Groupe incontournable de ces vingt dernières années, Bullet For My Valentine revient à Paris pour présenter son album éponyme, aux sonorités particulièrement heavy. Repoussé d’un an, ce dernier jour de “Dry January” sera donc l’occasion d’étancher sa soif de metal, avec un superbe plateau servi pour l’occasion.
Atreyu
Premier groupe à fouler les planches de l’Olympia, les ricains d’ATREYU prennent possession d’une scène dominée par leur imposant backdrop. Alors que le groupe a explosé au milieu des années 2000 en accompagnant Deftones et Linkin Park, il ne bénéficie pas en France d’une grande notoriété, malgré l’excellent album Lead Sails Paper Anchor (2007). C’est d’ailleurs l’efficace “Becoming The Bull”, issu de ce même disque, qui lance véritablement le show. Les connaisseurs remarqueront que l’ex-batteur Brandon Saller s’occupe désormais exclusivement du chant depuis le départ de l’ancien frontman. Très à l’aise dans ce nouveau rôle, Saller interagit beaucoup avec le public, allant même jusqu’à traverser la fosse pour chanter le très accrocheur “The Time Is Now”… et se faire offrir une bière ! La salle semble conquise, jouant les choristes sur “Save Us” ou répondant à l’invitation officielle d’ouvrir le premier circle pit de la soirée (“Ex’s And Oh’s”). On sent l’enthousiasme monter crescendo, au point d’atteindre le chaos total sur “Battle Drums”, où musiciens et spectateurs se déchainent de part et d’autre de la scène. La demi-heure file à toute vitesse, pour arriver à son terme sur une dernière passe d’arme entre guitaristes sur le classique “Blow”. Une excellente entrée en matière metalcore, proposée par un groupe généreux, qu’on espère revoir très vite sur un format plus long.
Jinjer
Plus connu dans nos contrées, JINJER revient pour tenter de confirmer la très bonne impression laissée au Hellfest. Si la formation bénéficie d’une hype folle sur la scène metal, force est de constater que la prestation du soir aura marqué une scission entre deux camps. Le premier quart de la salle se régale devant l’implacable mur de son délivré par la bande de Tatiana Shmayluk, drappée dans une combinaison fluo du plus bel effet. Le reste de l’auditoire semble respectueux de la maitrise vocale, mais plus circonspect devant une prestation assez monochrome. Passer l’effet de surprise du début (et notamment un morceau aux sonorités reggae), les titres semblent s’enchainer sans qu’on ne puisse identifier de variation notable. Les Ukrainiens souffrent de la comparaison avec Atreyu, plus fédérateurs. Moins portés sur la communication, ils ne manqueront toutefois pas de dédicacer leurs compositions à leur pays d’origine. Si le message porté est important, il n’est pas certain que la formation soit adaptée à un rôle de chauffeur de salle pour un groupe plus grand public.
Bullet For My Valentine
N’aurait-il pas été préférable d’inverser l’ordre des premières parties ? La sono interrompt nos réflexions, en diffusant l’indémodable “Chop Suey!” repris allégrement par toute la salle dans un beau moment de communion. On sent l’impatience des fans, venus en nombre sur ce concert annoncé sold out. Cette ferveur se libérera d’entrée, prenant la forme d’un énorme pogo dès les premières notes de “Knives”. Porté par les riffs d’un Padge en très grande forme, cette déflagration issue du dernier album Bullet For My Valentine (2021) s’avère être l’allumette parfaite pour lancer la soirée. Soucieux d’enfoncer le clou, le frontman Matt Tuck invite les derniers récalcitrants à sauter au son de “Over It”, transformant l’Olympia en trampoline géant.
Alors que le début du set est consacré aux morceaux des derniers disques, il est assez bluffant de constater à quel point le public est réactif sur les morceaux moins connus de la discographie. L’avant-dernière livraison, Gravity (2018), est à ce titre très bien reçu, après avoir pourtant divisé la critique par son coté très mainstream. La formation pioche dans tout son répertoire (non, Temper Temper (2013) n’a jamais existé…), mêlant intelligemment les compositions des différentes époques sans jamais faire tomber la tension.
