Le prolifique et déjanté Devin Townsend est de passage ce soir dans la capitale afin d’inaugurer sa nouvelle tournée européenne. Et c’est accompagné de Periphery et Shining qu’il investit une Cigale sold out depuis un mois.
SHINING c’est ce groupe norvégien de jazz metal (à ne pas confondre avec son homonyme suédois oeuvrant dans le black metal dépressif). La salle est déjà quasi pleine lorsque les musiciens montent sur scène devant un public visiblement connaisseur. L’usage du saxophone surprend mais passe terriblement bien et le groupe dégage beaucoup d’énergie. Un des points forts du set est la reprise de ce morceau progressif culte de la fin des années 60, le “21st Century Schizoid Man” de King Crimson. Un choix osé, puisqu’il occupe quasiment un tiers du temps de jeu, mais foutrement efficace et réussi. Malgré une musique complexe et un peu folle, nous aurons eu droit à une belle prestation et l’assemblée ne s’y sera pas trompée. A revoir avec un set plus long !
Changement de style, mais on reste dans une musique complexe avec les américains de PERIPHERY. Leur son est plus accessible, notamment grâce à de nombreux passages en voix claire, et plait particulièrement à la frange la plus jeune du public présente ce soir et sûrement venue pour eux. Le chanteur mettra un certain temps avant de se chauffer et de trouver sa justesse sur ces fameux passages en voix claire. Fait un peu dommageable qui rendra difficile l’immersion dans le set de la formation. Côté musique, on a droit à du lourd avec trois guitares, les guitaristes allant parfois jusqu’à utiliser tous les trois des huit cordes ! Le rendu est certes puissant, mais peut-être pas au point de justifier cette utilisation de trois huit cordes, et on en perd en finesse et en mélodie. Mélodies dont Periphery use pourtant régulièrement et de manière plutôt agréable. Le set passera assez bien même si les musiciens pourront sembler peu impliqués et que le frontman pourra donner l’impression d’être un peu “poseur”. Un deuxième groupe surfant sur la mouvance djent/metalcore mais pas dénué de qualités et loin d’être désagréable.
Place à la tête d’affiche du soir : DEVIN TOWNSEND PROJECT. Et quand on connait le Canadien, on est en droit de se demander ce que ce dernier a bien pu nous réserver ce soir et pour cette tournée. Avant que le combo investisse la scène, nous avons droit à une diffusion de toute sorte d’images déjantées sur les deux écrans disposés sur la scène : parodies d’affiches de films avec la tête de Devin nous faisant une de ses plus célèbres grimaces, animations avec son personnage Ziltoid, etc. Le set débute sur un vieux titre, “Truth”, et bien que le musicien sourie comme toujours, on constate rapidement qu’il a l’air fatigué et moins fougueux qu’à son habitude. Le rythme effréné avec lequel il publie de nouvelles productions n’y est surement pas pour rien. Un problème d’écran vient rapidement donner du fil à retordre aux techniciens qui mettront pas loin de deux morceaux pour le rallumer. Et, alors que le musicien balayera une bonne partie de sa riche discographie, on se dit que la présence d’Anneke Van Giersbergen aurait apporté un plus indéniable. Non pas parce que Devin, qui se charge de toutes les parties de chant, n’assure pas, loin de là, mais parce que les versions avec la chanteuse néerlandaise apportent plus de fraîcheur et de variation. Pour revenir aux écrans, bien que ce genre de dispositif soit toujours appréciable et apporte un plus visuel non négligeable, la qualité vidéo de ces derniers s’avérera plus que moyenne, ce qui rendra malheureusement difficile l’appréciation des contenus diffusés. Et si l’artiste est en temps normal plutôt bavard, même au cours des chansons, ce qui rallonge la durée de ses sets et rend le tout un peu plus barré, il est ce soir dans l’exécution plus simple et classique de ses morceaux. Ce qui pourra rendre le tout un peu décevant pour ceux qui ont déjà assisté à une de ses prestations (ndlr : au Bataclan en 2012 par exemple). Même si des moments comme “Lucky Animals” s’avèrent toujours aussi hilarants. Sans rappel, puisque Devin blague et nous dit qu’il n’est pas professionnel et ne sait pas comment ça marche, il enchaîne seul sur “Ih-Ah!”, avant que le groupe le rejoigne pour terminer avec “Kingdom” après à peine 1h15.
Si un show de Devin Townsend reste toujours un petit événement en soit, nous avons ce soir eu à faire à une facette plus “timorée” de l’artiste. Ce dernier semblait en effet fatigué, et il devrait surement ralentir le rythme de ses productions et prendre le temps de repos qu’il mérite. Il aura tout de même fait le travail en délivrant un bon show, mais trop court et pas à la hauteur de ce à quoi il a pu nous habituer.
Setlist :
Truth
Fallout
Namaste
Night
Storm
Hyperdrive
Deathray
Addicted!
March Of The Poozers
Lucky Animals
Heatwave
Life
Christeen
Ih-Ah!
Kingdom