Dix jours à peine après la sortie de son sixième album Alpha Games, Bloc Party était déjà de passage dans la capitale afin d’en faire la promotion. Le premier concert français de cette nouvelle tournée s’est joué dans la très belle Salle Pleyel. Un lieu prestigieux pour le quatuor indie rock dont la dernière venue datait de 2018 pour l’anniversaire de son cultissime premier disque Silent Alarm.
C’est PIP BLOM, groupe néerlandais venu tout droit d’Amsterdam, qui se charge de chauffer le public. Dans une fosse encore pour le moins clairsemée, le quatuor délivre un rock énergique et efficace. Pendant une demi-heure, la formation nous propose un set composé de chansons rock garage avec des riffs puissants. Grâce à sa voix mélodique, qui nous rappelle un peu celle de Regina Spektor, la chanteuse parvient à retenir l’attention d’une bonne partie de l’auditoire. La formation hollandaise est d’ailleurs chaleureusement applaudie avant de se retirer pour laisser la place aux stars de la soirée.
Un retour aux sources
A 21h pétantes, les lumières s’éteignent et BLOC PARTY fait son apparition, tout en sobriété, sous les hurlements du public parisien. Même si le concert n’affiche pas complet, les fans ne boudent pas leur plaisir de retrouver le groupe après quatre ans d’absence. D’autant que la Salle Pleyel n’a pas vraiment grand-chose à voir avec les scènes auxquelles la bande de Kele Okereke nous a habitués. Accueillant d’ordinaire des concerts symphoniques, le contraste avec la présence d’un groupe comme Bloc Party est assez saisissant. C’est avec “Day Drinker” et “Callum Is A Snake”, tous deux issus du dernier album, qu’ils démarrent le show. Au cours de cette soirée, l’accent sera particulièrement mis sur les titres de Alpha Games puisque neuf morceaux sur douze seront interprétés. Il faut dire que l’attente aura été longue pour découvrir le successeur de “Hymn” (2016), qui n’avait franchement pas vraiment marqué les esprits. C’est pourtant avec un grand enthousiasme que nous découvrons ces nouveaux morceaux en live, encore plus étant donné qu’ils représentent un véritable retour aux sources pour la formation anglaise.
En effet, après s’être légèrement perdu dans des sonorités électro, Bloc Party a décidé de renouer avec ce qui a fait son succès : de l’indie rock où les guitares électriques sont au centre des compositions. Même si l’audience apprécie, ce sont tout de même les anciennes chansons qui provoquent l’hystérie générale comme “Hunting For Witches”, “Song For Clay (Disappear Here)” et bien évidemment “Banquet”.
Sur la scène, majoritairement dans l’ombre mais éclairée grâce à des jeux de lumières vives et parfois aveuglantes, les musiciens occupent parfaitement le gigantesque espace qui leur est alloué et nous livrent une performance maîtrisée de A à Z. Avec son charisme naturel, Kele Okereke n’a aucun mal à mettre l’ambiance et ne cache pas son émotion d’être enfin de retour et de retrouver le public. Comme souvent dans les concerts de Bloc Party, on regrette peut-être le manque de communication entre les quatre membres mais cela n’est pas suffisant pour gâcher notre joie d’être là ce soir.
Les albums rock mis à l’honneur
Après à peine une heure, les musiciens quittent la scène avant de revenir pour un premier rappel au cours duquel sont joués le magnifique “This Modern Love” et “Biko”, titre qu’ils n’avaient pas interprété en live depuis 2009 et que l’on avait presque oublié ! On notera d’ailleurs l’absence totale des morceaux issus des albums Four (2012) et Hymns (2016). Ce soir, ce sont principalement Silent Alarm (2005), A Weekend In The City (2007) et évidemment Alpha Games qui sont mis en avant.
Pour le second rappel, nous avons le droit à la première interprétation live de “The Peace Offering”, chanson préférée de Kele de ce dernier album. Un moment planant, une mélodie extrêmement forte, avec un chant à la limite du parlé, avant une explosion offerte par Russell Lissack et sa guitare puissante. C’est sur “Flux” que la formation quitte la scène après 1h15 de show.
Malgré une prestation à la hauteur de nos attentes, on en aurait volontiers demandé plus. Le constat est quand même positif puisque Bloc Party a bel et bien renoué avec ses racines indie rock des débuts et confirme ainsi sa place de groupe rock incontestable depuis bientôt vingt ans.