Naturellement, les afficionados de la première heure seront aussi gâtés. Vingt ans après, personne n’a oublié les “4 Words (To Choke Upon)”, Matt prenant un malin plaisir de faire monter la sauce avant un break final dévastateur. La fosse est d’ores et déjà bouillante, et accueille comme il se doit “You Want A Battle? (Here’s A War)”. Ce morceau sera le seul représentant de Venom (2015), mais démontre, concert après concert, qu’il fait figure d’indispensable en live (quel refrain !).
Le groupe semble ravi de l’accueil réservé par ses fans, et décide de le leur rendre, en jouant le titre arrivé en tête du sondage sur les réseaux sociaux. Les Gallois entament ainsi “Hearts Burst Into Fire”, disparu depuis 2016, pour le plus grand plaisir du public parisien, qui accompagne le morceau jusqu’à l’imitation de son riff lancinant.
Les guitares, justement, ne sont pas oubliées, avec notamment le trio “The Last Fight” / “Scream Aim Fire” / “Suffocating Under Words Of Sorrow” aussi frénétique que jouissif. Mention spéciale à Padge, qui continue d’étaler sa technique avec une décontraction déconcertante.
You’ll never scream alone
Si l’alchimie entre les guitaristes est le socle du groupe depuis ses débuts, l’alternance des voix Matt Tuck / Jamie Mathias n’est pas en reste. Alors que certains leaders pourraient se perdre dans des batailles d’ego, on sent une réelle volonté chez Tuck de partager la lumière avec son co-vocaliste. Ce dernier impressionne par sa maitrise des screams et de son chant clair. La communion atteint son apogée sur “All These Things I Hate (Revolve Around Me)”, où le leader laissera le soin à son bassiste d’entamer seul la ballade phare du groupe. Seul, à une exception près : le public, qui continue de jouer constamment le rôle de véritable douzième troisième homme, magnifiant la performance. Les regards et sourires échangés en disent long sur la nostalgie parcourant l’assemblée, beaucoup retrouvant à cette occasion leur seize ans.
Magnanime, BFMV laisse son audience reprendre son souffle lors de quelques courtes pauses instrumentales. Ces respirations donnent l’occasion au public de mieux repartir sur un pogo massif (“Shatter”) ou de devancer les paroles d’un titre (“Don’t Need You”) pour le plus grand plaisir de la formation. Le travail sur les lumières est lui aussi colossal, chaque accélération s’accompagnant d’une avalanche de flashs lumineux qu’on ne saurait que trop déconseiller aux épileptiques.
Le rappel est mémorable : répondant en échos aux frappes du très bon Jason Bowld, la fosse bat à l’unisson sur l’indémodable “Your Betrayal”. Classique parmi les classiques, “Tears Don’t Fall” bénéficiera d’une ouverture calme de Matt en solo, avant d’être rejoint par tout le groupe. Frisson garanti ! Alors qu’on aurait pu en rester là, le quatuor nous offre une dernière détonation avec “Waking The Demon”, prétexte à un ultime circle pit, avant de se retirer.
Un final de choix auprès d’un parterre conquis ! Après une très belle performance lors du dernier Hellfest, Bullet For My Valentine a démontré ce soir qu’il disposait d’une discographie extrêmement solide et cohérente, où les tubes metalcore se marient avec les passages plus trash du dernier album. Pour le plus grand plaisir des spectateurs… et téléspectateurs, la formation annonçant que le concert a été capté par la chaîne Culturebox. Une très belle initiative pour vivre (ou revivre) ce nouveau triomphe !
4 commentaires
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Très bien résumé !
J’ai hâte de revivre ça !
Quand est ce que sera diffusé le live sur culture box?!
Merci à vous!!!
Je follow pour la rep 😉
Bonjour, pas de date annoncée jusqu’à présent, nous l’indiquerons quand nous aurons l’info (peut être pour la Saint Valentin ? 😉)