Maintes fois repoussé, le concert à l’Olympia de Cult Of Luna/Russian Circles a enfin lieu ! Malheureusement, il tombe le même jour que celui de Cannibal Corpse et Dark Funeral, ce qui explique peut-être pourquoi la date n’est pas tout à fait remplie. Mais les fans qui ont choisi de se rendre dans la salle mythique savent qu’ils vont assister à quelque chose de grandiose. Retour sur une soirée mémorable.
La relève du post hardcore
Les Anglais de SVALBARD sont les premiers à monter sur scène ce soir devant un Olympia encore bien vide. S’ils viennent du hardcore, leur style s’est progressivement teinté de post metal, post rock voire même de black metal au fil des albums. C’était donc le choix idéal pour chauffer le public de Cult Of Luna et Russian Circles. En une demie heure, le quatuor mené par la chanteuse et guitariste Serena Cherry démontre tout l’étendu de son talent et surtout l’agressivité de sa musique. Les cris viscéraux de la leadeuse sont contrastés par ses interactions enjouées et souriantes avec les fans entre chaque chanson. Notamment pour exprimer sa gratitude d’avoir été choisie pour jouer avec deux des groupes qui l’inspirent le plus. Les temps forts du set sont “Open Wound”, où Serena démontre qu’elle sait aussi chanter, et “Eternal Spirits”, le dernier single en date. Le groupe quitte la scène après avoir remercié tout le monde d’être venu aussi tôt pour les voir jouer. Une très belle performance qui a fait l’unanimité des personnes présentes !
Power trio
Vient ensuite le tour de RUSSIAN CIRCLES. Le public est surexcité dès l’intro et les Américains montent sur scène sous un tonnerre de cris et d’applaudissements. Issus du dernier album Gnosis sorti en 2022, “Betreyal” mais surtout “Conduit” et sa ligne de basse tout simplement monstrueuse font l’effet d’un rouleau compresseur. Le groupe est éclairé à contre-jour et est plutôt statique sur scène mais qu’importe : le son est excellent et l’ambiance incroyable !
Pendant près d’une heure, le trio ravit toute l’audience en jouant des titres plus anciens et très appréciés, en particulier “Afrika” et “Deficit” qui terminent de mettre tout le monde d’accord. Les fans ne sont pas très expressifs et semblent savourer l’instant en bougeant la tête en rythme dans leur coin. Mais chaque chanson se termine sur une explosion de joie, à l’instar de l’impressionnante “Mlàdek” qui termine ce set décidément trop court.
Un set qui frôle la perfection
C’est au son de “Beyond II” en guise d’intro qu’apparaissent les membres de CULT OF LUNA. Les premières notes de “Cold Burné, telles une alarme, sonnent le début du concert, ou plutôt de la messe. Le public est en transe et n’en sortira pas avant la fin du set. Les growls du charismatique Johannes Persson donnent des frissons à toute la salle par leur puissance. Le chanteur et guitariste, dont le visage ne sera jamais éclairé, guide la foule en s’approchant de la fosse régulièrement.
Les morceaux issus du dernier album, le quasi parfait The Long Road North sorti l’année dernière, composent évidemment la majeure partie de la setlist. Le guitariste Fredrik Kihlberg assure le chant clair sur “Beyond I” et plonge la salle dans un silence religieux, de nombreuses personnes ferment même les yeux pour savourer encore plus ce moment. Mais les anciens disques ne sont pas en reste, puisque sont jouées “Echoes” (Salvation, 2004) et surtout “Genesis” (The Beyond, 2003), pour le plus grand bonheur des fans qui semblent avoir du mal à s’en remettre.
Johannes monte sur la crash barrière pour remercier le public avec des gestes pendant “Blood Upon Stone”, le chef d’œuvre de The Long Road North. La batterie de Thomas Hedlund et les percussions de Magnus Líndberg font trembler l’Olympia et rendent le public survolté. Quelques personnes tentent même de slammer mais sans grand succès. Au bout des onze minutes trente-neuf que dure le titre, les Suédois retournent en coulisse devant une foule comblée. Le set est en principe terminé. Mais quelques secondes plus tard, les membres de Cult Of Luna reviennent pour jouer “In Awe Of”, qui clôture pour de bon ce concert de près d’une heure quarante-cinq qu’on n’a pas vu passer.
Le set de Cult Of Luna au Motocultor 2022 avait été impressionnant, mais ce soir c’était encore un cran au-dessus. Et à entendre les gens à la sortie du concert, c’était là l’un des meilleurs concerts de ces dernières années, tous groupes confondus. Russian Circles a une fois de plus prouvé qu’il méritait toutes les louanges qu’on lui fait depuis des années. Et que dire de Svalbard, si ce n’est que ce groupe est à suivre pour celles et ceux qui ne le connaissent pas encore.