Les plus fins observateurs musicaux savent que la Belgique est à prendre au sérieux. Cela fait des années, peu importe les styles, que nos voisins fournissent une chiée de bons artistes. Pourtant, l’arrogance française est presque surprise à chaque fois qu’un nouveau groupe vient remettre tout en question. C’est donc le cas de Brutus qui bénéficie, depuis deux ans et la sortie de son premier album, d’une hype grandissante dans nos contrées. Un Point Ephémère quasi-complet en atteste.
En ce lundi d’avril, une armée de corbeaux noirs envahit le XIXème arrondissement parisien. La présence du trio belge Brutus y est pour quelque chose. Peu de temps après la sortie du deuxième album, “Nest”, le groupe emmené par Stefanie revient donc en terres parisiennes.
Pour l’occasion, les Parisiens de DRAGUNOV ont l’insigne honneur d’ouvrir le show. Soirée des groupes réduits, c’est un duo instrumental guitare et batterie qui entre sur scène, masqué pour souligner son lien avec l’ex-URSS. Le groupe joue un post metal puissant et incisif. Bien que la formation ne tombe, heureusement, pas dans les clichés qui entachent la plupart des formations du même style, les compositions ne révolutionnent pas le genre pour autant. On sent des influences diverses et plutôt bien digérées. La performance, sans être excellente, a le mérite de ne pas détonner avec l’ambiance de la soirée. Le public semble plutôt réceptif et encourage les Parisiens tout au long du set. Après quarante-cinq minutes de musique, les deux comparses quittent la scène et peuvent être satisfaits de leur prestation.
Fire Started
L’attente entre les deux sets sera un peu longue, BRUTUS rencontrant des soucis d’électricité sur le plateau. Une fois les soucis résolus, Stéfanie prend place derrière son kit, accompagnée par Stijn et Peter. Le trio entame la sublime “Fire” pour lancer la soirée, les lignes de chant de Stéfanie sont reprises pas un auditoire décidément déjà bien plongé dans le dernier album du groupe.
La chanteuse/batteuse semble un peu grippée et les effets sur sa voix semblent être accentués pour compenser son manque de gouache du soir. Qu’importe, le trio enchaine les morceaux issus des deux albums. Si l’on pouvait s’attendre à un set d’une intensité folle liée à la musique dispensée par le trio sur disque, c’est surtout l’aspect mélancolique des chansons qui est mis en avant ce soir.
L’émotion de la voix et des guitares est bien retranscrite par un son assez bon. La basse manquant clairement de pêche, son duo avec la batterie épileptique n’est malheureusement pas aussi dévastateur qu’en studio. Les Belges ne prennent la parole que par l’intermédiaire de Stéfanie qui n’est pas des plus bavardes. On sent clairement que l’accent est mis sur la batteuse tant l’attitude scénique du reste du groupe est plutôt passive.
A War Is Coming
La setlist est plutôt équilibrée entre les deux albums de la formation. La sublime “War” est reprise à pleins poumons par l’audience, ce qui a le don d’émouvoir les musiciens visiblement.
Douze petites chansons et puis s’en va, Brutus n’aura joué que cinquante minutes ce soir mais aura démontré qu’il faudra définitivement compter sur ce trio à l’avenir. Sa musique si honnête et singulière mérite de murir encore quelques années pour vraiment atteindre son paroxysme et gommer les petites redondances parfois gênantes. Mais la formule est si originale et si viscérale qu’elle ne peut que tout détruire sur son passage.