête répondent présents avec plus ou moins de retenue, du côté des musiciens, l’ambiance est tout autre. Hyperactivité pour le chanteur guitariste Mark Holley qui n’hésite pas à donner du sien pour intensifier physiquement le set en secouant sa guitare, petits allers-retours pour le bassiste Tristan Jane ou encore jeu de bras pour le batteur Ant Thornton, tout finit par prendre de son sens dans cet ensemble d’émotions bien précis. Et même si la voix d’Holley sonne fatiguée sur certaines phases cleans, avec un vibrato tremblant symbolisant une fin de tournée difficile, l’efficacité des musiciens est d’actualité sur les plans technique et social. Une présence donc ambitieuse, plus flamboyante en lien qu’en CD mais loin d’être prétentieuse.
Au programme de cette première vraie date parisienne, on note une grande partie de nouveautés, pour une étiquette indie emo rock assumée : du fort “Manic In Me” – au refrain repris par le public – au plus explosif “JOY” (introduit par un “ce n’est pas certain qu’on y arrive” du chanteur et sur lequel il utilisera un megaphone) en passant par le très AK3 “Saela” ou le Turnover-friendly “The Big Wild”, le rythme se veut varié mais loin d’être plaintif, tant la formation laisse peu de place aux silences. Des phases donc plus rock teintées de morceaux fiévreux du premier disque “I’m Not Well”, dont la mélodie éponyme fera sensation dans le théâtre de par sa sincérité et son interprétation. Un mélange des genres, d’atmosphères et des périodes qui réussit bien à Black Foxxes en tant que tel mais malheureusement pas à la montre, affichant moins d’une heure de show pour un groupe ayant peu survolé son premier disque. Malgré un final empathique, dans la lignée de tout le concert, difficile donc d’être pleinement rassasié, de par ce sentiment égoïste d’en vouloir un peu plus.
Pour une première, Black Foxxes a sans conteste capturé toutes les étoiles présentes dans l’enceinte du théâtre, avec une honnêteté qui se fait rare aujourd’hui et une technique musicale impeccable. Attention cependant de ne pas se satisfaire du minimum et à continuer d’évoluer, comme la formation le fait déjà depuis quelques années.
Setlist :
Breathe
Maple Summer
I’m Not Well
Manic In Me
Saela
Oh, It Had To Be You
River
The Big Wild
Take Me Home
JOY
—-
Husk
Pines