Pour cette deuxième édition du Download Festival en France, Live Nation convoquait du lourd dès la première journée avec Linkin Park, Blink-182 et Gojira en tête de gondole. L’ancienne base aérienne 217 de Brétigny-Sur-Orge (nouvel emplacement pour le Download Festival France) accueillait aussi de beaux challengers avec Kvelertak et Pierce The Veil, sans parler des jolies découvertes de la journée avec Dead! et Mars Red Sky. L’occasion également pour les festivaliers de découvrir si l’organisation du festival est plus à la hauteur que l’édition passée ! Une chose est sûre, le Download veut frapper fort !
MALLORY KNOX (Main Stage 2) – Alors que l’ouverture des portes du festival a été retardée d’une demie-heure, c’est donc devant une foule clairsemée que le quintette rock alternatif de Cambridge inaugure les hostilités de cette seconde édition du Download Festival France, seulement trois jours après avoir ouvert pour Simple Plan au Bataclan. Aucune surprise, le set se focalise sur le troisième album “Wired” paru en mars. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que les Français ont de la chance de pouvoir les voir par deux fois, puisque le reste des dates de la même semaine fut annulé à cause d’un accident de la route survenu le lendemain de cette performance. Fort heureusement, tout va bien pour Mallory Knox !
DEAD! (Warbird Stage) – Les jeunes anglais de Dead! jouissent d’un buzz certain outre-Manche. Il est temps de confirmer cela avec des dates prestigieuses en Europe et, pour cette ouverture du Download français, le groupe peut compter sur un public plutôt nombreux. La formation donne une prestation pleine d’entrain et de spontanéité. Le groupe peut s’en remettre au charisme certain de son chanteur, sorte de Matt Healy (The 1975) version white trash afin de concentrer les regards. Le set est maitrisé même si la reprise de “My Generation” de The Who, trop semblable à l’originale n’apporte pas grand chose. Si Dead! confirme avec un premier album, il se peut qu’on soit en présence du Next Big Thing !
PIERCE THE VEIL (Main Stage) – Quelques mois après un Trabendo bondé, les Américains de Pierce The Veil foulent à nouveau le sol français. Sur une Main Stage un peu trop grande pour eux, les originaires de San Diego font preuve d’un professionnalisme typiquement américain. Si le médiocre n’est pas de leur fait, le sérieux de la prestation compense largement bien que le manque de folie ne rend pas le set passionnant. Naviguant surtout dans ses deux derniers albums, Pierce The Veil rend hommage au public français avant d’entamer “Circles”, chanson écrite suite aux attentats du Bataclan. Le tout avant de conclure avec un “King For A Day,” sans Kellin Quinn, repris par l’ensemble de la fosse.
KVELERTAK (Main Stage) – La sensation norvégienne Kvelertak qui, en trois albums seulement, est devenu un poids lourd du metal mondial. Avant de revenir à Paris en première partie de Metallica, le groupe s’arrête par Brétigny et donne une prestation décoiffante. Alliant puissance, folie et maîtrise, la formation offre le premier temps fort du festival. Si le dernier opus en date, “Nattesferd” (2016), est bien représenté, le groupe n’en oublie pas ses deux premiers essais et donne satisfaction à l’ensemble des fans présents. Si le sextette continue son ascension, nul doute que l’on pourra compter sur lui comme une vraie référence dans les années à venir.
DAGOBA (Warbird Stage) – Si l’on ne prend pas en compte le showcase durant la soirée d’écoute du nouvel album “Black Nova” à paraître le 25 août prochain, cette courte prestation d’une demie heure marque la première des Marseillais dans la capitale sans Franky Costanza et Z, remplacés l’an dernier par respectivement Nicolas Bastos (L’Esprit Du Clan, Deep In Hate) et JL Ducroiset (Xplore Yesterday), mais aussi la première interprétation live du single “Inner Sun”. Même si ce changement de line up pouvait beaucoup influer sur la qualité du set, il en n’est rien au vu du nombre de festivaliers rassemblés dans et à l’extérieur de la Warbird Stage !
THE CHARM THE FURY (Spitfire Stage) – Depuis la sortie du second album “The Sick, Dumb And Happy” en mars, voici enfin l’occasion d’entendre les nouvelles compositions en live. Festival oblige, le temps de set ne dépassera pas les trois quarts d’heure, mais ce qui est certain, c’est que dès l’entrée de scène avec “Echoes”, tous les regards et les oreilles se portent sur la frontwoman Caroline Westendorp, un tout petit bout de femme, maîtrisant tout aussi bien le growl et le chant clair, ne cessant d’haranguer la foule et de remuer sa crinière blonde. Elle nous ferait presque penser à Alissa White-Gluz (Arch Enemy) en beaucoup plus mélodique. A revoir en salle le 2 novembre au Cabaret Sauvage, en première partie d’Eluveitie et d’Amaranthe.
BLINK-182 (Main Stage) – Le tant attendu retour de Blink-182 sur les terres françaises ! Six ans après son passage à Rock En Seine pour nous présenter “Neighborhoods”, le trio revient, Tom DeLonge out, Matt Skiba in ! Sous un soleil de plomb, nul doute que l’ambiance collait parfaitement aux hits sucrés des Américains ainsi qu’aux blagues potaches de Mark Hoppus. Il fut un temps où Blink était au sommet du monde. Ce temps est révolu, notamment à cause des déboires internes du groupe et de ses dernières sorties pas si convaincantes.
