Ambiance classieuse en ce mardi 23 octobre au Trianon. Et pour cause, le projet allemand Get Well Soon est de passage chez nous dans le cadre de la tournée “The Grand Horror Show” réalisée autour de l’album “The Horror” sorti le 8 juin dernier chez Caroline International. Un disque une nouvelle fois joliment réalisé autour du personnage et multi-instrumentiste Konstantin Gropper, qui s’était fait rare dans la capitale depuis son dernier passage au Fnac Live en 2016.
Sièges dans la fosse, étages fermés et hôtesses d’accueil sont de rigueur pour le premier Trianon de Get Well Soon. Une salle donc loin d’afficher complet mais au contexte en totale harmonie avec l’univers de la soirée et qui colle également au set solo de MATT HOLUBOSWKI. Canadien ayant fait plusieurs apparitions en France ces derniers mois (notamment en première partie de Sophie Hunger à La Cigale mi-octobre), le mélomane est ce soir seul pour défendre les mélodies de son dernier disque “Solitudes” sorti cette année. Seul donc avec sa guitare électro-acoustique, le musicien propose un show certes diminué et intimiste (car sans ses camarades sur scène) mais non des moins complexe et riche, entre arpèges rapides parfaitement maîtrisés, voix rappelant sur certains bords celles de Patrick Watson ou Ben Howard, et sympathie débordante. De la très belle “Exhale/Inhale” à sa reprise du “To Ramona” de Bob Dylan (annoncé par son vrai nom sur scène, c’est à dire Robert Allen Zimmermann), l’artiste n’aura que peu de peine à conquérir le public présent en moins de trente minutes, avec quelques touches d’humour franco-canadien. Chapeau bas !
“Ceux qui ont été sensibles au dernier disque en date de Get Well Soon seront certainement surpris de passer, sans transition, de l’amour à l’horreur, autrement dit de “Love”, titre de l’album précédent, à “The Horror”, nom de ce nouvel opus. Le contexte politique ambiant n’est certainement pas étranger à ce qui ressemble fort à un virage à 180°. La montée des populismes en Europe, tout particulièrement en Allemagne, et l’ambiance pesante qui en découle a très certainement inspiré le climat de ce nouvel album.”. Voilà ce que l’on peut lire sur le site de GET WELL SOON concernant le dernier album en date. Il est vrai que la scénographie et le jeu de scène du projet allemand se rapprochent plus de la peur que de l’amour, avec des tons très blancs et froids et beaucoup d’éléments sur l’estrade. Pour autant, le set réservé par GWS se veut organique, réel et explosif par moment, renforcé par pas moins de quatorze (!) musiciens présents : de la batterie aux cordes frottées en passant par la batterie, les cuivres, les pianos, les différentes guitares et basse ou même un glokenspiel, il est certain que le “Big Band” annoncé par Konstantin Gropper n’en est pas moindre. Une pluralité d’instruments de laquelle résulte une multitude d’intensités musicales et une incroyable coordination. Par dessus tout, plus perçante que tous les instruments en même temps, c’est bien la voix conteuse et grave de Gropper la véritable force du lot, ensorcelant les maux et pénétrant dès les premiers phrasés, tant le charisme du personne est perceptible.
Au niveau de la prestation, Get Well Soon prend le temps de présenter dignement son dernier album en live, le jouant en quasi intégralité rythmé par d’anciennes mélodies. Ainsi, entre les intenses “The Horror”, “Martyrs” ou les trois “Nightmare” aux réalisations plus que justes, l’Allemand prendra le temps de régaler le public de quelques classiques (“You/Aurora/You/Seaside”, “33”, “Werner Herzog Gets Shot” ou l’un des climax de la soirée “Roland, I Feel You”), face à une fosse d’abord contemplative mais rapidement comblée, voire dynamique. Entre deux mondes, le concert initialement assis se retrouve rapidement traditionnel, entre exclamations, chauds applaudissements non contenus, gagnant en amicalité et en sincérité de part et d’autre. Surtout, Konstantin Gropper et Cie arrivent avec une constance époustouflante à joindre spectacle, musique et émotion, en près de quatre-vingt-dix minutes de concert, telle une expérience culturelle d’un nouveau genre. Une aventure qui retrouvera sa singularité pour le quatuor de fin “Red Nose Day”, “It’s Love”, “Ticktack! Goes My Automatic Heart” et “I Sold My Hands For Food So Please Feed Me”, véritable cadeau pour les aficionados et triste retour à la réalité.
Si vous n’avez pas encore pris le temps d’écouter Get Well Soon, mieux vaut tard que jamais ! Particulièrement bon en studio, le projet de Gropper prend une saveur totalement différente en live, au niveau des ressentis et des émotions. En clair, difficile de ressortir indifférent de ce spectacle, aux divers interprétations et délices !
Setlist :
Future Ruins Pt. 2
The Horror
Martyrs
You/Aurora/You/Seaside
33
Nightmare No. 1 (Collapse)
Nightmare No. 2 (Dinner At Carinhall)
The Only Thing We Have To Fear
Roland, I Feel You
Werner Herzog Gets Shot
Nightjogging
Nightmare No. 3 (Strangled)
(How To Stay) Middle-Class
Marienbad
(Finally) A Convenient Truth
—-
Red Nose Day
It’s Love
Ticktack! Goes My Automatic Heart
I Sold My Hands For Food So Please Feed Me