À l’occasion d’une tournée européenne, les Allemands de Der Weg Einer Freiheit étaient de passage à Paris au Petit Bain pour un show fort en headbangs.
19h55. Le public est là, mais la salle est encore loin d’être bondée. L’air est encore respirable. THE DEVIL’S TRADE entre en piste. L’ambiance
est donnée pour ces quarante minutes de show. Des lumières douces, beaucoup de fumée. Seul avec sa guitare, assis devant nous, caché sous son sweat à capuche, il a envoûté la salle dès les premières secondes. Sa voix rauque et grave a su captiver l’auditoire (bien que certains n’étaient pas là pour ça et l’ont bien fait comprendre à coup de conversation au volume sonore trop élevé). Des textes forts et sombres et un folk doom à couper le souffle. Un petit moment calme, hors du temps, avant le début de la tempête.
20h54. Le Petit Bain est plus rempli, il commence à faire chaud. Les lumières s’éteignent et les quatre gars d’AU-DESSUS débarquent sur scène. Dos à nous, chacun encapuchonnés dans des sweats noirs également. Le premier sample retenti, les riffs commencent en douceur. Les musiciens se retournent et là, c’est parti. Les guitares crachent, les screams sont énervés. C’est sombre avec des blasts à vous en décoller la mâchoire et doux à la fois avec des parties de guitares plus post rock. Un savoureux mélange qui nous prépare comme il faut à l’arrivée de Der Weg Einer Freiheit.
21h55. La salle est pleine, on est très serré. DER WEG EINER FREIHEIT s’apprête à nous jouer en intégralité son premier album éponyme qui fête ses dix ans cette année. Les membres entrent en scène, motivés et ravis de jouer à Paris.
Les Allemands ouvrent donc avec “Ewigkeit”, premier titre de l’album et le set s’annonce musclé. Ils enchaîneront tout le disque avec une justesse impeccable. Dans le désordre, “Frei”, “Aurora”, “Zum Abschied” etc. Entre black metal et post hardcore, les riffs s’enchaînent et ne se ressemblent pas. Les guitares grondent, la batterie explose. Les screams de Nikita sont parfaits.
Sur scène, ça bouge gentiment, le bassiste et le chanteur échangent de place, et se placent souvent devant le public, ce qui excite gentiment la foule.
Une jolie ambiance bonne enfant. Le concert passe à une vitesse folle et déjà le groupe nous annonce la dernière chanson de l’album, “Ruhe”. Excitation maximale. Ça tape sévère, les headbangers s’en donnent à cœur joie (tout comme les gars sur scène). Façon Deafheaven, le scream aigu nous transperce. Les guitares et la basse nous absorbent complètement, la batterie est monstrueuse.
Premier rappel : “Ein Letzer Tanz” (de l’album “Finistere”). L’ambiance est folle, la formation calme les troupes avec ces riffs doux qui prennent aux tripes. Les gens se laissent transporter, ferment les yeux et savourent ce moment durant plus de trois minutes. Quand soudain, les guitares deviennent plus insistantes, la basse plus sombre et là, c’est l’explosion totale. Vient ensuite “Requiem”, qui là aussi, met tout le monde d’accord. La violence musicale est extrême, mais c’est beau. Les quatre compères teutons prennent leur pied et ça se voit. Ils sont transcendés par ce qu’ils font, et transmettent toute leur énergie à l’auditoire qui leur rend bien.
Le quatuor sort de scène, il est 23h15. La foule le réclame et après quelques petites minutes, les lumières se rallument. Mais le groupe remonte finalement sur scène pour nous jouer “Lichtmensch” et clôturer le concert. Une nuée de poings levés et d’acclamations en tout genre pour cinq minutes de bonheur en plus. Les musiciens quittent finalement de scène.
Et l’air de rien, seul avec sa guitare, Tobias Schuller (batterie) revient sur scène pour nous jouer “Idyll”. Un moment post rock merveilleux, encore une fois hors du temps. C’est doux. Il tremble et semble très intimidé, mais nous fait quelques sourires sincères, l’audience les lui retourne, bienveillants.
Der Weg Einer Freiheit reviendra au complet sur scène pour nous remercier une dernière fois et nous dire qu’il était ravi d’être ici. Après de longues acclamations et de nombreux applaudissements, les lumières se rallument définitivement.
Aussi brutal que puisse être la musique de Der Weg Einer Freiheit, ce concert était planant du début à la fin. Entre riffs fracassants et nappes post hardcore, le groupe nous a emmené dans des contrées musicales sublimes. Ce qui lui a valu une ovation de la part du public clairement conquis par ce show incroyable.