Il est néanmoins agréable d’entendre les tubes qui ont bercé nos adolescences et de constater que Travis Barker n’a rien perdu de son talent. A contrario, Skiba ne compense toujours pas la départ de DeLonge. Très en retrait, le dude n’a malheureusement pas le charisme indécent de son prédécesseur et laisse le soin à Mark Hoppus d’animer les débats. Le trio propose une setlist best of, agrémentée des morceaux phares du dernier album “California” (2016), bien qu’ils fassent pales figures face aux tubes qui habitent le passé de la formation. Un retour dans le temps qui donne le sourire, mais qui, restons lucides, rend la chose agréable plus par nostalgie que par une véritable qualité de prestation.
GOJIRA (Main Stage 2) – Avec l’arrivée du set de Gojira, on a le sentiment que les choses sérieuses commencent enfin pour ce Download Festival France. Depuis leur passage lors du même festival il y a un an, les Français ont cartonné dans le monde entier avec leur album “Magma“, ont été nommé aux Grammy Awards et ont rempli deux Olympia à ras bord. Autant dire que désormais, Gojira joue dans la cours des très grands. Le monde devant la Main Stage 2 atteste d’ailleurs de cette forme de suprématie. Alors que le quatuor entre en scène sur “Only Pain”, issue de “Magma”, on constate avec joie la qualité et la puissance du son pour le set des Landais.
Accompagné d’un light show, que la nuit pas encore tombée ne met pas assez en valeur, et d’un écran géant diffusant de sublimes vidéos, le groupe déroule une intense prestation, incroyable de maîtrise et de puissance. Les titres s’enchaînent avec une fluidité hors norme et transportent les festivaliers dans des cieux encore jamais atteints. Gojira est visiblement ému de l’accueil qui lui est réservé par son audience. Joe Duplantier s’exprimera plusieurs fois avec une émotion certaine et devant les sourires qui animent les visages des quatre musiciens, on ne peut qu’être fier d’avoir rendu à ce merveilleux groupe, la richesse des émotions qu’il nous a permis de vivre ce soir. Gojira quittera la scène après un second rappel avec “Vacuity” et nous laissera encore émerveillé de l’heure passée en sa compagnie. Merci.
MARS RED SKY (Spitfire Stage) – Il est dommage que deux des meilleures formations de l’Hexagone jouent en même temps lors de ce Download Festival. Car, bien moins connus que Gojira, Mars Red Sky est ce qu’il se fait de mieux en terme de stoner metal en France, et en Europe. Et la prestation du trio ce soir confirmera une fois de plus ce statut. Jouant avec passion et intensité, la bande présentera un set massif, et nuancé. Malgré des conditions de jeu pas terribles, la formation française s’en sort avec les honneurs et, on l’espère, permettra à un plus grand nombre de revenir les voir une prochaine fois en salle.
LINKIN PARK (Main Stage) – Il est temps d’assister à cette première tête d’affiche, aussi attendue que controversée, de cette deuxième édition du Download Festival France 2017. Il faut dire que depuis la sortie du nouvel album “One More Light“, le sextette américain en prend pour son grade en raison du changement de style musical radical, totalement assumé par les musiciens, passant d’un son “rock” à un électro pop, de quoi perturber le public. Perturber est le mot.
Si Chester Bennington, Mike Shinoda & Cie, au top de leur forme, offriront une bonne performance dans l’ensemble, c’est surtout le choix de la setlist qui intrigue. On s’en doutait, l’alternance entre les anciennes et nouvelles chansons allait être difficile à assimiler pour l’auditoire. C’est bien le cas, puisqu’à chaque fois qu’un incontournable est joué, suivi d’un titre récent, l’ambiance retombe aussitôt tel un soufflé. Ce sentiment de frustration, l’audience le ressentira également sur “Crawling”, qui commencera en version piano voix avant de rester tel quel tout le long, alors que tout le monde penserait que ce serait la version électrique qui serait interprétée, que les instruments allaient donc reprendre le dessus au bout d’un moment, alors que non.
Même si l’assemblée, qu’elle soit certes frustrée ou qu’elle n’apprécie pas les nouvelles chansons, cette dernière se doit de rester respectueuse, non seulement envers le groupe, mais aussi envers ses fans (oui il y en a, rassurez vous !) massés devant la Main Stage. Il est donc inutile de bousculer, de siffler ( cf “One More Light”, “Heavy”), de lever son majeur ou de s’en aller en cours de set.
Il faudra attendre l’enchaînement “In The End” / “Faint” / “Numb” pour qu’enfin l’ambiance générale décolle vraiment, tout le public reprenant les paroles à l’unisson. Notons tout de même le gros fail (à qui la faute ?) dès les premières notes de “In The End” lorsque les spectateurs reprennent le début a cappella. Un moment assez drôle à la fois pour LP et pour les festivaliers !
Disons-le clairement : programmer Linkin Park sur ce festival n’est pas un choix judicieux. Mais comme on dit : les goûts et les couleurs.
NOSTROMO (Spitfire Stage) – Le monstre Nostromo est de retour. La formation suisse était en sommeil depuis onze ans et a refait surface l’an dernier. En accompagnant Gojira sur une partie de la tournée notamment. Cette prestation du soir est à son image : classe et incroyablement dévastatrice. Les jeunes fans se mêlent aux anciens alors que la formation distille son metal teinté de grind et de hardcore avec maîtrise et enthousiasme. Le quatuor a une annonce à faire d’ici quelques jours, espérons que le futur soit de nouveau radieux !
Bien que cette première journée nous ait offert de jolies fulgurances avec la prestation magnifique de Gojira et les sets très enthousiasmants de Kvelertak et Mars Red Sky, l’ouverture de cette seconde édition du Download Festival français restera la journée la plus faible des trois jours. La faute aux sets en demi teinte de Linkin Park et de Blink-182, et surtout, à une ambiance plutôt morne pour un festival de rock/metal. Bien que le contraste s’amenuisera les jours suivants, le Download a beaucoup trop souffert de la comparaison avec le Hellfest en cette première journée. Il reste du boulot !
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