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FESTIVAL BEAUREGARD 2012 – Jour 3 (08/07/12)

Dans un festival, le dimanche est traditionnellement la journée la plus familiale, celle qui a la programmation la plus consensuelle. Beauregard ne déroge pas à la règle avec à l’ordre du jour des groupes plus grand publique que ceux du vendredi et du samedi. Ainsi, avec Thomas Dutronc, Brigitte, et Camille, c’est une affiche plus éloignée de notre ligne éditoriale que le festival normand propose en ce troisième jour.

Apres deux journées passées en grande partie sous la pluie et qui se sont terminées à plus de 5h, il nous est difficile de tenir le timing. Aussi, malheureusement, nous arrivons sur le site vers 17h soit à la fin du concert de DEATH IN VEGAS.

Alors que le soleil a enfin fait son apparition sur Beauregard, on profite des deux concerts suivants (THOMAS DUTRONC et BRIGITTE) pour assister à la conférence de presse de Pony Pony Run Run et pour faire un petit état des lieux du site après la journée pluvieuse de la veille. La boue n’a pas disparue. Le terrain reste bien gras à certains endroits. A moins d’être équipé de bottes en caoutchouc, la grande tente dédiée à l’espace de restauration est quasiment inaccessible. De même, une bonne partie de la pelouse de la grande scène est un véritable champ de boue. Ailleurs, le paillage mis en place par l’organisation limite les dégâts. Certains festivaliers trouvent même des surfaces de pelouse relativement intacte et sèches sur lesquelles ils peuvent s’allonger.

Le premier concert dont nous assistons est celui du groupe rock alternatif formé dans les années 90 autour de Shirley Manson : GARBAGE. Apres une pause de sept ans, le groupe fait cette année son retour sur scène. Beauregard fait partie d’une tournée dans laquelle les Garbage viennent défendre les chansons issues de leur cinquième album sorti en mai dernier, “Not Your Kind Of People“. Tournée qui compte de nombreuses dates en France. Au-delà de leur passage au Zenith en novembre prochain, le groupe écume en effet cet été un nombre important de festival français (Solidays, Main Square, Musilac, Vieilles Charrues). Il est 19h15 lorsque la chanteuse arrive sur scène avec une tenue noir sexy (tenue qui rappelle un peu celle d’Izia la veille mais qu’elle porte de manière beaucoup plus sobre), le chignon haut perché sur la tête qu’elle arbore depuis le début de la tournée et des lunettes de soleil à la Ozzy Osbourne. Les quatre membres du groupe commencent leur set avec une chanson de leur nouvel album, “Automatic Systematic Habit”. Puis, pour donner le ton, ils enchainent directement avec les tubes qui ont fait leur succès il y a une quinzaine d’années dont  “I Think I’m Paranoid”, “Queer” ou encore “Stupid Girl”. Même si l’on voit bien que la frontwoman et ses acolytes ont pris quelques années depuis leur tournée qui était passé par la France en 2005, l’énergie est là et on voit immédiatement que le show est bien rodé. Le public pour sa part se montre un peu timide au début du show. “Why Do You Love Me” décoince tout ce petit monde qui commence à sauter et à slammer. Parmi les titres présents dans la set list ce soir, on peut citer entre autres “Vow”,”Push It”, “Cherry Lips” , “Blood For Poppies” et “Big Bright World”. Avant de quitter la scène, la chanteuse d’origine écossaise annonce que le prochain concert ici sera celui de ses confrères : les Franz Ferdinand.

