Stars des ondes radio dans les années 80 grâce à des hits comme “Urgent”, “I Want To Know What Love Is”, ou “Jukebox Hero”, Foreigner continue d’écumer les salles de concert après plus de trente ans d’existence. Malgré un line up très largement modifié depuis les débuts (le guitariste, compositeur, et membre fondateur Mick Jones en étant le seul rescapé), Foreigner séduit un large public puisque ce soir le Bataclan qui les accueille affiche complet.
Il est 19h50 lorsque les lumières baissent sur un public essentiellement quinqua qui patientait au son d’un Bon Jovi. Sur le fond de la scène trône leur logo “FM” rouge, tandis qu’une intro enregistrée les présente à l’ancienne. Les cinq musiciens de FM entrent et entament le show avec “Tough Love”. En veston ou petite veste en cuir, les musiciens changent de côté, secouent leurs instruments, lèvent l’index, invitent les fans à taper des mains, et exécutent leurs solos les jambes écartées ou grimpés sur un ampli. Jem Davis, coupe en brosse et biscotos apparents, lâche son clavier Korg pour en enfiler un autre en bandoulière pour leur “I Belong To The Night” de 1986. Steve Overland annonce qu’ils n’étaient pas venus à Paris depuis vingt ans et les anglais semblent heureux de jouer ensemble. Ils égrainent avec entrain pendant une quarantaine de minutes leur Rock FM souvent plutôt réussi dans le genre (“Crosstown Train” ou “Let Love Be The Leader”…).
Une crash barrière, des affiches RFM, la salle du boulevard Voltaire se remplit tranquillement. Entre Billie Idol et Pat Benatar, les roadies démontent absolument tout, essuient le sol avec des serviettes, décollent les morceaux de gaffer, la scène offrant maintenant un grand espace libre.
21h : des sons synthétiques puis l’annonce de la prochaine prestation : “Ladies and gentlemen, please welcome : Foreigner!”. Devant le logo FOREIGNER, six musiciens sont présents sur scène (il manque Mick Jones). Thom Gimbel passe de la guitare à un clavier à roulettes qu’il fait glisser sur le devant, tandis que Michael Bluestein s’occupe d’un autre situé en hauteur, près de la batterie de Mark Schulman qui jongle avec ses baguettes. Jeff Pilson bourrine un peu à la basse, et le bouclé Bruce Watson (guitare) n’arrête pas de sourire. Ce soir, le vocaliste Kelly Hansen, sosie crédible de Steven Tyler, fête ses 53 ans, Jeff Pilson lui joue “Joyeux Anniversaire” à la basse tandis que le public improvise en chœur un “happy birthday to you”. Le roi du jour descend et chante “Cold As Ice” sur la barrière avant de proposer une pause parce que “je vois que vous êtes fatigués” “pas moi mais vous” blague-t-il un peu essoufflé. La trêve, ça sera le slow qui tue “Waiting For A Girl Like You” à l’issue duquel Hansen reprend la parole : “il manque quelqu’un, quelqu’un qui a créé le groupe”. Surprise ! Entre sur scène Mick Jones, tout de blanc vêtu, dégarni mais peroxydé, et coiffé en pétard. Au complet cette fois, ils reprennent avec leur plus vieux titre “Feels Like The First Time” (1976). Voici “Urgent”, avec Thom Gimbel au sax pour le célèbre solo. Le tube de 1981 est parfaitement exécuté, dans une version plus rock que celle du disque, notamment sur l’intro à la guitare de Mick Jones. Ce dernier s’adresse au Bataclan en français : il a vécu en France pendant sept ans et il est “toujours un peu franglais sur les bords”. Puis il annonce un vieux titre, qui n’a pas forcément été un succès, mais qui lui tient à cœur. Ce sera “Starrider” (1977) qu’il interprètera lui-même, avec flûte traversière et guitare électro acoustique. Pour conclure, une version sous les claps d’un “Jukebox Hero” qu’ils font durer à loisir. Sortie à 22h12 puis retour immédiat. Hansen n’a pas un grand succès quand il invite chacun à mettre le bras autour de son voisin, en revanche il en a beaucoup plus lorsqu’il demande de chanter avec eux : tout le monde reprend le refrain de “I Want To Know What Love Is”. “Hot Blooded” pour finir, avec Michael Bluestein (claviers) qui switche à la basse, puis lancer de médiators et baguettes dans la bonne humeur générale après une heure trente de show.
Certes, il ne reste des légendaires Foreigner des débuts que Mick Jones, et sans que l’on ne sache trop pourquoi, il n’est entré que sur le cinquième titre. Kelly Hansen le “chanteur remplaçant”, moins charismatique que Lou Gramm, s’en tire tout de même très bien et ne démérite ni vocalement, ni physiquement. La machine à tubes bien huilée, assortie au son de qualité de ce soir nous ont offert une excellente soirée.
Setlist :
Double Vision
Head Games
Cold As Ice
Waiting For A Girl Like You
Feels Like The First Time
That Was Yesterday
Dirty White Boy
Starrider
Urgent
Keyboard Solo
Drum Solo
Juke Box Hero
—-
Long, Long Way From Home
I Want To Know What Love Is
Hot Blooded