Après une première partie de tournée européenne, et quatre dates françaises, fin 2015, voilà Ghost de retour sur les routes pour le “Black To The Future” deuxième partie qui compte pas moins de sept dates aux quatre coins de l’Hexagone. Suite au concert archi complet de La Cigale en décembre dernier, l’attente est grande, et la date du soir au 106 de Rouen affiche sans surprise un beau sold out.
C’est de nouveau DEAD SOUL qui accompagne ses six compatriotes masqués sur cette nouvelle tournée européenne. Et si la prestation n’avait pas réellement convaincu la dernière fois, sans être toutefois désagréable, il en sera de même ce soir. Présentée dans la même configuration, en trio, la musique du groupe n’arrivera jamais à décoller et donc à convaincre. La bande qui accompagne les musiciens pour palier au manque de batteur est répétitive et manque de punch, et les trois artistes sont trop statiques. Même si on pourrait penser que le tout sied bien au style du combo, l’ennui pointe tout de même rapidement le bout de son nez. Si le combo continue de proposer des shows dans cette configuration, difficile de dire si il arrivera à atteindre de nouveaux fans, et à faire prendre une autre dimension à ses morceaux. Encore une fois, Dead Soul aura juste permis d’attendre la tête d’affiche, rien de plus.
Si Le 106 est plein quand résonnent les premières notes de la religieuse introduction, l’atmosphère n’est définitivement pas la même qu’à La Cigale. Les nouvelles salles de ce type qui voient le jour en France depuis plusieurs années, si elles ont le mérite d’être originales et surtout de développer les concerts en province, manquent malheureusement cruellement de charme et d’âme. Quant au public, au sein duquel nombre de personnes voient le groupe pour la première fois, on le sent plus attentiste et curieux qu’en décembre dernier.
GHOST investit la scène au son de “Spirit”. Le son, encore une fois très bon, permet d’apprécier chaque note, même si on regrettera que la voix de Papa Emeritus III soit légèrement noyée dans l’ensemble par moment. Le backdrop et les jeux de lumières sont toujours aussi magnifiques, et qu’on ait déjà vu les Suédois ou pas, on en prend plein les yeux. Le jeu de scène des musiciens, dont les mouvements sont à la fois fluides, classes et étudiés, tout en semblant d’un naturel étonnant, est un régal à observer. Le charisme et l’aura dégagés emportent forcément l’audience. L’antipape est toujours aussi bavard et proche des fans, et sa voix semble d’une justesse sans faille. Et même si la setlist ne bouge que très peu par rapport aux dates de la fin d’année dernière, elle fonctionne tellement bien qu’on ne peut leur reprocher. A noter d’ailleurs que le passage acoustique se voit ici réduit à un seul morceau avec la reprise de Roky Erickson “If You Have Ghosts”. Nouvelle interprétation qui nous montre encore une fois à quel point le combo est à l’aise dans cet exercice unplugged. Malgré le show parfait, on regrette un public trop attentiste et qui semblera à de nombreuses reprises ne pas réellement comprendre le sens des interventions de Papa, et une salle trop impersonnelle.
Au niveau grand moment de la soirée, notons l’enchaînement “Cirice” / “Year Zero”, deux des meilleures compositions des albums respectifs, “Meliora” (2015) et “Infestissumam” (2013), mais aussi “He Is” qui est en train de s’installer comme un des très grands classiques de la formation suédoise. Sans oublier la fin de concert magistrale sur “Ghuleh/Zombie Queen” et “Ritual”, LE tube du premier album “Opus Eponymous” (2010).
Un seul et unique rappel, devenu classique, avec “Monstrance Clock”, parfaite conclusion d’un show mené de main de maître par des musiciens au top de leur art.
Si Ghost a encore une fois montré toute la qualité de sa musique et de son visuel avec une prestation sans faille, la soirée fut plus mitigée côté audience et atmosphère générale. Espérons que le combo ne soit pas vu comme un phénomène qui ramène les foules de curieux, mais bien comme une bande d’artistes qui, quoiqu’en disent les détracteurs, mérite toute l’attention qu’on lui porte. Un show d’une théâtralité millimétrée, mais malgré tout spontanée, avec un leader qui se permet quelques libertés. A ne pas manquer en juin prochain à la première édition française du Download Festival et en clôture du Hellfest pour ce qui promet d’être un des grands moments du festival !
Setlist :
Spirit
From The Pinnacle To The Pit
Stand By Him
Con Clavi Con Dio
Per Aspera Ad Inferi
Body And Blood
Devil Church
Cirice
Year Zero
Spöksonat
He Is
Absolution
Mummy Dust
If You Have Ghosts
Ghuleh/Zombie Queen
Ritual
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Monstrance Clock