Si le temps est encore plus lourd que la veille annonçant l’arrivée de la pluie sur l’Hippodrome De Longchamp, la programmation de ce second jour est plus qu’alléchante (Apocalyptica, Saxon, BABYMETAL, Amon Amarth, Biffy Clyro, Jane’s Addiction), même sans vraiment de tête d’affiche.
Et bonne nouvelle : après quelques problèmes rencontrés vendredi, tout se déroule sans accroc pour les festivaliers, qui peuvent profiter des concerts avant même le début du premier set.
SHINEDOWN (Stage 3) – Quelques minutes avant le set dans la petite tente, “Let’s Go Crazy” de feu Prince tonne des enceintes en guise d’hommage au Kid de Minneapolis avant l’arrivée du quatuor rock alternatif de Jacksonville, qui se fait très rare en France. Si, chez l’Oncle Sam, la formation fait partie des références du hard FM, ici il est juste regrettable de voir le groupe seulement occuper la première plage horaire du Download Festival France.
Mais qu’importe, les fans sont dans la place et, dès le premier morceau “Asking For It”, ouvrant également le dernier album “Threat To Survival” (2015), la foule est d’emblée sur le qui-vive, activement incitée par le frontman Brent Smith et ses acolytes. Particulièrement avant “Enemies”, lorsque le chanteur demandera à ce que chaque personne du public salue son voisin et fasse connaissance.
Dès lors, l’ambiance y sera chaleureuse (Brent ira donner les consignes depuis le pit pour que la fosse saute tel un trampoline pendant la chanson), ce “moment de célébration de Paris” faisant oublier le mauvais temps et l’averse à l’extérieur. D’ailleurs, c’est en partie grâce à la pluie que la Stage 3 est blindée, les festivaliers cherchant à s’abriter, rejoignant les connaisseurs du quartette. De “Diamond Eyes (Boom-Lay-Boom-Lay Boom)” à “Cut The Cord” jusqu’à la dernière chanson “Sound Of Madness”, la demie heure de show passera à vitesse grand V et ne connaitra aucun moment de répit, sauf durant le moment émotion sur la ballade “Second Chance”, LE tube qui a révélé Shinedown. Superbe prestation rock alternatif US survitaminée pour bien débuter ce samedi !
APOCALYPTICA – (Main Stage) Moins d’un an après son concert au Zénith De Paris, les Finlandais, accompagnés du nouveau chanteur Franky Perez, font leur retour dans la capitale pour un set spécial festival, sous la pluie. Sans surprise, le set, en pilotage automatique, est une version allégée de celui de la dernière date parisienne en novembre dernier, constitué de trois morceaux issus du dernier album “Shadowmaker” (2015), un titre de “7th Symphony” (2010) et des reprises qui ont fait la renommée des Nordiques. A savoir “Refuse/Resist” et “Inquisition Symphony” de Sepultura, “Seek & Destroy” de Metallica, pour finir en apothéose sur le “Hall Of The Mountain King” de Edvard Grieg, comme à chaque représentation, à l’exception d’un rappel. Dommage de ne pas avoir droit au featuring de Brent Smith sur “Not Strong Enough”, Shinedown étant programmé le même jour.
MASS HYSTERIA (Scène 2) – Enorme foule massée devant la seconde scène pour communier de manière hystérique en ce samedi ! Fort du dernier opus “Matière Noire” (2015), le show proposé sera tout simplement grandiose ! “Chiens De La Casse” lance une heure d’hostilités amicales où public et groupe sont en osmose totale. “World On Fire”, “L’Enfer Des Dieux” jusqu’à “Plus Que Du Métal”, Mouss, Raphael, Yann, Fred et Atom envoient parpaings sur parpaings avec réussite. Les Français vont également se permettre une petite virée dans le pit, pour être au plus près des fans, frisson garanti pour ce joyeux bordel maîtrisé ! Le point final de cette excellente prestation sera donné avec “Furia”, suivra une superbe ovation de la part des festivaliers ! L’un des meilleurs shows du week-end, à n’en pas douter !
ARCANE ROOTS (Stage 3) – Retour sur la plus petite scène du festival pour le set des Anglais d’Arcane Roots, qui nous livrent une performance à la hauteur de de nos espérances. Le rock alternatif très prog de la formation rend toujours très bien en live et, si sa musique est en apparence assez planante, c’est pourtant beaucoup d’énergie qui se dégage de la scène. Voix envoûtante, arrangements très harmonieux, tout pour convaincre l’auditoire.
