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CIRCA SURVIVE @ Backstage By The Mill (06/06/15)

Affiche d’exception ce soir au Backstage (qui, comme chacun le sait, contient plus de trois-cent cinquante places !) puisque les Américains de Circa Survive reviennent à Paris seulement pour la deuxième fois de leur carrière. Emmenés par le très charismatique Anthony Green, le groupe de rock expérimental est accompagné par les Californiens de From Indian Lakes et de deux prometteuses formations françaises : Tahoe et Merge.

Les hostilités s’ouvrent à 19h tout pile avec TAHOE qui, pour son quatrième concert seulement s’offre une affiche de renom. Pas décontenancée pour autant, la formation parisienne distille son post hardcore racé et puissant sans sourciller. Bien que quelques soucis techniques viennent entacher leur concentration, les musiciens ne se laissent pas envahir par la panique et offrent un show vraiment prometteur. C’est carré, ça joue fort mais bien, le son est bon, maîtrisé et nuancé, l’EP “Wonders” y passe dans son intégralité et montre à quel point les heures de travail du groupe paient. Rythmiquement, c’est d’une solidité sans failles alors que l’alliance entre les deux voix se fait le plus naturellement possible. Tahoe frappe très fort et laisse espérer de très belles choses quant à l’avenir.

 

 

La présence de MERGE sur les scènes parisiennes est moins rare que celle de Tahoe, certes mais le combo n’en est plus à ses balbutiements. Plus d’un an après la sortie d’un premier album remarqué, il se murmure que la bande travaille activement à lui donner une suite s’éloignant de ses bases. La récente “Sacré Coeur” montre non plus un groupe de post hardcore/metalcore inspiré, mais une formation se tournant vers un rock alternatif dissonant un peu à l’image de… Circa Survive ! Ce “Night Plane” d’ouverture confirme d’ailleurs la tendance. Si la voix d’Anthony n’est pas mise en avant à cause d’un souci technique, le son du groupe est bien plus direct et moins parasité par les gimmicks -core qui pouvaient intervenir dans son récent passé musical. Ce passé fait d’ailleurs assez surface à nouveau puisque la sublime “Wolf Dagger” et “Us Against Our Cities”, deux singles issus de “Elysion”, seront jouées ce soir. Le saut en arrière va même jusqu’à inclure “Ecclesiast” issue du premier EP de Merge sorti en 2012, déjà. Pourtant, le salut de leur prestation viendra justement de ces nouvelles chansons. “Sacré Coeur”, déjà bien connue par le public parisien présent, clôturera un set qui verra surtout l’arrivée de “Post Card”, nouvelle chanson d’une efficacité redoutable. Il est drôle de noter à quel point le son de Merge sur scène diffère entre le nouveau et l’ancien matériel et, étrangement, il se fait bien plus audible et soyeux avec ces nouvelles chansons qui font preuve d’une maturité réjouissante. La révolution est en marche !

 

 

Accompagnant Circa Survive sur l’ensemble de la tournée européenne, les Californiens de FROM INDIAN LAKES proposent un rock atmosphérique à mi chemin entre Circa Survive et ce qu’a pu proposer Piano Becomes The Teeth sur son dernier album. Si les chansons smoothy jamais vraiment lancées ont su conquérir un public conséquent ces derniers mois, les premières notes jouées par From Indian Lakes ce soir n’avaient rien de véritablement convaincantes. Et pourtant, la sauce a pris. La formation a su se dérider au fur et à mesure que son set avançait pour pouvoir proposer des morceaux vraiment bien construits et une émotion palpable. S’éloignant petit à petit des grands frères précédemment cités, les Californiens ont su conquérir l’assemblée française qui lui ont réservé un accueil chaleureux. Le groupe, visiblement heureux de cet accueil, n’a pas hésité à se lâcher sur les dernières chansons et ainsi, rendre sa prestation vraiment enthousiasmante. Décidément, les formations ne semblent pas décidées à lâcher prise et offrent trois prestations préparant à merveille l’arrivée de Circa Survive.

