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GEORGE EZRA @ La Cigale (01/11/18)

Il y a d’abord eu “Did You Hear The Rain?”. Puis “Budapest”. “Blame It On Me”, “Barcelona” et “Listen To The Man” ont suivi. Tubes après tubes, George Ezra, sa voix rauque et les compositions vagabondes de “Wanted On Voyage” sont peu à peu grimpés en tête des charts. Tant et si bien qu’il semblait difficile de faire mieux. Et pourtant, avec son deuxième album, “Staying At Tamara’s”, le jeune Anglais s’offre carrément le luxe de réaliser la meilleure sortie de l’année en Angleterre. Avant de s’installer au Zénith en mai prochain, la sensation pop folk est venue faire voyager une Cigale pleine à craquer.

Pour écrire ses albums, George Ezra a pris l’habitude de partir se balader de pays en pays, et de revenir les valises pleines de chansons. En plus des mélodies, quelqu’un d’un peu spécial s’est glissé dans ses bagages sur cette tournée, pour assurer sa première partie : son petit frère, Ethan Barnett. Sous son nom de scène TEN TONNES, le jeune auteur-compositeur-interprète de vingt-et-un ans investit une Cigale déjà bien remplie, épaulé par trois musiciens. Avec son frère, le plus jeune de la famille Barnett partage une sympathie contagieuse et un talent pour la pop à guitare lumineuse. En témoignent les savoureux singles “G.I.V.E.”, “Lucy” ou “Cracks Between”. Si sa voix grave n’atteint pas la profondeur abyssale de celle de son aîné, la teinte indé so british de sa musique le démarque. On ne sait pas quelle éducation les parents Barnett ont donné à leurs garçons, mais c’est réussi.

 

 

Trente minutes plus tard, un frère en chassant un autre, GEORGE EZRA grimpe sur scène avec ses huit musiciens. En ouvrant avec “Don’t Matter Now”, le chanteur et sa troupe chassent aussi au passage la grisaille de ce 1er novembre. Avec ses mélodies irrésistibles, sa bonne humeur chaleureuse et avec l’aide de son groupe enjoué, le jeune Anglais créé un anticyclone entre les murs de La Cigale, transportant son éclectique public loin du froid automnal, vers un espace-temps gorgé de soleil et de bonnes ondes. “Get Away”, “Barcelona”, “Pretty Shining People”, “Listen To The Man”, les morceaux de “Wanted On Voyage” et “Staying At Tamara’s” se mêlent dans une avalanche de positivité. De sa toujours impressionnante grosse voix, le chanteur compte ses histoires à un public qui les scande à ses côtés. Bavard, George Ezra raconte également des histoires entre les morceaux. Tout le long de son set, il distille déclarations d’amour pour Paris et récits de la genèse de ses chansons, où il est question d’être forcé à regarder l’Eurovision, d’être malade en tour bus ou de tourner des clips en étant bourré.

 

 

Charmeur et drôle, le jeune homme sait également se faire touchant. Sur “Saviour”, puis l’hypnotique “Did You Hear The Rain?”, le ciel se noircit, l’intensité remplace l’insouciance. D’un sourire et d’un changement d’intonation, George Ezra fait revenir les éclaircies sur “Paradise”. Les projecteurs de l’imposante structure en forme de V surplombant la scène teintent la scène de rayons multicolores, la salle entière rebondit joyeusement. Maître de la dynamique, le frontman fait alors replonger la salle dans la douceur avec “Hold My Girl” et “Song 6”, sur lequel l’assemblée l’accompagne à gorge déployée. Puis, fin de set oblige, il sort l’artillerie lourde. “Blame It On Me”, et l’incontournable “Budapest” offre un énième moment de communion entre le chanteur et son auditoire. Un rapide passage en coulisses et George réapparaît, toujours guitare en main, pour “Cassy O'”. Au fil des chansons, une constatation frappe : celle du nombre de tubes qu’a composé le jeune artiste en si peu de temps et d’albums. Des morceaux du premier album aux plus récents, en passant par les faces-B, chaque morceau joué ce soir évoque un souvenir familier. Et l’audience les connaît tous par coeur. Même quand la bande se lance dans une reprise du “These Days” de Rudimental, la version de George et son orchestre est si bien réarrangée qu’on croirait entendre un morceau original. Les trompettes et trombones triomphants du fédérateur et ultra festif “Shotgun” viennent clore royalement 1h15 de concert. Triomphant, à l’image de ce retour de George Ezra dans la capitale.

 

 

Simple et terriblement attachant, George Ezra a embarqué La Cigale dans un voyage d’émotions chatoyantes avec un set maîtrisé de bout en bout. Vivement le prochain départ. Décollage prévu le 9 mai, au Zénith.

Setlist :

Don’t Matter Now
Get Away
Barcelona
Pretty Shining People
Listen To The Man
Saviour
Did You Hear The Rain?
Paradise
Song 6
Hold My Girl
Sugarcoat
All My Love
Blame It On Me
Budapest
—-
Cassy O’
These Days
Shotgun