Passer de l’Espace B à l’Accor Arena en huit ans, on peut parler de phénomène sans galvaudage. Cigarettes After Sex a su en un rien de temps réunir les foules tout en perfectionnant une dream pop savoureuse. En cette soirée froide en venteuse, le concert affiche complet pour la promotion du dernier album, X’s.
Electronic Cigarettes After School
Sans verser dans l’anthropologie, il faut tout de même s’arrêter un bref instant sur le public arrivant en masse. La moyenne d’âge a drastiquement baissé depuis la dernière tournée européenne. En effet, la génération TikTok donne une allure bal de promotion à l’évènement. Le contrôle des cartes d’identités au bar ainsi que des personnes qui viennent chaperonner pour un premier concert nous replongent au début des années 2000. Que vous ayez vu les Spice Girls ou Billy Crawford à cette période, le sentiment est là. À l’instar du Eras Tour plus tôt cette année, c’est une jeunesse venant de tous les horizons qui s’est déplacé en masse.
Une ambiance bon enfant donc en attendant que le groupe investisse la scène. Pas de première partie pour les clopes après le coït, uniquement de la musique de qualité pour patienter. La foule reprend en chœur le remix d’Altégo du “Toxic” de Britney Spears. Quand les écrans géants ne restent pas figés sur divers pochettes du groupe, quelques clips sont diffusés. Il faut avouer que c’est toujours un plaisir de voir en grand Selena et Chris Isaak. Sur les écrans, Shazam tourne à fond dans un drôle d’esprit de passation.
Got light?
Les lumières s’éteignent, mais pas pour longtemps. Alors que l’Accor Arena devient un écrin feutré et que CIGARETTES AFTER SEX fait preuve de ponctualité, c’est une armée de téléphones portables qui s’élèvent pour former un champ de lumières. Lunettes de soleil de circonstance sur le nez, Greg Gonzalez entonne les premières notes de “X’s” sur sa guitare Parker. Si vous fermez les yeux à cet instant, il est légitime de se demander si le temps est remonté. À l’écoute des acclamations unanimes, c’est un véritable instant Beatlemania qui est en train d’être vécu. Et c’est loin d’être fini.
L’esthétique minimaliste est toujours de la partie au service d’un son aux petits oignons. Utilisation en noir et blanc du système trois écrans, machines à fumées et boule à facettes sont au programme. Heureusement que l’auditoire rend l’expérience vivante. Car si le charisme et la voix du frontman permettent d’envelopper la salle, l’ensemble peut tout de même paraître un peu vide par instants. La section rythmique composée de Randall Miller et de Jacob Tomsky demeure dans l’obscurité sans être relégué au second plan. Au contraire, les deux musiciens sont omniprésents de chaque côté sur les écrans géants.
Teen peak
Au fur et à mesure que les morceaux s’enchaînent, quelques malaises surviennent. Toujours sous le regard bienveillant du groupe qui n’hésite pas à attendre avant de reprendre sa performance. Les dernières compositions de X’s, bien que peu représentées ce soir, prennent toute leur dimension en live et sont très bien accueillies. C’est une forme rare d’intimité qui baigne le public d’une salle à grande capacité, comme un gigantesque instant suspendu. Puis vient l’apothéose de cette courte soirée avec l’interprétation de la chanson qui a fait connaître le groupe à travers différents médias, “Apocalypse”.
Le groupe quitte la scène, mais nous fait très vite l’honneur d’un rappel avec “Opera House”. Les plus flemmards auront pris l’exemple de Marc Maron durant ses derniers concerts des Rolling Stones, et écouteront la mélodie à travers les couloirs qui les mèneront vers la sortie. Car c’est une marée humaine les yeux encore remplies d’étoiles qui quittent massivement la salle, que ce soit pour rentrer chez soi ou allumer la cigarette after Cigarettes After Sex. Mais beaucoup traînent des pieds, car l’expérience leur a parlé. On peut comprendre l’envie de rester dans cette bulle, il fait froid et cruel dehors.