Le rendez-vous était donné au Trianon, le 19 septembre, pour assister au premier concert de Flying Colors sur le sol français. Mais qui se cache derrière cette formation ? Un supergroupe, comme il est de nos jours courant de voir, composé d’excellents musiciens et techniciens. Parmi eux, Mike Portnoy (ex-Dream Theater, Adrenaline Mob), Steve Morse (Deep Purple), Neal Morse, Dave LaRue et enfin Casey McPherson, qui complète cet excellent line up. Loin du metal progressif ou du classique hard rock purplesque, c’est dans un rock progressif mélodique que s’exprime Flying Colors. Leur premier album, éponyme, est sorti au mois de mars chez Mascot Label Group et c’est celui-ci que le groupe va proposer lors de cette tournée européenne. Après avoir écouté lle disque, ou l’harmonie est omniprésente tant musicalement qu’humainement, va-t-elle se traduire de la même manière sur scène ?
Beardfish lance les hostilités devant une salle assez bien remplie. Ce groupe suédois évolue également dans un pur rock progressif, avec des compositions excellemment bien ficelées. Inspirés des mythiques Genesis et Yes, cette jeune formation créée en 2001 a sorti son nouvel album “The Void”, en aout dernier. Composé d’un chanteur en la personne de Rikard Sjöblom, David Zackrisson à la guitare, Magnus Östgren à la batterie et enfin Robert Hansen à la basse. Rikard n’est pas qu’un simple chanteur, il est également aux claviers et tiendra également le rôle de second guitariste par moment. Ils ne joueront que cinq morceaux, mais la durée totale de 45 minutes impressionnera le public parisien. Qu’attendre d’un groupe de rock progressif ? Des mélodies, des structures totalement farfelues qui peuvent parfois n’avoir aucun lien entre elles et le tout dans une ambiance très old school. Le premier titre joué est “And The Stone Said “If I Could Speak” ” qui alterne les tempos sans retenu durant un quart d’heure plein de rebondissements. “Destined Solitaire” frappera à son tour la salle du Trianon. Quelques éléments proches du metal progressif, le coté technique, seront frappants et Rikard s’emploiera à utiliser le growl sur un moment. Par la suite, des éléments relatifs à Opeth peuvent être observables, selon les sensibilités de chacun bien entendu. Scéniquement très sobre, le brin de folie attendu viendra du coté de Robert, le bassiste. Contrairement à Yannick Noah qui évolue pieds nus sur scène, celui-ci se présente en chaussettes ! Toujours dans un groove déconcertant, il ne cessera de gesticuler sur scène, transcendé par la musique. Ajouté à cela, remarquons également que le batteur est d’une simplicité sans nom, lui qui doit imprimer le rythme et ses changements divers au cours de la prestation. “Voluntary Slavery” conclue leur passage, de façon plus brute et laisse ainsi place à la tête d’affiche.
Alors que guette 21h dans ce cadre magnifique, les lumières s’estompent et laissent place à la magie du talentueux quintette. “Blue Ocean” sera le premier morceau, avec sa petite introduction, le public sera réceptif d’entrée pour accueillir comme il se doit le groupe. La salle n’avait pas installé la crash barrière, donc le premier rang était accoudé à la scène, renforçant la proximité entre les deux parties. La communication est omniprésente entre le combo et le public, surtout avec Mike Portnoy qui n’arrêtera pas d’interpeller le public. Les titres s’enchainent sur un bon rythme et quelques reprises seront à l’ordre du jour; chaque reprise s’identifiant au passé de chacun des artistes présents sur scène. La première sera “Can’t Find A Way” d’Endochine, et non Indochine, dans lequel a officié Casey. La voix de Casey est très passe-partout, elle peut nous rappeler quelques standards de la pop, car elle s’accorde parfaitement avec une multitude de style et de mélodie. L’intégralité de leur album sera joué, soit environ une bonne heure exclusivement consacrée à leur magnifique opus. “Forever In A Daze” amènera un peu de peps avant d’entamer la seconde moitié du set. Cependant une magnifique reprise de “Hallelujah”, interprétée par Casey, va véritablement faire sensation auprès du public. Bien qu’il reprenne ce classique à sa façon, l’émotion envahira toute la salle et cet artiste nous surprendra encore une fois, et tout cela pour sa première à Paris, ville où il n’avait joué avec ses précédentes formations. “Better Than Walking Away” fera la transition en toute douceur, histoire de ne pas brusquer l’audience, qui rêvasse encore à cause de la chanson précédente. Une fois de plus, c’est de manière progressive que le Trianon va reprendre ses esprits et replonger dans l’univers coloré du combo. Puis, enfin, le moment attendu par beaucoup de monde, “Kayla”. Un des meilleurs titres de l’album, avec son introduction médiévale rappelant Blackmore’s Night, bien que ce soit Steve Morse, sacrée coïncidence ! A propos de Steve, que dire ? L’univers rock et hard rock sait qu’il est l’un des guitaristes les plus talentueux au monde; il ne joue pas au sein de Deep Purple par hasard. Son jeu est si caractéristique et identifiable parmi beaucoup; il est également possible de faire le rapprochement entre ces morceaux et quelques compositions qui lui sont propres, paru via son groupe solo. Puis “Fool In My Heart” verra Mike Portnoy au chant, lui qui apprécie faire les back vocals, quel que soit le groupe où il a officié. Interlude avec Dave à la basse avant de débuter “Repentance”, une cover de Dream Theater, avec une fois de plus Mike au chant, assurant de manière efficace. Au tour de Neal d’y aller de sa petite chansonnette, “June”, tout acoustique et à plusieurs voix, mettant encore Mike à contribution. Place au rappel après “All Falls Down”, avec “Infinite Fire” et ses douze minutes de magie, fun, groove ! Chacun ira de son petit solo histoire de marquer ce magnifique moment, avant de mettre fin à leur prestation.
Le groupe reviendra, avec un deuxième album ? Peut-être bien. Quoiqu’il en soit, la prestation parisienne fut excellente et convaincante. Le cadre du Trianon se prêtait grandement à l’ambiance du show et c’est avec un large sourire que nous quittons les lieux. Flying Colors sortira un DVD/Bluray du concert de Tilburg, filmé le lendemain, dans un avenir plus ou moins proche, de quoi se réjouir donc.
Setlist :
Blue Ocean
Shoulda Coulda Woulda
Love Is What I’m Waiting For
Can’t Find A Way
The Storm
Odyssey
Forever In A Daze
Hallelujah
Better Than Walking Away
Kayla
Fool In My Heart
Repentance
June
All Falls Down
Everything Changes
—-
Infinite Fire
Crédit photos : Serge Tenani