Retour des anglais de Deaf Havana trois mois seulement après leur dernière date à Paris en première partie de The Maine, avec cette fois-ci le privilège de partager la position de headliners avec The Swellers. Étant donné la prestation assez décevante qu’ils avaient livrée en février dernier, c’est avec un petit sentiment d’appréhension que nous nous sommes rendus à cette nouvelle date. Des inquiétudes rapidement balayées.
Il est vrai qu’après avoir assisté au set du quartette il y a quelques mois, au cours duquel le frontman James Veck-Gilodi, visiblement dans un état second, avait peiné à assurer la justesse de ses notes, nous craignons de voir la chose se reproduire ce soir au Batofar. C’est donc surtout dans la perspective de pouvoir également voir les américains de The Dangerous Summer et de The Swellers dans la même soirée que nous nous réjouissons de l’évènement. C’est The Dangerous Summer qui se produit d’abord, prenant le relais des français de Home Most Days, au set desquels nous n’avons malheureusement pas été en mesure d’assister. La pop punk du quatuor du Maryland fait immédiatement son petit effet, déversant dans la salle des vibrations énergiques et positives, qui donneraient presque l’impression que, comme l’indique le nom du groupe, c’est l’été, et on est en train de profiter du soleil allongé sur la pelouse d’un festival. Les gaillards piochent principalement dans le répertoire de leur dernier album “War Paint”, livrant leurs titres les plus efficaces pour lancer comme il se doit la soirée. Bien que sur scène comme dans le public ça ne s’agite pas exactement dans tous les sens, il n’empêche, les deux parties apprécient clairement le moment, et il y a quand même quelques irréductibles au premier rang pour chanter toutes les paroles. La salle n’est pas encore pleine mais se remplit tranquillement, alors que The Dangerous Summer nous laisse sur l’intense “Work In Progress” après une petite demi-heure de jeu.
C’est au tour de The Swellers de monter sur scène un peu après 20h30, le frontman Nick Diener prenant immédiatement les choses en main lorsqu’il constate que le public est encore un peu trop endormi à son gout. Enchaînant près d’une douzaine de morceaux en moins de 45 minutes, la formation punk rock tout droit débarquée du Michigan impressionne par son énergie débordante, incitant continuellement l’audience à être plus réactive comme si son honneur en dépendait. Et mine de rien, cela s’avère efficace, puisque les américains finissent par déclencher quelques pogos dans la salle. Bien que la bande des frères Diener ne soit pas tellement du style à s’embarrasser de grands discours entre deux morceaux, le bassiste Anto Boros ne résiste quand même pas à l’envie de placer la seule et bien étrange phrase qu’il soit capable de dire en français : “Les ananas ne parlent pas”. Etrange, on vous l’avait dit. Présentant surtout des morceaux de leur dernier album “Good For Me”, les Swellers prennent néanmoins le temps de satisfaire une requête émise dans l’assemblée en se lançant dans “Tunnel Vision”. Après une ultime invitation à rendre plus punk l’ambiance de la soirée, le groupe finit en beauté sur son tubesque “The Best I Ever Had”, qui parvient à convaincre même les plus difficiles.
Alors que beaucoup sont partis prendre l’air en les attendant, les membres du quatuor britannique Deaf Havana font finalement leur entrée en scène aux alentours de 21h30. Ce soir, ils ne sont cependant pas quatre mais cinq, puisque Matthew Veck-Gilodi, le jeune frère du frontman, a été invité à compléter la formation à la guitare et aux voix à l’occasion de sa tournée européenne. Bien qu’il s’agisse d’un co-headlining avec The Swellers, il devient rapidement évident que la grande majorité des gens présents ce soir s’est véritablement déplacée pour Deaf Havana, car le changement d’ambiance est perceptible dès que le groupe démarre avec “Leeches”. Tous agitent la tête en rythme, beaucoup reprennent les paroles des chansons en chœur, certains même profitent de toutes les occasions possibles pour interpeler directement le groupe. On reste dans une atmosphère très bon enfant, avec néanmoins quelques petits moments de déchainement, notamment lorsque l’ensemble entame le très efficace “Friends Like These”. La bonne surprise, c’est que contrairement à la dernière fois, le leader est en grande forme vocale, chantant de manière juste et maitrisée. La setlist de ce soir est à la hauteur également, avec une majorité de titres issus du récent “Fools And Worthless Liars”, mais aussi quelques morceaux tirés de leur répertoire plus ancien, comme le fédérateur “Nicotine And Alcohol Saved My Life” et “You Are Beautiful”, présenté dans une nouvelle version. La complicité entre les frères Veck-Gilodi est au passage un atout scénique indéniable. Le groupe se dit ravi d’être de retour en France et avoue avec amusement que ce n’est pas tous les jours qu’il joue sur un bateau. C’est sur “The Past Six Years” que les anglais concluent leur set, un choix qui peut paraître un peu surprenant au regard de l’atmosphère assez calme du morceau, mais il s’agit d’un favori incontestable des fans qui résume plutôt bien l’univers de l’ensemble depuis le départ de leur screamer Ryan Mellor en 2010. Il est tout juste 22h15 et le public en redemande, mais c’est tout ce qu’il obtiendra ce soir.
Excellente soirée que celle que nous ont fait passer The Dangerous Summer, The Swellers et Deaf Havana ce soir au Batofar. Avec un line-up cohérent et de si bonne qualité, ce fut en plus l’occasion pour beaucoup de se découvrir de nouveaux groupes favoris, pour l’instant relativement peu connus dans l’hexagone. Une soirée qui sentait bon l’été !