Le mardi 5 mai dernier, La Cigale de Paris s’est portée garante pour accueillir le southern rock de Gov’t Mule !
Essences de cuir et de blues rock, Gov’t Mule a proposé de décortiquer nos cellules de fond en comble. On ne pouvait pas espérer mieux comme spécialiste et nous commençons l’opération avec “Hammer & Nails”. Le groove prend parfaitement sa place, des pincements surgissent tant les riffs de Maître Warren Haynes sont menés avec dextérité. L’origine du blues est apparu courant XIX siècle et perdure depuis. Gov’t Mule, ce soir, l’embarque à Paris pour le plus grand bonheur de tous. Ces Américains vacillent sur les ondes de Led Zeppelin de par la voix et orchestration aux côtés de “Mr High And Mighty”. Même si le public s’extasie devant l’ensemble, il n’en reste pas moins frustré de devoir rester assis. Une frustration, qui sans nul doute, atteindra son apogée. Les solos décapent nos membres alors que ce n’est qu’un début. Au programme : des solos pour des hordes d’applaudissements. Concentrés et complices, “Endless Parade” nous bercent, une vérité sans calque fait son apparition. Ce soir, l’auditoire demeurera intransigeant quant à ses penchants pour le blues rock pur et brut à la Lynyrd Skynyrd (vu il y a quelques semaines auparavant). Les sièges de La Cigale s’affaisseront à force de les écraser aux rythmes du quatuor. Pas de bla-bla ou de temps à perdre pour se désaltérer, ce sera une première partie tout schuss pour la formation qui défile les partitions de “Soulshine”, “Jeep On 35”, reprise de John Scofield ou encore “I’d Rather Go Blind” de Etta James.
Léger entracte avant que le second set prenne son rythme de croisière avec “No Reward”. Avec ce combo de voix à la Robert Plant, sa guitare et la batterie de Matt Abts, nous ressentons les vibrations des instruments. Une expérience organique qui s’enchaîne sur l’incontestable “Maggot Brain” de Funkadelic. Parallèlement, on revisite les peintures psychédéliques des Pink Floyd, où maître Gilmour serait directement associé. Un rollercoaster de pentes vertigineuses de riffs écorchés signé Mr Haynes. Le blues a pour historique d’être la musique de l’âme, ce soir, nos âmes sont à visages découverts avec “Stoop So Low”. Warren Haynes ferme constamment les yeux et possède son instrument comme la relique des plus torrides caresses. Sa façon d’interpréter les morceaux scintille l’idée de le comparer à Shuggie Otis. Les références vont loin avec “Sco-Mule” par ses influences à “Master Blaster (Jammin’)” de Stevie Wonder. Le blues rock show touche à sa fin, mais la syncope n’est pas pour tout de suite, vous devrez vous confronter à l’outrageux gospel du monstre Ray Charles avec “I Believe To My Soul” avant de vous avouer vaincu. Le morceau final “When The World Gets Small” clôturera le chapitre du blues bar. N’ayons pas peur des mots, ce moment auprès de Gov’t Mule laissera des marques indélébiles. Une empreinte que l’on ne confondra plus.
Les programmateurs de La Cigale ont vu juste en invitant les Vikings du rock sudiste. On quitte les saveurs d’un Jacksonville pour Paris et ses chemins de croix.
Setlist :
Set 1:
Hammer & Nails
Mule
Mr. High & Mighty
Unring The Bell
Endless Parade
Soulshine
Jeep On 35
I’d Rather Go Blind
I’m A Ram
Set 2:
No Reward
Larger Than Life
Temporary Saint
Sco-Mule
Maggot Brain
Stoop So Low
I Believe To My Soul
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When The World Gets Small