Septembre 2023. Une onde de choc secoue la scène rock : Lindsey Troy et Julie Edwards annoncent la séparation de Deap Vally. Mais avant de tourner la page, le duo de Los Angeles compte bien marteler une dernière fois son blues rock endiablé aux oreilles du public français. RockUrLife se devait d’être là pour la dernière date parisienne, à La Maroquinerie. Asseyez-vous, étirez-vous (mais pas trop), on vous raconte.
Dosiopath
L’horaire précoce de DOSIOPATH ne nous aura permis d’assister qu’à la dernière chanson du duo. Derrière ce patronyme énigmatique se cache en fait le side project de Julie Edwards de Deap Vally et de Solon Bixler, ancien guitariste de… Thirty Seconds to Mars ! Leur rock psychédélique n’a finalement rien à voir avec les groupes susmentionnés. Malgré un certain entrain, Dosiopath ne récolte pas l’accueil qu’il mérite, faute d’un style plutôt barré et d’une Maroquinerie trop clairsemée. À revoir sur un format plus long peut-être ?
Retour aux sources
21h. Le public a eu le temps de se presser dans la fosse et contre les rambardes de la salle ovale. Dans l’obscurité, Lindsey Troy et Julie Edwards arrivent encapuchonnées dans leurs peignoirs de boxe. Les deux musiciennes se font face, tête contre tête, avant d’abandonner leur peignoir. Julie s’installe derrière ses fûts et Lindsey empoigne son iconique Fender Mustang pour faire retentir le riff saccadé de “End Of The World”. L’ambiance électrique du premier album traverse la scène pour gagner une audience conquise d’avance. Il faut dire que Sistrionix, le premier album de DEAP VALLY, réenregistré en 2023 pour les dix ans, avait apporté un vent de fraîcheur avec un son de blues rock, mélangé à une énergie punk et à des engagements forts.
SISTRIONIX 3.0
Et quoi de mieux pour boucler la boucle que de jouer le disque dans son intégralité ? Le tubesque “Baby I Call Hell”, l’effrénée “Walk Of Shame” et la vibrante “Lies” s’enchaînent comme des lettres à la poste. Ultra brute et sans le moindre artifice, la performance rappelle pourquoi Deap Vally a marqué les esprits il y a plus de dix ans. L’une assise, l’autre debout, les deux femmes se rencontrent dans cette attitude fiévreuse et désinvolte qui ajoute un supplément d’âme à leur prestation. Julie révèle que cette réédition est aussi une façon de reprendre ce qui leur est dû. En effet, elles n’avaient rien gagné de la part des plateformes de streaming à l’époque. Le final “Six Feet Under” offre une respiration avec une ambiance planante, clôturant avec maestria cette première traversée du désert.
La fête se poursuit
Après un court rappel, Deap Vally regagne son terrain de jeu préféré sous un tonnerre d’applaudissements. De l’EP American Cockroach à son nouvel (ep)ilogue en passant par le second album Femejism, le duo revisite son répertoire avec sa fougue légendaire. Alors que les voix de Lindsey et Julie se mêlent avec puissance sur “Perfuction”, le public est littéralement magnétisé par l’aura rock n’roll de ces deux diablesses. Celles qui ont ouvert pour Muse et Red Hot Chili Peppers montrent une fois de plus pourquoi elles sont si respectées. Et pourtant, il faudra bientôt se rendre à l’évidence : nous assistons à la dernière performance parisienne de Deap Vally. C’est d’ailleurs l’habituelle “Royal Jelly” qui conclut en apothéose une heure vingt de set. Quand on sait que cette chanson exhorte à embrasser son individualité, on se dit qu’elle prend tout son sens dans ce contexte de tournée d’adieu.
Ce n’est qu’un au revoir
Quand la dernière note sonne et que Deap Vally regagne les loges, c’est forcément un sentiment doux-amer qui s’empare de l’auditoire. Impossible de se réconforter en se disant qu’elles reviendront. Et pourtant, c’est bel et bien le cas. Lindsey Troy travaille sur un album solo et Julie Edwards nous a donné à voir un premier aperçu de son nouveau projet ce soir. Autorisons la douceur à prendre le pas sur l’amertume. Car Deap Vally a livré une performance à la hauteur de son histoire : puissante et sincère de bout en bout. RockUrLife suivra avec impatience leurs prochaines aventures.
