Un an après être venu présenter, “I Am Human”, Escape The Fate est de retour au Trabendo. Si cet opus marquait une volonté de revenir aux sources, il faut bien avouer qu’il avait davantage laissé une impression mi-figue, mi-raisin. Difficile, au contraire, de contenir sa joie à l’annonce de cette tournée anniversaire des dix ans de “This War Is Ours”, premier album de l’Escape The Fate 2.0 ! Alors, l’étincelle des premiers amours est-elle toujours en vie ? Récit d’une soirée en trois actes.
A 19h30, c’est THE WORLD OVER qui démarre les hostilités devant une salle à moitié pleine. Le groupe de Los Angeles surfe sur un mélange émo/post hardcore très classique qui reprend sans grande saveur tous les codes du genre ! Malgré une frontwoman pleine d’entrain et de motivation à donner le meilleur, le son plutôt brouillon et la voix empêchent d’apprécier le potentiel du quatuor. Si les quelques parties screamées fonctionnent plutôt bien, le chant clair dominant est assez catastrophique car rarement juste. Ceci n’empêche pas d’apprécier les quelques arrangements chiadés à la guitare et la conclusion un peu plus agressive qui sauvent la prestation des Américains.
La difficile place de groupe intermédiaire revient à SLAVES ce soir. Encore plus quand on sait que son chanteur, Jonny Craig (Emarosa, Dance Gavin Dance) a quitté le navire la veille de la tournée. Pourtant, la prestation démarre sous de meilleurs auspices avec un son bien meilleur. Ici pas de scream mais un chant clair tout en maîtrise qui n’a aucun mal à gravir les aigus. Carton plein pour ce remplaçant de dernière minute ! Le son grave des guitares sept cordes et les harmonies ne trompent pas, on a affaire à un groupe de djent, plutôt rôdé en dépit du côté radiophonique pas déplaisant de certaines chansons.
Malgré trois albums à leur actif, les Californiens ne joueront que des morceaux de leur dernier, “Beautiful Day”, paru en 2018. Du phrasé étonnamment rap sur “Patience Is The Virtue” au sens de la mélodie sur le final “I Know A Lot Of Artists”, Slaves n’évite pas quelques poncifs du genre mais parvient à les faire oublier habilement en livrant une prestation énergique et efficace. Preuve que le public français est tombé sous le charme, le chanteur s’est vu offrir une rose !
C’est avec un gros quart d’heure de retard et dans le noir absolu que retentit “Bohemian Rhapsody” de Queen. Le public ne perd pas espoir en reprenant en cœur les paroles avant que ne débarque ESCAPE THE FATE. Pas de temps à perdre, les premières notes de “We Won’t Back Down” lancent les pogos et le début de “This War Is Ours”, joué en intégralité et dans l’ordre ce soir. Le plongeon dans le passé peut commencer pour un Trabendo plein à craquer ! C’est au rythme de ces classiques d’un autre temps que Craig Mabbitt et ses compères donnent tout : les musiciens débordent d’énergie et s’emparent de la scène comme personne. Ajoutez à cela le traditionnel look rockstar, lunettes aviator sur le nez et autres accessoires vestimentaires douteux et les Américains nous immergent encore plus dans cette improbable rétrospective.
Si “The Flood” reprise à tue-tête met tout le monde d’accord, d’autres titres comme la plaintive “Ashley” font quand même ressentir le poids des années. Même si réel, le décalage ne fait pas pour autant barrage à la nostalgie dont les effets ne tardent pas à se faire ressentir. Malgré des musiciens précis et bien en place, la voix de Craig Mabbitt est en demi-teinte ce soir. Pas au sommet de sa forme, le frontman n’hésite pas à tourner le micro vers l’assemblée. A tel point qu’il ne chante pas certains refrains ou couplets et que l’on finit irrémédiablement par ressentir que le chanteur préfère se reposer sur un auditoire qui s’époumone à cœur joie. Relativisons ceci en rappelant que Paris fait partie des dernières dates de cette longue tournée.
Après “It’s Just Me” qui conclut quarante minutes de set, les Américains s’éclipsent le temps d’un court rappel pour revenir asséner la suite, un melting pot majoritairement centré sur le dernier album.
Le public ne boude pas son plaisir, Escape The Fate semble être paradoxalement encore plus à l’aise avec cette partie plus récente et accessible de sa discographie ! C’est sur le hit en puissance “One For The Money” que se conclut un set d’un peu plus d’une heure. Le concert se termine de la même façon qu’il a commencé, à savoir sur une chanson de Queen, “We Are The Champions”, qui tombe à point nommé pour rendre hommage à l’audience si fidèle.
Après quinze ans de carrière et six albums, Escape The Fate reste l’une des figures de proue d’un genre qu’il a contribué à créer et répandre dans le monde entier. Si le quatuor semble s’être égaré avec son petit dernier, faute à un genre qui lui-même se noie et peine à se renouveler depuis des années, les rockstars du Nevada ont offert à leur public un cadeau inestimable : la nostalgie sucrée de pouvoir revivre une époque sacrée pour les uns et celle de la découvrir pour les autres, peut-être trop jeunes ou simplement absents il y a dix ans.
1 Commentaire
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Bonjour,
Tout d’abord Merci pour cette revue car je comprend qu’elle résulte de beaucoup de travail de votre part.
Plusieurs points me dérangent sur ce que vous dites :
– concernant “The World Over”, certes leurs cleans ne sont pas des plus parfait mais l’ambiance, l’energie et le scream ont compensé ce petit default compréhensible après 1 mois de tournée. Leur dernier morceau avec un guitariste en plus, ancien membre à ce que j’ai compris, a mis une super ambiance la ou j’etais.
À regarder la réaction du publique, je pense que nous avons été conquis et cela se traduit notamment par le monde qui était présent au « merch » après le concert.
– en ce qui concerne « Slaves » très bonne performance musicale je suis d’accord mais de vous à moi, aucune interaction avec le publique appart la rose
– pour « Escape the Fate » , je suis fan de longue date, mAis je suis très déçu de la performance de Craig qui n’etait Pas du tout en point ! Le groupe en lui même et la performance était je suis d’accord excellente.
Voilà je voulais simplement donner mon avis
Merci de votre travail
À bientôt