Six mois après leur passage à Rock En Seine, les trois fous furieux excentriques de Die Antwoord font leur retour dans la capitale et s’attaquent cette fois-ci à une salle des plus colossales, le Zénith De Paris, pour un concert affichant sold out. Beats tout azimut, tenues farfelues et jeux de lumières épileptiques, passez dans le côté zef de la force.
La fosse est déjà très franchement remplie lorsqu’arrive le duo de DJs BAGARRE. Peu connus du public, les Français parviendront tout de même à faire bouger la première dizaine de rangs de la fosse, déjà au taquet, et livreront derrière leurs platines un set dynamique et planant, alliant hip hop et bass music. Bonne découverte !
Parlons peu, parlons bien : personne ne se rend à un concert de DIE ANTWOORD dans le but de rester les bras croisés. Paris l’a bien compris. 20h40, après une intro des plus interminables dont le but ne semblait être que de jouer avec nos nerfs (comptez une bonne grosse dizaine de minutes -si ce n’est plus- de chant d’opéra résonnant dans l’enceinte d’une salle où 5000 personnes bouillonnent d’impatience), un bourdonnement presque mystique de didgeridoo, accompagné d’images du défunt DJ Solarize/Leon Botha sur grand écran, vient annoncer l’arrivée imminente des sud-africains sur scène. DJ Hi-Tek, dans son plus beau survet’ orange, prend enfin possession des platines pour un “DJ Hi-Tek Rulez” annonçant la couleur. Un beat solo plus tard, les premières notes de “Fok Julle Naaiers” s’échappent de la sono et il est enfin l’heure pour Yo-Landi Vi$$er et Ninja de faire leur apparition devant un Zénith des plus hystériques et réceptifs. Les fans chantent, bougent, marquent le tempo de leurs bras dans les airs ou montent sur les épaules de leurs copains, dans une surexcitation générale. L’énergie s’intensifie avec “Wat Kyk Jy?” : le rythme s’accélère, le public fait vibrer le plancher et saute à l’unisson, Yo-Landi lance des “Drive! Drive fast!” de sa voix enfantine haut perchée et Ninja s’offre même un stagediving dans les premiers rangs. Si le duo dégénéré est connu pour son énergie, il est également réputé pour ne pas se prendre au sérieux, ce qui, en soi, encourage d’autant plus l’auditorium à se lâcher pleinement. Il n’y a pas une seule occasion de se reposer, et ce ne sera certainement pas la célèbre “Fatty Boom Boom” qui permettra à l’audience de reprendre son souffle. Les deux leaders, désormais accompagnés de deux danseuses, changent de tenue tout au long du set pour reprendre celles de leurs clips (dont les images défilent d’ailleurs sur l’écran habillant l’arrière-scène), et c’est logiquement en crop top blanc/shorty moulant rouge pour la demoiselle et T-shirt XXL blanc/short ample rouge pour le monsieur que Vi$$er et Ninja déboulent pour un “Ugly Boy” des plus électriques, suivi de “Raging Zef Boner”/”Rich Bitch”, pour laquelle un bonhomme gonflable géant à la position explicite sera monté sur la droite de la scène. L’ambiance se veut frénétique et atteindra son apogée quelques chansons plus tard : masque de pitbull, jogging aux motifs de feuilles de cannabis et micro en main, Ninja est prêt à enflammer fosse et gradins avec la monstrueuse “Pitbull Terrier”, qui fera exploser l’arène et transformera la soirée en une rave party des plus délirantes. La prestation de Die Antwoord relève de la performance athlétique et la formation, infatigable, enchaînera avec une déferlante de tubes : “Baby’s On Fire”, “I Fink U Freeky”, “Happy Go Sucky Fucky” et “Never Le Nkemise 2”.
Mais il est déjà l’heure du rappel avec le premier gros succès du groupe, “Enter The Ninja”. Combis oranges de retour, flow efficace et chorégraphie au refrain, le titre clôture avec brio 1h20 de pure folie, Sixteen Jones venant même rejoindre ses parents sur scène à l’occasion, avant que la bande ne tire sa révérence et laisse derrière elle un Zénith tentant en vain de se remettre de ses émotions.
A la sortie de la salle, les T-shirts sont trempés et les oreilles sifflent, mais les retours sont unanimes : ce concert s’inscrira de manière certaine comme un des meilleurs de l’année, pourtant fraîchement commencée. Die Antwoord, en osmose avec son public, nous a livré un show explosif, intense, tout en couleurs, fidèle à son univers marginal et décalé, et malheureusement passé trop vite (ou simplement trop court ?). En attendant leur prochaine venue avec impatience.
Setlist :
DJ Hi-Tek Rulez
Fok Julle Naaiers
Wat kyk jy?
Rat Trap 666
Fatty Boom Boom
Girl I Want 2 Eat U
Evil Boy
Ugly Boy
Raging Zef Boner
Rich Bitch
Cookie Thumper!
Acapella
Pitbull Terrier
$copie
Baby’s On Fire
I Fink U Freeky
Happy Go Sucky Fucky
Never Le Nkemise 2
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Enter The Ninja