SAXON (Main Stage) – Après Iron Maiden la veille, une autre figure emblématique de la scène britannique vient festoyer en notre compagnie. Mené par le magnifique Biff Byford (chant), Saxon va marteler l’audience d’un set surpuissant. Aidé par des conditions sonores de très bonne facture, son heavy fera le bonheur de la foule présente. Lancé par “Battering Ram”, tiré dur dernier album en date, le reste sera un pur concentré bien classique. De “Motorcycle Man” à “Heavy Metal Thunder”, en passant par “Crusader” et “Wheels Of Steel”, difficile de récupérer son souffle entre deux morceaux. “Princess Of The Night” mettra fin à la prestation devant un parterre en folie. Biff annonce également que le groupe sera de retour en fin d’année, en compagnie de Girlschool, de quoi rattraper les différentes dates annulées récemment, qu’ils devaient faire en compagnie de Motörhead.
ONE OK ROCK (Stage 2) – Seulement quelques mois après son passage à l’Olympia en décembre 2015, la formation japonaise est de retour dans la capitale et compte plusieurs habitués qui sont venus les revoir. Cette escale est l’occasion de promouvoir le dernier album, “35xxxv”, que le quatuor mettra largement en avant (neuf titres sur les douze du set). Cependant, une abondance de chansons plutôt calmes et un manque d’énergie scénique laisseront le public sur sa faim.
THE STRUTS (Stage 3) – Vient l’heure d’aller jeter un oeil à l’un des groupes qui grimpe à une vitesse folle ces dernières années. The Struts, jeune quatuor anglais au palmarès impressionnant (ayant joué en première partie de The Rolling Stones par exemple, rien que ça! ) nous gratifie de son indie rock aux influences très glam, jusque dans les costumes. Si le son pourrait être meilleur, on admire néanmoins la performance scénique, très énergique, et surtout, l’incroyable voix de Luke Spiller.
BABYMETAL (Main Stage) – Plus qu’un groupe, il s’agit sans aucun doute de l’attraction de cette seconde journée. Quasiment tout Longchamp se masse donc devant la grande scène. Parmi les festivaliers, il y a des fans, mais surtout de simples curieux, intrigués par cet ovni kawaii metal tout droit venu du pays du Soleil-Levant, et venus juger par eux-mêmes.
Après quelques minutes de retard sur l’horaire prévu, une vidéo parodiant “Star Wars: The Force Awakens” est diffusée sur les deux écrans géants de chaque côté de la Main Stage, alors que les musiciens masqués et tout en blanc Takayoshi Ohmura (guitare), Mikio Fujioka (guitare) Daisuke “BOH” Bote (basse) et Hideki Aoyama (batterie) prennent place sur scène. Puis… plus rien pendant trente minutes, sans aucune explication. Alors que les plus impatients désertent peu à peu la pelouse de la Main Stage, les irréductibles se divertiront comme dans tout festival metal qui se respecte, à savoir via les caméras filmant les divers costumes des festivaliers : des Power Rangers, une tête de cheval, Pikachu (star malgré lui !), un pénis (!), mais pas de boobs, la production prenant soin de ne pas capter de nudité, grand public oblige.
C’est au bout d’une demi-heure que commence pour de bon le set de Su-Metal (chant), Yuimetal (growl) et Moametal (growl), non sans essuyer d’autres problèmes techniques dès “Babymetal Death”. En effet, si l’instrumental metal du Kami Band se fait beaucoup entendre, on ne peut pas en dire autant pour la voix J-pop des trois écolières, trop faible, si bien que certains crieront au playback. Mais le temps de set défilant, les jeunes japonaises enchainent donc les tubes “Megitsune” et évidemment “Gimme Chocolate!!” du premier album “BABYMETAL” paru l’an dernier, mais aussi le non moins connu “Karate” avant de terminer par “Metal Resistance”, extrait du second opus éponyme, le tout à un rythme effréné. Heureusement, la voix s’améliorera au cours de ce set à base de metal, de chorégraphie et même de circle pits, aussi étonnant que cela puisse paraître !
L’interruption brutale due à un sample, qui ne s’était pas lancé après la vidéo d’introduction, aura eu raison du court spectacle (seulement six morceaux en une demi-heure sur l’heure de jeu prévue). Si, pour certains, BABYMETAL est le moment WTF de cette première édition du Download Festival France, pour d’autres, ce sera plutôt un moment so kawaii !
