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COREY TAYLOR @ Le Trianon (19/11/23)

Corey Taylor, le frontman de Stone Sour et Slipknot, joue à guichets fermés au Trianon pour la promotion de son deuxième album solo CMF2. Retour sur ce qui est tout simplement le meilleur concert de 2023.

La file de spectateurs s’étire le long du boulevard de Rochechouart et attire les regards des plus curieux. Ce soir, c’est un peu “deux salles / deux ambiances” avec d’un côté le concert de Corey Taylor (blousons noirs et looks metalleux) et celui de Brent Faiyaz à l’Elysée Montmartre (où les looks sont plus urbains). Sacré mélange des genres !

Oxymorrons

Le mélange des genres est justement ce qui caractérise le mieux la musique et l’univers d’OXYMORRONS. Avec 2 “R” et un “N“, comme répété pendant leur set, les New-Yorkais aiment à mixer le rock, le rap et le hip hop. Ils se revendiquent aussi bien de Rage Against The Machine, de Tyler The Creator ou de la musique afro-caribéenne qui a bercé l’enfance de certains des membres du groupe.

Avec un début de set avancé d’une demi-heure, le quatuor ne joue pas devant une salle pleine à craquer mais donne malgré tout le meilleur de lui-même. Pendant presque quarante-cinq minutes, les membres d’Oxymorrons vont donner dans le “chaos contrôlé” selon leurs propres termes. Et cela implique de : courir partout, haranguer les premiers rangs ou les entraîner à chanter. Leur énergie et leur positivité sont contagieuses, et c’est un véritable plaisir de les voir autant partager avec le public. Défendant son premier album Melanin Punk, Oxymorrons ne fait pas dans la demi-mesure et balance des breakdowns à faire frémir les metalleux.

Ils sont convaincants, enthousiastes et extrêmement bavards avec l’auditoire. Le message est clair : notre existence est déjà un signe de résistance. Il n’y a qu’à entendre le banger “Enemy” pour être convaincus par la formation. C’est en tout cas un début de soirée qui démarre sous forme de fête ! Après avoir longuement serré les mains des fans des premiers rangs, pris des selfies et avoir lancé une multitude de baguettes de batterie, le groupe quitte la scène avec un immense sourire plaqué sur le visage.


Corey Taylor

Nul doute que COREY TAYLOR était attendu. Il suffit de voir la vitesse à laquelle le concert a été sold out pour s’en rendre compte, comme si le frontman attirait plus les foules que son projet principal Slipknot. Mais il n’y a qu’à voir le nombre de T-shirts du groupe de Des Moines, Iowa pour avoir notre démenti.

Avancé tout comme le set d’Oxymorrons d’une demi-heure, c’est devant une salle bondée et très bruyante que le groupe va faire son entrée sur scène. Dès le départ, les cris les plus forts sont pour Taylor, arrivant sur la scène du Trianon comme sur une terre conquise d’avance.

“Post Traumatic Blues” ouvre le set de quinze chansons qui mêlera allègrement des titres issus de ses deux albums solo, des morceaux de Stone Sour ou encore quelques titres de Slipknot. La setlist est en tout cas très équilibrée et bien conçue, alternant entre titres plus agressifs (“Before I Forget”, une véritable tornade pour la fosse) et d’autres plus rock (“Talk Sick”).


Before I Forget…

Entre tout cela s’entremêlent de multiples présentations sous forme de blagues du groupe (entre autres Christian Martucci, Dustin Robert et Zach Throne) qui l’accompagne et beaucoup de remerciements au public qui le lui rend bien, lançant presque une ovation à chaque fin de morceau. Corey Taylor est plusieurs fois très ému, puis craque et laisse s’échapper quelques larmes devant la chaleur, l’enthousiasme et l’amour des fans.

Sur scène, Corey Taylor n’a aucune difficulté à embarquer l’audience avec lui. Il ne suffit que d’un geste ou d’un mot pour qu’il retourne la salle et en fasse ce qu’il veut, quitte à nous faire chanter le thème du dessin animé Bob l’Éponge tous en chœur ! Son chant mêle rugissements gutturaux, grognements presque bestiaux avec un chant en voix claire d’une justesse quasiment parfaite et d’une émotion sans faille. Jouant beaucoup de son charisme et de sa prestance, il est constamment en train de sourire entre les morceaux ! Taylor est ravi d’être là, ne manque pas de le répéter et cocorico, annonce que nous sommes le public le plus généreux et le plus bruyant qu’il ait jamais vu !

Les plus grands moments de la soirée sont soit les morceaux les plus brutaux (un “Duality” absolument incroyable en rappel, d’une violence sans nom) ou les plus doux et lents (“Snuff”, “Midnight” ou le sublime “Through Glass”). Ils nous rappellent tous (ou plus nous assènent) la grande maîtrise vocale de Taylor et sa capacité de showman sur scène.

Mais cette soirée passe trop vite, et le rappel entamé avec “Duality” se clôture sur le titre de Black Sabbath (permettant à Taylor de leur rendre hommage) “Fairies Wear Boots”.

Après un ultime salut du groupe, les lumières se rallument et on se retrouve à se regarder les uns les autres, quelque peu hébétés. Qu’avons-nous vécu ce soir ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Tel un rouleau compresseur, Corey Taylor nous a roulé dessus. Heureusement qu’il nous reste quelques mois pour nous remettre de cette claque, l’immense Taylor nous faisant l’honneur de venir retourner l’Olympia le 2 juillet prochain. Nul doute que certains vont se lever tôt pour espérer acheter leur précieux sésame. Et l’on ne peut que vous conseiller la même chose !

Corey Taylor Setlist Le Trianon, Paris, France, World Tour 2023
Laura Navarre
J'ai annoncé à mes parents à 16 ans que mon objectif professionnel était de produire la prochaine tournée de U2.