Mercredi dernier, les amateurs de deathcore avaient rendez-vous au Backstage By The Mill, pour une soirée placée sous le signe de l’inversion des rôles, et du décalage. On stage, au Backstage.
BORIS THE BLADE ouvre les réjouissances. Les garçons débutent sous tension, et font trembler les amplis dès les premières notes. Le chanteur lance des regards de défi à ce public qui s’agite à peine, avant de s’élancer plusieurs fois dans la fosse, à chercher ces spectateurs impassibles, et le feu pour ses musiciens restés sur scène. Au fil des morceaux et incitations, des signes de coupe-gorge qu’il mime à longueur de temps, les corps se débrident, se déhanchant, et les pieds décollent enfin du sol, les cheveux volent, conquis par la violence prenante des titres. Boris The Blade aura fait son effet, mais restera classique et pas forcément ce qu’il y a de plus efficace, tout en restant agréable à voir.
FALLUJAH quant à lui reste à sa place sur l’affiche, mais se trouve en décalage avec le reste de la soirée beaucoup plus extrême. Alors que l’adrénaline semble retomber, Fallujah nous offre un show beaucoup plus nuancé et mélodique que ses prédécesseurs. Trente minutes de riffs, de subtilité, devant une fosse sage, mais pas moins attentive. Fidèle à son nom, Fallujah sera à Paris aussi, ceux qui seront les moins touchés par la guerre et la violence.
WITHIN THE RUINS participent à la soirée en tant que troisième partie, après avoir assuré la tête d’affiche du Batofar en janvier dernier. Mais ici, dans une salle plus vaste, et autrement intimiste, les garçons doivent réchauffer l’atmosphere. Ce soir, ils ont le défi de relever les ruines d’une assemblée un peu molle, afin d’ériger leur royaume, celui qu’ils ont conquis il y a bientôt un an. A l’aide de leurs riffs inquisiteurs, les musiciens assurent une prestation parfaite musicalement, et seront les premiers à avoir le droit à des circle pits, et pogos. L’audience est réceptive, et le frontman veille à garder son armée alerte, l’incitant à montrer ses cornes, leur tape dans les mains, les félicite, les remercie. Within The Ruins a quelque chose de généreux, de délicat, tant musicalement qu’humainement, et cela tranche magnifiquement avec la violence qui émane d’une fosse qui partage des bousculades dans un bonheur commun. Within The Ruins restera donc les combattants qui font se dresser leurs hommes pour ériger des monuments à partir de ruines.
C’est au Cabaret Sauvage que nous avions fait face à la violence de la musique produite par CARNIFEX. Sauf que ce soir, il s’agit du headliner, et la formation compte bien nous le faire savoir. Les Américains font exploser l’ambiance, comme nous aurions peu cru cela possible après Within The Ruins. Les circle pits sont désormais recouverts de slams à profusion. Il ne fait nul doute que la plupart des personnes présentes le sont pour eux. Ils donnent tout ce qu’ils peuvent, jusqu’à l’épuisement total, avant de repartir de plus belle quelques pistes plus tard. Carnifex est le genre de combo possédant une puissance particulière, qui nous maintient pris dans le set lorsque l’on est immergé dans la fosse, mais qui peut avoir tendance à s’essouffler lorsque l’on prend du recul. Preuve que les membres sont davantage taillés pour la scène que le studio, et les interprétations des morceaux, mêmes les plus phares, nous le confirment : “Die Without Hope” sera l’explosion ultime de la soirée, qui plongera le public dans une sorte de folie merveilleuse, qui sera prolongée sur les derniers titres, “Lie To My Face” et “Hell Chose Me”. Si Within The Ruins a réussi à reconstruire, Carnifex a commis un superbe carnage en laissant derrière lui un auditoire en ruines, mais heureux.
Finalement, ce soir aura été la preuve que le deathcore est porteur de vie plus que l’on ne peut le croire, mais qu’il s’agit de laisser une chance aux groupes de se partager les rôles, les places, sur les affiches, pour mieux vous faire headbanger.
Setlist :
Salvation Is Dead
Dark Days
In Coalesce With Filth And Faith
Hatred And Slaughter
Slit Wrist Savior
Where The Light Dies
Until I Feel Nothing
Sorrowspell
Dead But Dreaming
Die Without Hope
Lie To My Face
Hell Chose Me