En tournée pour présenter leur quatrième album “Life Without Sound” sorti au début de l’année, les Américains ont fait une halte au Petit Bain en fournissant aux barbus à lunettes parisiens leur dose de décibels pour le mois.
Loin de ce à quoi on aurait pu s’attendre pour une première partie d’un groupe aussi explosif que Cloud Nothings, l’ouverture de la soirée est assurée par le très calme CIAN NUGENT. Seul avec sa guitare, le jeune homme, aux airs lointains de Van Morrison, remplit la demi-heure qui lui est impartie en interprétant quatre de ses compositions folk plus contemplatives que véritablement entraînantes. La recette emballait plus il y a quelques semaines dans le cadre intimiste de l’Espace B que ce soir, où la voix et les arpèges techniques de l’Irlandais font malheureusement face un concurrent sonore sérieux avec le grondement des conversations d’un public qui se détourne peu à peu du show.
Peu de temps après, les quatre comparses de CLOUD NOTHINGS investissent la scène en se planquant derrière le son lourd et puissant qui sort des amplis, et ce dès la mise en bouche “Up To The Surface” et ses riffs de fin aussi délicats qu’un rouleau compresseur. Le message est rapidement envoyé : Dylan Baldi et ses musiciens sont là pour jouer fort et vite, sans pour autant bâcler le travail. Il faudra simplement attendre l’énergie contagieuse de “Fall In” pour que l’assemblée réponde bien présente à coups de pogos et de bières volantes.
Les neuf morceaux du tout nouveau et très bon “Life Without Sound” y passent, se découvrant en live bien plus rentre-dedans que sur format enregistré. On peut reprocher à l’album son côté punk rock lisse (“Internal World”, “Enter Entirely”) et moins noisy crado digne des premières sorties de la formation, mais aucun doute sur sa capacité à bien sonner sur scène malgré un Baldi qui s’écorche parfois caricaturalement les cordes vocales, comme sur “Darkened Rings”. A se demander dans quel état elles finiront d’ici une semaine. Heureusement et même si les Américains ont été radins pour les extraits de “Attack On Memory” (2012), les grands classiques sont également de la partie, de “Stay Useless” et son refrain addictif aux représentants de “Here And Nowhere Else” (2014) avec notamment “I’m Not Part Of Me” et “Psychic Trauma”.
Derrière ses cheveux mi-longs pendouillant négligemment, le chanteur guitariste se fend de rares remerciements et privilégie le dialogue à base de larsens et de murs de bouillies sonores contrôlées entre chaque titre. Pas de pitié pour les tympans, la bonne heure de jeu n’offre aucun temps mort et l’impression que le set passe à grande vitesse en est renforcée, malgré un court rappel de deux morceaux où Jayson Gerycz bourrine une bonne fois pour toutes ses fûts, supporté par Baldi, Chris Brown et TJ Duke qui grattent toujours aussi frénétiquement leurs instruments.
Nerveux et efficace, le groupe de Cleveland n’a pas changé depuis ses derniers passages dans nos contrées en 2014. Il manquait peut-être quelques moments de grâce pour nos oreilles et un groupe plus communicatif pour rendre la performance moins expéditive, mais l’objectif principal de livrer un bon concert joyeusement bruyant a été atteint.
Setlist :
Up To The Surface
Darkened Rings
Fall In
Enter Entirely
I’m Not Part Of Me
Sight Unseen
Strange Year
Pattern Walks
Things Are Right With You
Psychic Trauma
Stay Useless
Realize My Fate