Passé d’une scène annexe de Rock En Seine aux plus grands stades mondiaux en une décennie, Ed Sheeran revient à l’Accor Arena à l’aube de la sortie de son nouvel album Subtract. Récit d’une soirée mémorable, parsemée de grands classiques et de belles surprises.
Cian Ducrot
Pour cette mini-tournée, c’est CIAN DUCROT qui a la lourde tâche de faire patienter une foule qui s’est arrachée les billets de cette date sold out. Accompagné d’une batterie et d’un claviériste/guitariste additionnel, le jeune homme profitera de la demi-heure qui lui est accordée pour dévoiler tout son potentiel. L’émotion est au rendez-vous de cette prestation, au moment d’interpréter son nouveau single, “Part Of Me”, évoquant le suicide de son meilleur ami. Mais l’intensité atteindra son point culminant sur la sublime “All For You” et son refrain bouleversant. La ressemblance vocale avec Lewis Capaldi ou encore James Arthur est saisissante, associée à une maitrise assez bluffante.
Non content d’être un vocaliste hors pair, c’est également un musicien accompli qui se produit ce soir. Alternant entre guitare, piano et même flûte traversière, c’est peu dire que Ducrot se décarcasse ! Issu de l’union d’une mère française et d’un père irlandais, il multipliera les échanges avec le public dans un français impeccable. Il apprendra toutefois à ses dépens que la réciproque ne va pas forcément de soi, en voulant faire apprendre un passage (trop) conséquent d’une nouvelle chanson. Heureusement, le public se rattrapera sur des “lalala” plus universels, ou en éclairant la salle à la lueur des smartphones. Le set passe à toute vitesse, s’achevant sur son titre le plus connu, “I’ll Be Waiting”. Ayant certainement fait grossir les rangs des personnes attendant son premier album, Cian Ducrot a démontré qu’il avait toutes les qualités pour basculer très vite dans la “A Team“.
Ed Sheeran, Monsieur “+”
Le court entracte d’un quart d’heure nous laisse le temps de nous familiariser avec la mise en scène. Ornée d’un “simple” écran géant et de quelques bandes lumineuses, cette date à l’Accor Arena parait presque intimiste au regard des derniers Stade De France. C’est armé de cette même simplicité (et de son éternel guitare) que ED SHEERAN lance les hostilités avec “Give Me Love”. Si le jeune homme utilise comme de coutume son looper pour enregistrer des boucles de guitares, percussion ou voix, il décide de s’appuyer sur le public pour l’impliquer d’entrée. Divisant la salle en deux, il pourra compter sur chaque coté pour l’accompagner avec des “ohoho” entonnés avec conviction par l’assistance.
Ed ne cache pas son plaisir d’être ici, souriant et interagissant beaucoup avec l’auditoire. Ce début de concert est l’occasion de revenir sur son premier album + (2011). Le chanteur rappellera, avant la très rare “The City” qu’il l’avait joué devant à peine cent personnes lors de son premier concert dans la capitale. Ce sont désormais vingt mille âmes qui vibrent à l’unisson sur “Lego House” ou “The A Team”, nimbant l’arena de flash de smartphone.
L’artiste n’a pas oublié son dernier passage estival, et met au défi l’audience de mettre autant d’ambiance que lors de sa dernière tournée. Si la foule était jusque-là assez statique, le mashup de “Don’t” fera se dresser toutes les mains en l’air, au rythme des ajouts d’extraits de 50 Cent ou de Dr Dre. L’hymne “Castle On The Hill” achèvera de faire décoller l’ambiance (et les jambes) du public. Un enthousiasme qu’Ed Sheeran saluera d’un “vive la France” dans la langue de Molière.
La soirée des premières
Mis en confiance par ce qu’il déclarera par la suite être “le meilleur show de la tournée“, l’Anglais décide de jouer en exclusivité mondiale le titre “Boat”. Il demandera en retour à l’audience d’être attentive et respectueuse, une démarche qui sera appliquée à la lettre par l’Accor Arena se faisant cathédrale. Cette bienveillance est au rendez-vous de part et d’autre de la scène, le Britannique n’hésitant jamais à interrompre son concert pour attirer l’attention sur une personne en difficulté.
