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DIR EN GREY @ Bataclan (23/03/24)

Quatre ans après son dernier passage en France, le quintette japonais DIR EN GREY a donné rendez-vous à ses fans pour deux concerts événement et à guichet fermé au Bataclan. RockUrLife a pu assister à la seconde de ces dates pour un magnifique concert de metal.

Cela a beau ne pas être si rare, un passage de DIR EN GREY en France a toujours quelque chose d’exceptionnel. Véritable monument de la alternative/metal japonaise, la formation n’était pas revenue à Paris depuis quatre ans et un passage à l’Élysée Montmartre. Autant dire que ce combo de double dates était attendu de pied ferme par les fans français. D’ailleurs ils n’étaient pas les seuls car une partie du public semblait être venue de loin pour assister à ce concert.

À l’extérieur du Bataclan, la file d’attente est immense, s’étendant jusqu’à la rue adjacente sur une bonne centaine de mètres au-delà. Certaines personnes se sont maquillées pour l’occasion, d’autres portent, évidemment, des T-shirts issus du merchandising passé ou présent du groupe.

DJ AWSOME

Initialement prévu pour 20h, c’est avec une demi-heure d’avance que DJ AWS se présente sur scène. Appelé pour officier sur les deux dates, le Français rempile avec un set au vitriol et décidément bien heavy.

On y croise ainsi Bring Me The Horizon, SiM, ainsi qu’un remix 8-bit de la tête d’affiche de ce soir. De quoi chauffer le public à bloc (notamment sur “We Got The Moves” d’Electric Callboy) pendant trente minutes. Le pari est globalement réussi : les têtes hochent, les pieds tapent le rythme sur le plancher de la salle et les acclamations sont chaleureuses à chaque nouveau morceau.

[mode of UROBOROS]

Comme il l’a déjà effectué plusieurs fois dans le passé, DIR EN GREY s’est embarqué dans une tournée pour célébrer deux albums clés de sa discographie. Le concept étant de proposer deux dates consécutives avec différents “modes” pour chacune. Si le premier soir était en [mode of Withering to death.], le second, celui qui nous intéresse, était en [mode of UROBOROS], l’album du même nom paru en 2008.

Dès le premier morceau joué, “VINUSHKA”, justement issu de ce disque, la fosse devient un champ de bataille lorsqu’arrive la section plus heavy du morceau. Mouvement de foule vers l’avant (on espère d’ailleurs que personne ne s’est blessé dans les premiers rangs), moshpit intense à l’arrière. La scène est dantesque. Et la barrière de la langue dans tout cela ? Aux oubliettes. Une grande majorité de l’assistance connaît évidemment les paroles par cœur et ne se prive donc pas pour accompagner le groupe, tel un sixième membre.

Jusqu’à la fin, l’assemblée est au taquet. Les morceaux plus calmes permettent de chanter à tue-tête les paroles ou à headbanger à s’en décrocher la nuque. Ceux plus énervés sont bien sûr l’occasion pour la fosse de s’ouvrir en deux de nouvelles fois. Pas de répit pour les guerriers prêts à en découdre.

[mode of DIR EN GREY]

Puisque l’on a parlé de “mode“, attardons-nous quelques instants sur l’aspect vestimentaire du groupe. DIR EN GREY a toujours eu un sens du style pointu et particulier. Chaque tournée est d’ailleurs l’occasion d’arborer de nouvelles tenues, tranchant parfois radicalement avec celles des tournées précédentes. Ce soir-là les Japonais s’étaient donc parés de leurs plus beaux atours, à grand renfort de bottes montantes, bottines, robes et/ou jupes virevoltantes, etc. Un festin pour les yeux.

Apparition

Mais s’il y a bien une personne qui monopolise les regards, c’est Kyo, le chanteur de la formation. Corset, jupe longue noirs. Le visage tout à fait maquillé de blanc. Le Japonais a presque l’air d’une apparition fantomatique. Sans parler de ses cheveux qui semblent coupés de sorte qu’à ne laisser que quelques mèches éparses sur sa tête. On a presque l’impression de voir l’un des masques que portait Corey Taylor à une époque.

Dans tous les cas la silhouette fascine (encore plus lorsque son ombre est projetée contre l’écran derrière lui) et sa voix envoûte. Dès les premiers instants, le chanteur semble habité par la performance et enchaîne, comme prévu, les prouesses vocales. Chant clair, growl, cris suraigus, etc. On dirait que rien ne lui est impossible.

Bouquet final

Le plus étonnant, c’est que DIR EN GREY montre deux visages. Mis à part Kyo, habité par la performance dès les premiers instants, le groupe semble un peu en retrait. Surtout occupé à livrer une prestation sans accroc technique, semble-t-il. Comme une montée en puissance progressive.

Puis, arrivés à quelques minutes du rappel, notamment sur le dément “REIKETSU NARISEBA”, on sent que le groupe lâche prise. Les musiciens, et en particulier le bassiste Toshiya, se déplacent davantage, montrent davantage d’émotions sur scène. Le rappel est encore plus marqué. On sentirait presque que quelque chose s’est libéré pendant le passage aux loges. Kyo paraît encore plus habité que lors du set principal tandis que les quatre autres membres font de nombreux allers-retours sur la scène.


Le show atteint logiquement son apogée sur le final “Akuro No Oka” (nouvelle version tirée du dernier single “19990120” paru le 17 janvier 2024) monumental et intense. Au final, au bout duquel beaucoup, dont le groupe, semblent émotionnellement éreintés. On quitte alors le Bataclan avec l’envie de revoir les Japonais encore une fois, en espérant que ceux-ci mettent un peu moins longtemps pour revenir dans l’Hexagone.

DIR EN GREY Setlist Le Bataclan, Paris, France 2024, EUROPE TOUR24 FROM DEPRESSION TO ________ [mode of Withering to death. & UROBOROS]

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Corentin Vilsalmon
J'aime la musique, j'aime écrire, pourquoi ne pas allier les deux ?