God Is An Astronaut est un groupe de post rock auquel rien ne résiste, pas même le metal au sens large ! Pour preuve, après avoir fait un crochet au Motocultor Festival en 2017 lors de leur tournée anniversaire (quinze ans de carrière, ça se fête !), les Irlandais reviennent cette année dans la capitale pour présenter “Epitaph”, leur neuvième offrande.
C’est dans le noir complet que XENON FIELD lance les hostilités. God Is An Astronaut a mis le duo dans ses petites valises puisque Robert Murphy et Conor Drinane sont également originaires d’Irlande. Distillant une sorte de synthwave psychédélique, Xenon Field semble a des années lumières de la tête d’affiche, si ce n’est peut-être une touche expérimentale que l’on a pu entrevoir sur le nouvel effort de GIAA. La basse donne de l’âme aux nappes de claviers qui se répandent comme un parfum dans un Trabendo à moitié vide mais curieux. Les effets stroboscopiques se chargent de donner une ambiance et un climax est atteint lorsqu’une guitare se mêle à la danse sur la dernière chanson. Entraînant et hybride, Xenon Field réussit le pari de réunir la puissance et l’agilité du post rock sans aucune guitare. Ces vingt minutes de set laissent place à quarante minutes d’attente, le public n’aurait pas boudé un petit quart d’heure de musique en plus.
Si le Trabendo semblait honnête pour accueillir GIAA, force est de constater que le public ne semble pas être au rendez-vous ce soir, la salle n’étant pleine qu’au trois quart. Le prix élevé des billets, les retours de vacances ou plus plausible encore, un nouvel album assez différent du GIAA des débuts en sont peut-être les causes. Cela n’empêchera toutefois pas ceux qui ont fait le déplacement de profiter de la performance des Irlandais, réputés pour être des bêtes de scène.
21h. Menés par les frères Kinsella, GOD IS AN ASTRONAUT foule la scène sur les notes de piano de l’éponyme “Epitaph”, qui malgré la noirceur de son thème, laisse vite entrevoir ce que le groupe sait faire de mieux : un mélange de riffs lourds et de subtiles mélodies qui touchent là où ça fait mal. Un son très équilibré rend audible chaque instrument et permet de profiter pleinement des nouveaux titres qui, malgré une légère appréhension, s’intègrent bien à la setlist. Côté lights, rarement des jeux de lumières n’auront autant épaulé la musique d’une formation avec souvent deux couleurs qui dardent dans tous les sens leurs rayons sur l’assemblée. Un nouveau duo de couleurs habille chaque morceau, symbolisant les deux facettes sonores des Irlandais : une légèreté absolument divine (“Forever Lost”) et une lourdeur qui n’a rien d’humaine (“Mortal Coil” et ses influences post metal).
Autre particularité des Irlandais, le chant de Torsten Kinsella, passé à la moulinette auto-tunée, ajoute une couche sonore aigue qui a toujours permis de distancer d’un cran les autres formations post rock. C’est avec ce composant, vecteur émotionnel sans limite, que le quatuor sauve son manque de présence scénique : l’émotion que le chanteur délivre nous ferait tout pardonner. Quand le quatuor fait un bond en arrière pour jouer des titres issus de “All Is Violent, All Is Bright”, l’audience est prise aux tripes et sort de sa contemplation qui la rendait jusqu’alors immobile. Comme si les Irlandais prenaient un malin plaisir à caresser leur auditoire pour mieux lui asséner ses passages riches en distorsion. De là, plus rien ne les arrêtera jusqu’au final solaire “Helios I Erebus” qui marquera l’apothéose d’1h30 de set.
Plus que sur ses albums, GIAA brille sur ses accalmies et se montre incroyablement puissant sur ses climax (“Suicide By Star”). Si “Epitaph” pouvait manquer de relief à l’écoute, la moitié jouée ce soir montre qu’il s’agit d’un disque profond, travaillé et diversifié qui s’intègre idéalement au reste de la discographie. A l’instar d’une scène post rock qui amasse les clichés et se noie dedans, God Is An Astronaut reste plus que jamais en piste grâce à ses innovations et ses performances d’un niveau toujours remarquable.
Setlist :
Epitaph
Mortal Coil
The End Of The Beginning
Frozen Twilight
All Is Violent, All Is Bright
Fragile
Seance Room
Medea
Forever Lost
Suicide By Star
From Dust To The Beyond
Centralia
—-
Helios I Erebus