Samedi 4 novembre au soir, c’était Noël avant l’heure au Bataclan. Annoncé seulement quatre jours avant, le trio californien Green Day a “sauté dans un avion” pour venir retrouver une poignée de chanceux qui ont pu avoir un ticket pour ce concert surprise exceptionnel. RockUrLife vous raconte !
Surprise !
Affiché complet, la foule est dans un état d’excitation générale dans la petite fosse du Bataclan. 20h40, déjà dix minutes de retard, le public en a marre d’attendre (certains ont attendu toute la journée sous la pluie !). Et soudain, alors que la scène n’est même pas agrémentée de décorations (mise à part la superbe batterie à motif léopard de Tré Cool), GREEN DAY fait son entrée. Oubliez les mises en scène de stades avec écrans géants, pyrotechniques, le rituel de “Bohemian Rhapsody” chanté a cappella par le public, on comprend tout de suite que nous sommes spectateurs d’un concert brut de décoffrage.
Le set démarre sur “American Idiot” et “Holiday”, un combo hyper efficace de deux grands classiques de la formation qui rend l’auditoire complètement fou entre les pogos et les multiples slams qui auront perduré pendant une heure cinquante de show. C’est l’occasion pour le groupe de tester quelques chansons de son nouvel album Saviors, notamment deux singles qui sont déjà sortis quelques jours avant le concert : “The American Dream Is Killing Me” et “Look Ma, No Brains”. Déjà repris en chœur par les fans, ces extraits offrent un bel espoir d’un retour de Green Day en force pour cette année anniversaire qui symbolise les trente ans de l’album Dookie (1994) et les vingt ans de l’album American Idiot (2004). Les français ont droit à un troisième extrait, “1981”, qui avait déjà été joué auparavant au Festival d’Été de Québec le 16 juillet 2023.
L’une des craintes avec un show de la sorte est que Green Day serve une setlist axée sur Saviors, et cela commence à se confirmer à partir du moment où Billie Joe Armstrong relance ses acolytes pour jouer une seconde fois “Look Ma, No Brains!”. Cependant, dès le changement de guitare où l’on voit la mythique Fender Stratocaster surnommée “Blue” entrer sur scène, cela annonce le tournant de la setlist. Les albums American Idiot et Dookie sont à l’honneur, mais pas seulement. Les fans espèrent des surprises, et il y en a bien. Des titres sortis du placard comme “Stuart And The Ave.” (Insomniac, 1995), “Christie Road” (Kerplunk, 1991) ou encore l’entraînante “Warning” (Warning, 2000), qui n’avait pas été jouée depuis 2001 au plus grand bonheur des fans, les yeux écarquillés d’assister à un set pareil.
I hope you had the time of your life
La formule concert intimiste fournit une proximité rare avec les artistes et surtout avec un groupe de l’envergure de Green Day. Tout comme l’audience, Billie Joe Armstrong, Mike Dirnt et Tré Cool semblent réellement apprécier cette configuration. À plusieurs reprises, Billie Joe verbalise leur joie d’être ici, avec nous et dans ce lieu. Le frontman interagit même avec l’une des spectatrices alors en FaceTime avec un proche, saluant la personne au bout du fil ! Le groupe récupère aussi sur scène plusieurs cadeaux de fans posés sur la scène.
Sourire aux lèvres pendant toute la durée du concert, le trio californien nous offre un pur moment de partage. Un concert qui peut déjà entrer dans les annales. Billie Joe n’hésite pas à tendre le micro pour faire chanter les premiers rangs, et est même surpris par l’assemblée qui, à la fin de la fameuse ballade “Boulevard Of Broken Dreams”, continue de chanter le refrain alors que la chanson est terminée. Surpris, le groupe accompagne alors les mille cinq-cent personnes qui n’ont définitivement pas envie que cela se termine.
Et en parlant de fin, pas de rappel, les vingt-six titres s’enchainent les uns après les autres. Le set se conclut par la traditionnelle “Good Riddance (Time Of Your Life)” jouée par Billie Joe en solo avec sa guitare acoustique. Après des salutations brèves et la sortie de scène de Mike Dirnt et Tré Cool, une pancarte se lève avec une demande à l’intention du frontman : “Billie, can I play guitar on Good Riddance?“. Incroyable mais vrai, l’homme vêtu d’une salopette blanche monte sur scène et prend la guitare. Un moment unique, cela ne s’est jamais produit qu’un fan monte sur scène pour ce titre. La cerise sur le gâteau, l’homme connaît la chanson parfaitement et le groupe est impressionné. Peut-être le début d’une nouvelle tradition de clôture de set ? L’homme sort de scène en se jetant dans la fosse, un dernier au revoir ému des trois compères américains, puis les amplis sont débranchés. Retour à la réalité.
Cette date unique au Bataclan inaugure une série de concerts intimistes dans des salles européennes, le Hella Tiny Tour, dont au Magazzini Generali (Milan) et au Electric Ballroom (Londres) ont déjà été annoncés. En attendant, rendez-vous le 18 juin 2024 à l’Accor Arena pour un concert plus traditionnel pour la tournée de Saviors et les anniversaires de American Idiot et Dookie.