AMON AMARTH (Stage 2) – Les sauvageons se donnent rendez-vous sans se soucier de BABYMETAL. Deux énormes dragons, en référence aux proues des drakkars, entourent la batterie et donnent quelque peu le ton des péripéties musicales à venir. Avec “The Pursuit Of Vikings”, Amon Amarth rentre dans le lard sans attendre. Les Suédois, menés par le charismatique Johan Hegg, vont déverser un flot saturé de melodic death metal devant un parterre déjà conquis. Quelques artifices fort appréciés accompagneront la prestation scénique. Néanmoins, malgré un bon gros show et une setlist calibrée pour tout ravager, le son n’est, lui, pas à la hauteur de l’événement. Les guitares et la voix sont en retrait ou tout simplement noyées sous les décibels de la section rythmique. Malgré tout, durant cette heure de cérémonie païenne, et aidé par les Dieux nordiques, Amon Amarth aura terrassé la Stage 2 avec une délicatesse sans pareille. Le groupe sera, quant à lui, de retour en Europe et dans l’Hexagone à la fin de l’année ! Qui souhaite en reprendre une petite dose ?
TWIN ATLANTIC (Stage 3) – Retournons jeter un oeil aux Ecossais de Twin Atlantic, que l’on avait déjà croisés à La Flèche d’Or début 2015. L’assemblée n’est pas très dense (difficile de jouer en même temps qu’un mastodonte tel qu’Amon Amarth) mais est très dévoué. On y trouve tout, que ce soit des fans hardcore connaissant toutes les paroles aux plus fêtards venus avec des drapeaux écossais. Sur scène, les musiciens frappent par leur humilité et leur professionnalisme, enchaînant les titres sans faute et étant très avenants avec l’audience. Rien à dire.
BIFFY CLYRO (Main Stage) – Placer Simon Neil et les frangins Johnston entre Babymetal et Korn n’est sans doute pas une idée judicieuse de l’organisation. Ou comment tenter de faire cohabiter un trio rock et deux groupes metal. Qui dit styles musicaux différents, dit public différent. Du coup, forcément, seuls les fans sont vraiment dans l’ambiance, ravis de retrouver les Ecossais à Paris. Sentiment réciproque pour la formation, comme l’annonce le bassiste James Johnston dans la langue de Molière s’il vous plait ! Car oui, Biffy fait partie de ces groupes, qui, comme Iron Maiden la veille, font l’effort de s’exprimer en français entre deux chansons. Certes, ce n’est pas encore du niveau de Bruce Dickinson, mais cette attention est fort appréciable.
Côté setlist, Biffy “fucking” Clyro interprétera, sur les quatorze morceaux, uniquement les singles tels que “Biblical”, “Mountains” et autres “Living Is A Problem Because Everything Dies” pour ne citer qu’eux, à l’exception des titres pré “Puzzle” (2007). En plus de proposer un simple set best of, Simon, James et Ben, accompagnés sur scène par deux musiciens additionnels dont un clavier, font également la promotion du nouvel album “Ellipsis” attendu pour le 8 juillet, défendu par “Wolves Of Winter” et le nouveau single “Animal Style”. A noter que la nouvelle chanson “On A Bang”, pourtant sur la setlist, n’a pas été jouée, probablement faute de temps. Au niveau de l’interprétation en elle-même, il faut avouer que le frontman tatoué, toujours aussi délirant dans ses mimiques, s’est davantage amélioré sur la justesse de son chant, par rapport aux premières dates de l’actuelle tournée (après une longue pause, on l’excuse). Dommage qu’il n’y ait pas plus de monde, mais comme on dit : les goûts et les couleurs.
JANE’S ADDICTION (Stage 2) – Véritable sensation fin 80 et début 90, Jane’s Addiction revient enfin en France, après plus d’une dizaine d’années de disette, si ce n’est plus encore ! A l’occasion de cette petite escapade européenne, le quartette fête les vingt-cinq ans de l’un de ses albums phares, “Ritual De Lo habitual”. Perry Farrell (chant), Dave Navarro (guitare), Chris Chaney (basse) et Stephen Perkins (batterie) viennent donc diffuser leur rock alternatif. Pendant un peu moins d’une heure, Perry et Navarro feront le show, accompagnés de danseuses quelque peu provocatrices mais si fidèles à l’image du groupe. Malheureusement, outre un son relativement bon, la voix de Perry sera difficile à distinguer dans le flot de décibels. Dave fera également face à quelques soucis techniques, montrant son agacement à son technicien sur le côté de scène.
