Les Anglais de Busted ont fait souffler un vent de nostalgie sur le Trabendo mardi soir, pour son tout premier concert parisien. Fort d’un nouvel album, le trio avait une mission : rattraper plus de quinze ans d’absence dans la capitale.
En 2003, quand les adolescents français avaient pour hymne “Dernière Danse” de Kyo, leurs homologues britanniques s’époumonaient sur “Air Hostess” de Busted. Si la power pop des trois Britanniques n’a jamais eu un impact aussi important en France qu’en Angleterre, il est presque impossible d’être passé à côté de “Year 3000” ou de “Crashed The Wedding”. Mais l’occasion de les voir sur scène dans l’Hexagone n’était jamais venue et la séparation du groupe en 2005 semblait avoir scellé l’affaire. Alors quand, à la suite de leur comeback inattendu en novembre 2015, ils ont annoncé que leur “Night Driver Tour” ferait un stop en France, leurs fans français ont sauté sur l’occasion. Loin des arènes habituelles de ses terres natales, Busted vit sa première expérience française en petit comité, dans un Trabendo pas tout à fait complet. Parmi les fans qui trépignent d’impatience, de nombreux étrangers ont saisi l’occasion de voir le groupe habitué aux grandes salles de plus près. Si on croise des T-shirts Rise Against et Red Hot Chili Peppers dans la foule, ce sont les tubes de Justin Bieber et de Sia qui résonnent dans la salle avant l’arrivée du groupe. Un grand écart à l’image de l’éclectisme du catalogue de la formation, qui après s’être imposée comme un porte drapeau du pop rock à guitares à l’anglaise, a pris avec son dernier album “Night Driver” un tournant électro pop.
C’est la carte du old school que Busted décide de jouer pour lancer son set. Charlie Simpson, Matt Willis et James Bourne attrapent leurs guitares aux côtés de leurs musiciens additionnels et, dès les premières notes de “Air Hostess”, une vague de nostalgie submerge le Trabendo. Après avoir attendu des années pour entendre ce tube en live, les fans peuvent enfin scander les paroles et ne s’en privent pas. Mais Busted est aussi là pour défendre son premier album post-réconciliation et remplacent les guitares par des synthés pour embrayer sur des morceaux beaucoup plus pop, comme “Thinking Of You” et ses accents The 1975 ou le très dansant “On What You’re On”. Sans déclencher la même euphorie que les vieux tubes, les nouveaux morceaux fonctionnent bien et Charlie Simpson, le chanteur principal, semble même plus à l’aise que sur les anciennes pistes. S’il possède incontestablement la meilleure technique vocale, celui qui est à l’origine de la séparation du groupe déroute par son attitude plutôt distante et impassible, en totale opposition avec celle de ses partenaires, bavards et exaltés. James Bourne, souriant et touchant, multiplie les mercis et ressort de ses souvenirs de cours de français “je déteste la bibliothèque”, tandis que l’ultra démonstratif Matt Willis, incarnation humaine de l’enthousiasme, sourit à s’en décrocher la mâchoire et donne l’impression d’headliner Bercy à la tête d’un groupe punk.
S’il est plutôt drôle et incongru de voir trois hommes trentenaires s’époumoner sur leur premiers émois amoureux et leurs années lycée, les vieux morceaux de Busted restent d’une efficacité redoutable. De “3am” et “Sleeping With The Light On” aux excitées “Crashed The Wedding” et “What I Got To School For”, les mélodies et les riffs sont contagieux, malgré une qualité de son déplorable. Mais les allers retour entre les anciens morceaux à guitare et les nouveaux, nourris aux synthés, sont assez déconcertants et les deux univers peinent à s’accorder. Busted parvient quand même à les faire coïncider grâce à son principal atout : ses ballades puissantes. L’enchaînement de “I Will Break Your Heart” et de “Meet You There”, toutes en harmonies, met particulièrement en valeur les voix des trois chanteurs et offre un moment de douceur au milieu de cette déferlante d’énergie. Mais comme l’énergie est ce qui définit le mieux Busted, les Anglais clôturent leur set d’1H15 sur le fédérateur nouveau single “Coming Home”, puis fait exploser le Trabendo sur l’incontournable “Year 3000”, repris à tue-tête par l’intégralité de l’audience.
Avec ses morceaux contagieux, son énergie inlassable et sa générosité débordante, Busted met fin avec succès à quinze ans d’attente pour ses fans français, même si le grand écart entre son pop rock old-school et son électro pop actuel est parfois scabreux.
Setlist :
Air Hostess
Thinking Of You
On What You’re On
Night Driver
Nerdy
Who’s David
I Will Break Your Heart
Meet You There
Crashed The Wedding
Sleeping With The Light On
New York
3am
What I Go To School For
Those Days Are Gone
—-
Coming Home
Year 3000