En effet après le show de CAMILLE sur la scène B, c’est le groupe de rock écossais FRANZ FERDINAND qui investit la scène A. Dès qu’Alex Kapranos se montre au public, nous nous faisons une remarque : “2012 est vraiment l’année de la moustache chez les rockeurs”. Après Anthony Kiedis (Red Hot Chili Peppers), Brandon Boyd (Incubus), voilà que c’est le chanteur de Franz Ferdinand se laisse aller à cette petite excentricité pilleuse. Et, comme pour les deux autres, il faut avouer que le résultat est…très moche. Le public est présent en masse à ce concert. Il faut dire que les tubes du groupe sont des vraies machines à bonne humeur auxquels il est difficile de ne pas succomber. Et le groupe le sait. Aussi, pour ne pas perdre une minute et mettre d’emblée tout le monde dans l’ambiance, il joue d’entrée l’un des singles par lequel ils se sont fait connaitre en 2004 “The Dark Of The Matinée”. L’audience réagit au quart de tour. Dès ce premier titre, tout le monde danse et chante et certains slamment déjà. Cela va durer de cette manière pendant l’heure et demi ou ils vont occuper la scène. A aucun moment la pression ne sera relâchée par le groupe et à aucun moment le public ne montrera des signes de faiblesse. L’ambiance frôle l’hystérie sur certain des anciens tubes de Franz Ferdinand tels que “Take Me Home”, “Jacqueline”, “This Fire”, ou encore “Michael”. Et, même lorsque la formation joue des titres qui devraient sortir sur un nouvel album prévu courant 2012, les festivaliers continuent à danser (“Scarlet & Blue”, “The Universe Expanded”, “Trees & Animals”). Le rythme du show est tellement soutenu que le chanteur ne prend quasiment pas le temps de s’adresser au public. Le spectacle semble se terminer sur une impro à la batterie par les quatre membres sur “Outsiders”. Mais quelques secondes après avoir quitté la scène la voix du frontman retentit, tous reviennent alors sur une scène plongée dans des lumières rouge pour nous jouer un “This Fire” endiablé.

Apres la bouffée d’énergie et de bonne humeur prise au concert de Franz Ferdinand, c’est le groupe qui a joué pour la Fête De La Musique à Matignon qui est programmé sur la scène B : PONY PONY RUN RUN. Apres avoir confié en conférence de presse dans l’après-midi qu’ils avaient eu quelques difficultés à arriver au festival (tourbus qui s’est retrouvé coincé à deux reprises dans la boue du parking et a dû en être extrait par un tracteur), les Pony Pony Run Run sont bien au rendez-vous pour un concert où ils vont entre autres présenter les chansons de leur dernier album sorti cet année. A propos de ce disque d’ailleurs, ils nous disent ne pas avoir donné de nom car ils n’arrivaient pas à se mettre d’accord sur un titre. L’ambiance qui règne lors de ce concert est dans la lignée de celle du précédent. On a des chansons très dansantes qui sont jouées et un public très réceptif, qui a envie de participer. Au delà de la qualité des morceaux et de leur interpretation, la bonne ambiance est entretenue par un Gaétan (chant/guitare) qui communique beaucoup avec l’auditoire et joue avec celui-ci. Il lui fait par exemple du chantage à la danse : “Si vous arrêtez de danser, on arrête de jouer”. La setlist qui est donnée ce soir alterne des titres issus des deux albums du groupe comme “Hey You”, “Walking On The Line”, “Just A Song”, “1997 (She Said Alright)”.

Comme la veille cette journée se termine par un DJ set, celui de PAUL KALKBRENNER. Même si la clôture du festival est prévue ce dimanche plus tôt que les deux jours précédents, beaucoup s’en vont à la suite du concert de Pony Pony Run Run. Ce sont les plus motivés qui se dirigent vers la grande scène pour des derniers pas de danse dans la boue.

Même si la météo du dimanche s’est montrée plus clémente, la 4ème édition du Festival de Beauregard se sera tenue sous le signe de la pluie et de la boue. En même temps cela n’est pas étonnant compte tenu de la météo générale sur l’ensemble de la France depuis le début de l’été, et, il ne faut pas l’oublier le fait que nous étions en Normandie. On peut ici souligner le professionnalisme de l’organisation qui a su anticiper et limiter les dégâts de la pluie grâce à un paillage qui s’est avéré efficace. Côté programmation, ce que l’on retiendra de ce Beauregard 2012 c’est, comme plusieurs artistes se produisant ce week-end l’ont souligné eux-mêmes, une programmation éclectique mais néanmoins de grande qualité. Pour ce qui nous intéresse plus particulièrement on notera des concerts rock bourré d’énergie à l’image de celui des français de Dionysos ou de Shaka Ponk ou des américains de Gossip et de Garbage. Côté ambiance, on se souviendra que la pluie et la boue n’ont pas entaché la bonne humeur des festivaliers qui pendant trois jours ont dansé, chanté et pleinement participer aux spectacles. Il semblerait donc que le jeune festival normand fasse ainsi, petit à petit, sa place aux côtés de ses ainées.

 

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