La vie d’artiste est semée d’embûches. La spirale infernale du succès rime souvent avec excès en tout genre. A tel point qu’il est facile d’oublier que certains artistes se tiennent loin de tout ça et tentent de mener une existence normale. C’est avec cette sobriété qui l’a toujours caractérisée que Dido s’est éclipsée pour profiter de sa vie de famille et finalement mieux revenir avec un cinquième album, “Still On My Mind”. Un titre clin d’œil à ses fans qu’elle n’a jamais oublié. Qu’en est-il quinze ans plus tard ? C’est à Paris, dans un Olympia qui fait salle comble que nous trouverons notre réponse.
A 20h tapantes, la chanteuse SONIA STEIN arrive sur scène, suivie de son claviériste. Délivrant une pop légère et acidulée parfois teintée de touches r’n’b, les deux musiciens ont l’air un tantinet vulnérables sur la si grande scène de l’Olympia. Sans inventer l’eau chaude, la chanteuse londonienne possède une voix puissante et une bonne maîtrise des aigus. Ce qui est d’ailleurs recommandé lorsqu’on s’attaque à la reprise de “There Must Be An Angel” des mythiques Eurythmics. Même si l’ambiance peine à prendre, le final “Do You Love Me” clôt avec énergie et enthousiasme une prestation de moins d’une demi-heure.
Quinze ans d’absence vite envolées
Vingt minutes d’entracte séparent le public de ce retour si attendu. Excepté un concert privé pour RTL2 en 2013, Dido n’est pas montée sur les planches depuis quinze ans. Pas même pour promouvoir son précédent disque, le timide “Girl Who Got Away” (2013). Mais ce soir, l’Anglaise est bien ici, à Paris. Et cette date marque d’ailleurs la dernière de la tournée européenne.
C’est avec ce sourire si familier que DIDO rejoint ses musiciens sous une huée d’applaudissements. Sans mauvais jeu de mot, “Hurricanes”, tiré du nouvel album, fait l’effet d’un ouragan dans l’audience. Les éléments électroniques insufflent un supplément d’âme au titre pop, plus dynamique encore que sur disque.
Intemporelle et moderne
Le constat est sans appel : on retrouve la chanteuse là où on l’avait laissée. Elle n’a perdu ni de sa superbe, ni de sa voix, toujours aussi puissante et délicate. Au nombre de six, les musiciens sont bien en place et occupent parfaitement la scène. Cette dernière est coupée en deux par une série de six draps blancs sur lesquels sont projetés des animations en lien avec les morceaux joués. Un percussionniste, un claviériste et un batteur sont derrière alors que Dido occupe le devant de la scène, avec à ses côtés un guitariste et un bassiste.
Réputée pour sa légendaire timidité qui lui a souvent été rapprochée, Dido est plus communicative que par le passé. Elle n’hésite pas à revenir sur l’origine de certaines chansons et établit d’emblée une proximité nouvelle avec un auditoire déjà largement acquis à sa cause.
Chaque chanson ponctue un nouveau tournant du set : quand “No Freedom” et “Sitting On The Rooftop Of The World” offrent de belles pauses lors desquelles la chanteuse renoue avec la guitare acoustique, les intemporels “Thank You” ou “Here With Me” soudent Dido à son audience qui n’hésite pas à se lever pour chanter haut et fort. On salue la façon dont le percussionniste et les arrangements donnent une seconde jeunesse, souvent plus rythmée, aux classiques tels que “Hunter” ou “Sand In My Shoes”, dont l’histoire croustillante nous est d’ailleurs racontée à demi-mot.
Dido 2.0
Le Dido 2.0 n’est pas en reste pour autant puisque pas moins de huit titres sur douze issus de “Still On My Mind” sont joués ce soir. En plus de s’intégrer parfaitement au set, ces nouveaux morceaux sont la preuve irréfutable que la carrière de Dido ne repose pas que sur des chansons qui ont marqué et cristallisé toute une génération. La génération actuelle pourrait bien se réveiller dans quinze ans et s’en rappeler encore ! Et pour cause, “Mad Love” et ses accents reggae hippiques apportent de la fraîcheur tandis que “Chances” démontre l’incroyable talent vocal actuel d’une chanteuse tout aussi attachante qu’accomplie.
Après un court rappel, l’Anglaise revient présenter “Have To Stay”, une caresse sonore écrite en hommage à son fils. La complicité avec le public est à son paroxysme. L’impression de partager un bout de vie avec Dido est bien réel. Le set de presque 1h45 se conclue sur un “White Flag” d’anthologie lors duquel le public se lève une dernière fois pour faire communion avec Dido et l’accompagner en douceur vers cette fin de tournée.
Dans l’univers souvent excentrique et constamment changeant de la pop, une mode en chasse une autre et il n’est pas rare de voir les carrières s’essouffler après une fulgurance ou deux.
Puis il y a ceux qui durent et qui marquent. Ceux qui sont capables de s’absenter pour profiter de leur vie, ceux qui n’hésitent pas à nous rappeler que derrière l’artiste, il y a aussi un humain, comme nous. Dido, de par son humilité, sa sobriété et l’authenticité de sa musique, a su rester intègre et elle-même : une femme de Londres, certainement un peu plus talentueuse que nous, et qui chante à ceux désireux d’entendre ce qu’elle à dire. Et des choses à dire, notre petit doigt nous dit qu’elle en a encore beaucoup.
Prochain rendez-vous avec le public français le 22 novembre à La Seine Musicale !