Musicalement, la machine tient bien la route et on retrouve cette vibe si particulière. Navarro confirmera également qu’il est un excellent guitariste et pas seulement un animateur télé. Avec le show proposé, on saisit rapidement l’ambiance étrange des Américains, mais la voix gâchera le concert. Non pas que Perry soit faux, bien qu’il laisse paraître quelques difficultés par moment, mais simplement parce que ce volume ne lui rendra pas service. Enfin, la dernière petite déception est l’absence de “Jane Says”, qui sera joué la semaine suivante au Hellfest. Qu’il serait bon de les revoir en salle! Mais l’instabilité de la formation et ses différentes pauses n’aidant pas, on se demande bien quand on aura le plaisir de revoir Jane’s Addiction en France. Espérons que l’attente ne soit pas aussi longue qu’elle le fut cette fois-ci.
THE INSPECTOR CLUZO (Stage 3) – Ne passons pas à côté du magnifique ovni musical The Inspector Cluzo, dernier groupe de la journée sur cette Stage 3. “Ici, il n’y a pas de putain d’ordinateur”, scande le chanteur-guitariste Laurent Lacrouts dès le premier morceau. Et c’est vrai, le duo français dégage une force et une authenticité rares. Dans l’auditoire comme sur scène, l’ambiance est survoltée, et l’on oublie presque le peu d’instruments présents sur scène tant la musique est riche.
KORN (Main Stage) – A peine un an après son passage au Hellfest (où ils ont de nouveau joué le week-end suivant), Korn n’en reste pas moins un groupe attendu par le public. Si le choix de Jonathan Davis & Co, en tant que headliners pour clôturer ce samedi, est plus ou moins discutable, force est de constater que la formation neo metal de Bakersfield assure le rôle de tête d’affiche avec brio. Et les festivaliers sont plus qu’au rendez-vous pour accueillir le quintette californien, visiblement heureux de jouer au Download. Sans fioritures, les cinq musiciens ouvrent leur set avec “Right Now”. Il n’en faut pas plus pour exciter, dès les premiers riffs des guitaristes Brian “Head” Welch et James “Munky” Shaffer, les milliers de metalleux massés devant la scène principale du festival.
En une heure et demi, Korn jouera une setlist, principalement axée sur la période allant de “Korn” (1994) jusqu’à “See You On The Other Side” (2005), mettant de côté les quatre derniers albums studio, à l’exception de “Hater”, l’un des récents singles paru sur la réédition du dernier disque en date, “The Paradigm Shift: World Tour Edition” (2014). Mais si c’est dans ses vieux tubes que Korn puise pour proposer son set old school (le retour de Head depuis 2013 n’y est certainement pas étranger), certains morceaux sont obligés d’être sur la setlist à l’instar du court bout du “One” de Metallica en fin de “Shoots And Ladders”, le solo de batterie de Ray Luzier en milieu de set ou évidemment la reprise du “Another Brick In The Wall” de Pink Floyd, juste avant le rappel.
S’il y a toujours des éléments propres au groupe comme le pied de micro alien de “HIV” signé H.R. Giger, les cordes fluorescentes de la basse de Reginald Arvisu alias “Fieldy” ou encore la cornemuse et les freestyles du frontman, Korn arrive encore à surprendre, même après vingt-trois ans de carrière (on ne parle évidemment pas de la barbe du chanteur). On retrouve ainsi quelques morceaux rarement joués en live comme “Faget” pour le plus grand bonheur des fans, qui n’auront pas été déçus ce soir, ni par les chansons interprétées, ni par le jeu de scène, avec un Jonathan Davis particulièrement au top vocalement tout au long des dix-sept morceaux.
Korn fait du Korn, nous offrant un véritable retour en arrière, avec un bon set neo metal old school des familles. Que demander de plus ? Peut-être le jogging “Adidas” de Davis et, accessoirement, un éventuel comeback du batteur originel David Silveria (c’est beau de rêver, non ?).
Au terme de cette deuxième journée légèrement humide qui s’est terminée comme elle a commencé, les festivaliers, comblés mais fatigués, n’ont qu’une hâte : revenir le lendemain pour la véritable tête d’affiche de cette première édition : Rammstein !