Ghost débutait ce dimanche à Rouen une tournée de huit dates françaises. Les fans se pressaient dès 17h aux portes du Zénith pour faire partie des premiers rangs de ce show exceptionnel. Des nonnes, des kilts, des crêtes de punk, c’est un joyeux mélange qui s’est mis à courir devant la scène. Témoignage de la capacité du groupe à fédérer un public éclectique autour de son projet musical hors norme.
Une entame en demie-teinte
La première partie est assurée par les Canadiens de SPIRITBOX. Leur forme de metalcore mélange des éléments de djent, d’indus et d’électro pour balancer des riffs bien lourds, adossés à des passages plus mélodiques. Courtney LaPlante est l’attraction principale du groupe. Sa voix impressionne dans les passages en growl, révélant une puissance surprenante. Derrière elle, son mari et guitariste Mike Stringer et le bassiste Josh Gilbert se déplacent avec une attitude quelque peu robotique. Ils apparaissent peu à l’aise et enchaînent les mouvements téléguidés pour occuper la grande scène du Zénith de Rouen. La redondante construction des morceaux, l’utilisation poussive des bandes sons et les mouvements répétitifs de la chanteuse peinent à convaincre. Les effets de lumières très modernes oscillent entre noir et rose pour un rendu plutôt captivant. C’est quand le groupe vient chercher le public que la salle se réveille pour donner de la voix et manifester un peu d’engouement.
Les maîtres de la mise en scène
La réputation scénique de GHOST n’est plus à faire. Le groupe sait attiser l’intérêt avant même de démarrer son show. Un drap blanc énigmatique qui cache le décor, des chants religieux qui annoncent le début de la messe… la formation a le souci du détail. Les musiciens font une entrée remarquable sur “Kaisarion” avec effets pyrotechniques et un décor magistral. La scène présente une avancée et deux estrades qui, avec les plateformes du décor, permettent de bien occuper l’espace. Le public se déchaîne sur “Rats” et acclame les solos de guitares des Nameless Ghouls. La machine est bien huilée, elle fait son effet.
Le jeu de lumières bleues et vertes sur “Spillways” est envoûtant. Tout est fait pour émerveiller le spectateur. La perpétuelle réinvention des morceaux sur scène offrent aux fans de longue date le plaisir de redécouvrir leurs titres préférés. Ainsi, le Zénith se plonge dans une ambiance lugubre à souhait pour débuter “Cirice”. Le guitariste soliste est sous le feu de projecteurs rouges pour ses premières notes de guitares. L’intro bien connue revêt des airs de blues satanique qui lui sied à merveille. Le morceau part et sur les bridges, les bras de l’auditoire de la fosse s’agitent d’un même mouvement pour soutenir les artistes. Un beau moment de communion.
Un show résolument heavy
Tobias Forge débarque avec des ailes de vampires pour “Hunter’s Moon” devant une audience toute acquise à sa cause. Le jeu des musiciens magnifie chaque titre. Les morceaux se retrouvent rehaussés par une énergie sans faille et un son très lourd. Les titres déferlent avec une fluidité retrouvée bluffante. Tobias n’oublie pas de communiquer avec ses fans, leur demandant ce qu’ils font normalement le dimanche soir. La géniale reprise de “Jesus He Knows Me” issue du nouvel EP Phantomime fait danser Rouen avant d’atteindre des sommets avec “Rituals”. Encore une fois, le jeu de lumières est hypnotisant.
L’atmosphère replonge dans la noirceur dérangeante avec un son de basse à faire vibrer les gradins pour lancer “Call Me Little Sunshine”. Papa Emeritus IV brille de mille feux dans ses habits de velours et d’ors. Le titre parfaitement formaté pour taper des mains en live suscite l’adhésion des cinq-mille personnes présentes. La version sombre de Papa Emeritus IV est de mise pour “Year Zero”. L’interprétation live donne plus d’ampleur à ce tube qui se termine dans un final tout feu tout flamme. Du grand grand spectacle suivi par le très apprécié “He Is” qui voit les lumières des portables se transformer en une constellation d’étoiles.
La messe est dite
Moment humoristique avec la réanimation du premier Papa Nihil sur “Miasma” pour qu’il puisse faire son solo de saxophone après les duels de guitares. Un passage bien rodé qui ne traîne pas en longueur. Le groupe continue d’enchaîner avec une telle intensité et un jeu toujours aussi heavy, si bien que “Mummy Dust” ne sonne pas plus heavy metal que les autres morceaux. Le groupe tire une première révérence sur le calme “Respite On The Spitalfields”. Chaque musicien a le droit à quelques secondes sous les projecteurs pour que l’assemblée puisse saluer la performance impeccable de ces héros d’un soir.
L’heure du grand final est arrivée. Vêtu de sa plus belle veste bleue turquoise à paillettes, Tobias lance “Kiss The Go-Goat” avant de transformer le Zénith en dancefloor géant pour “Dance Macabre”. C’est une explosion de couleurs et de joie qui prend d’assaut toute la salle. Dernier changement de costume avant de lancer l’excellent “Square Hammer” pour conclure sous un mur de feux d’artifices devant un public debout et heureux.
Ghost a proposé un show grandiose, d’une fluidité exceptionnelle pour un émerveillement de chaque instant.