 

 

Il n’est pas 21h30 quand les lumières s’éteignent. Les musiciens de CIRCA SURVIVE prennent modestement place sur scène alors qu’Anthony Green entre sous les acclamations d’un public parisien sincèrement heureux de recevoir le combo de Philadelphie. Avant même de lancer la première note, Green exprime à quel point le groupe est heureux d’enfin revenir à Paris. La soirée est lancée et sera sous le signe de l’amour. “Child Of The Desert” débute ce set parfaitement : la douceur d’abord, l’explosion ensuite pour déboucher sur un “Schema” déjà connue de tous, enflammant une bonne fois pour toute le Backstage. Dans la fosse, l’unanimité règne : la prestation est bluffante. Le son est d’une clarté sans nom et que dire du grain de Green ? Le frontman habite littéralement ses chansons et n’est pas effrayé une seconde par les notes les plus hautes. La bande se ballade dans sa discographie, offrant un best of qui ravira les fans de la première, comme de la dernière heure. La musique de Circa Survive, bien que complexe, est si facilement pénétrable car magnifiquement interprétée. Ca se bouscule carrément dans les premiers rangs avec une flopée de fans hardcore qui semblent connaitre chacune des paroles sur le bout des doigts. Ainsi “Glass Arrows”, “Sharp Practice” ou encore “Holding Someone’s Hair Back” se transforment en hymne à l’amour pour un Anthony Green grisé par la passion que son auditoire lui donne. Le chanteur n’hésitera pas à prêter son micro, revêtir la casquette d’un fan et même, dévorer l’iPhone d’une chanceuse, laissant place à une scène d’une complicité rare et inattendue. Circa Survive est ici pour donner de l’amour au monde, et le monde lui rend bien. L’ambiance dans la salle est chaleureuse à souhait. Peu adepte de la réorchestration, les compos sont suffisamment riches pour ne pas souffrir du manque de surprise dans ce set. Par ailleurs, c’est en observant la setlist qui pioche à parts à peu près égales dans toute la discographie (seul “Violent Waves” (2012) est un peu mis de coté, ce qui n’est pas illogique puisqu’il s’agit de l’album le plus progressif, le plus calme du groupe) que l’on se rend compte de la cohérence artistique du Circa. Et parler de cohérence n’est pas induire linéarité ou répétition non. Chaque disque apporte sa pierre à l’édifice sans dénaturer la construction mais en l’embellissant à chaque fois. Ainsi, si les chansons de “On Letting Go” (2007) font la belle part aux expérimentations, le style plus direct de “Blue Sky Noise” (2010) trouve parfaitement sa place dans le live. Sans parler du petit dernier, “Descensus” qui se défend à merveille tant dans l’énergie qu’il peut déployer, mais aussi dans l’émotion qu’il procure. Ce n’est pas un hasard si le groupe amène la fin de son set avec la sublime “Nesting Dolls”, sur laquelle Joey de From Indian Lakes viendra prêter main forte de sa voix se mariant à merveille avec celle de Green. Après une dernière déclaration d’amour à l’audience française, Circa Survive termine la soirée en beauté avec la tubesque “Get Out” que toute la salle connait. Le micro voyage de bouche en bouche dans la fosse pendant qu’Anthony Green semble vraiment prendre un plaisir énorme à voir l’auditorium hurler les paroles de ce tube de Circa Survive. Fin en apothéose, le quintette quitte la scène presqu’à contre coeur, mais visiblement épuisé par la tournée se terminant tout juste.

 

 

Quelle soirée ! Servi par quatre groupes évoluant dans des registres différents mais au top de leur forme, le public parisien a pu se délecter du meilleur de la scène alternative mondiale. Le tout sublimé par la prestation de Circa Survive qui reste définitivement un groupe à part. Le genre de formation qui réussit à vous coller un sourire aux lèvres pour le week-end entier tant l’amour dispensé en 1h20 de set est puissant et sincère. 

Setlist :

Child Of The Desert
Schema
Glass Arrows
Holding Someone’s Hair Back
In The Morning And Amazing…
Strange Terrain
Sharp Practice
Only The Sun
The Greatest Lie
In Fear And Faith
The Difference Between Medicine And Poison Is In The Dose
Nesting Dolls
Get Out

Nathan Le Solliec
LE MONDE OU RIEN