Mais les surprises ne s’arrêteront pas là ! Décidé de faire de cette date la soirée des premières, le chanteur a réservé un cadeau à ses fans en accueillant Vianney pour interpréter leur collaboration “Call On Me”. L’occasion d’un beau moment de complicité (qui donnera l’occasion d’entendre Ed Sheeran nous gratifier de quelques paroles en français).
Dévoilé quelques jours auparavant, le nouveau single “Eyes Closed” retentira également pour la première fois dans l’Hexagone. Le songwriter confie qu’il lui est particulièrement difficile d’interpréter ce morceau, rendant hommage à son meilleur ami disparu. Toutefois, l’idée que chacun fasse entrer ses compositions dans son propre univers (citant notamment des retours de fan sur “Perfect”) lui parait être une très belle chose. Espérant que ce titre connaisse le même destin, ce sont les yeux fermés de bout en bout que sera joué ce morceau, dans un moment suspendu empreint d’émotion.
Avalanche de tubes
Si les inédits sont accueillis avec enthousiasme, la seconde partie du set est l’occasion de perdre sa voix sur les plus grands succès du chanteur. Le trio “Photograph” / “Thinking Out Loud” / “Perfect” est repris dans une harmonie totale, s’achevant à la lumière des flashs pour un rendu tout simplement féérique. Mention spéciale aux danseurs de lumières projetés sur l’écran géant, participant à l’atmosphère enivrante du moment.
Outre ses ballades pop, certains découvrent la fibre plus folk de l’artiste. La filiation revendiquée avec Damien Rice se fait particulièrement sentir sur “Bloodstream”. L’empilement des boucles voix/instrument, associé au clapping massif de l’assemblée, crée un véritable volcan, apportant une belle profondeur au concert. Plus tôt, “I See Fire” mais surtout une version a capella du chant traditionnel irlandais “The Parting Glass”, avait déjà atteint des sommets d’intensité.
Les calculs sont très bons
L’arrivée du rappel nous fait prendre conscience qu’Ed Sheeran réalise l’exploit de tenir la scène seul depuis déjà deux heures. Insatiable, le Britannique est retour après une pause aux allures d’aller/retour, pour lancer une fin de set d’anthologie.
“Shape Of You” fera ainsi danser et chanter, de la fosse aux tribunes, des paroles connues sur le bout des doigts. La star du jour veut les personnes les plus folles possibles sur “Bad Habits” ? L’Accor Arena se transforme alors en trampoline géant, dans l’euphorie générale. À la vue de l’énergie de cette version solo, difficile de ne pas saliver à l’idée à ce qu’aurait donné celle entrevue avec Bring Me The Horizon. La prochaine fois ? Cerise sur le gâteau, c’est le traditionnel mais toujours efficace “You Need Me, I Don’t Need You” qui achèvera Paris. L’occasion de se draper d’un drapeau bleu/blanc/rouge lancé par un fan, en faisant étalage de tout son flow, avant de quitter la scène avec la certitude du devoir accompli.
Une setlist best of, des fans enthousiastes, un artiste respirant la simplicité et le plaisir de partager : tous les ingrédients étaient réunis pour un excellent moment. Si l’auteur a révélé avoir vécu des drames personnels ces derniers mois, c’est un plaisir de le voir délivrer une prestation aussi généreuse. Avant la sortie du dernier volet de sa période “mathematic” le 5 mai prochain, Ed Sheeran semble avoir trouvé la bonne formule.
1 Commentaire
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C’était vraiment un concert magistralement magique. Ed est un génie et sacré performer sur scène. Il m’avait déjà scotché au Stade de France, mais ce dimanche à l’Accor Arena c’était indescriptiblement époustouflants !!