Quatre ans après leur dernier passage en France, les Américains ont à nouveau investi l’Olympia avec succès, armés de leur très réussi et dernier album, “Painted Ruins”.
Musicalement, la parenté entre LIIMA et Grizzly Bear n’est pas évidente, mais ce sont plus les liens d’amitié unissant les deux formations qui justifient la présence des musiciens d’Efterklang, leur groupe initial, en première partie sur toute la tournée automnale de la tête d’affiche. Avec un second album produit par Chris Taylor à venir dans les prochaines semaines, les sympathiques Danois préparent donc le terrain pour leurs amis de longue date avec ce nouveau projet plus expérimental et carrément électronique. Ils parviennent en une bonne demi-heure de jeu à rallier petit à petit le public à leur cause, à coups de vocoder et de grosses nappes de claviers.
L’attente déjà bien fébrile commence à se faire pleinement ressentir quand la scène est enfin plongée dans l’obscurité pour GRIZZLY BEAR. Les frappes magiques de Chris Bear ouvrent le jeu, et “Four Cypresses” se révèle être une excellente ouverture, grâce à son irrésistible montée. Sans transition, le groupe enchaîne avec le dernier single “Losing All Sense”. Le nouvel album sera tout du long naturellement à l’honneur, et il marche aussi bien dans le direct qu’en studio, malgré le son de l’Olympia réglé trop fort ce soir-là.
Si Grizzly Bear est avant tout un quatuor sur album, Ed Droste ne manque pas de mentionner l’indispensable musicien additionnel sur scène, Aaron Arntz, en retrait, caché par sa montagne de claviers divers. Chris Taylor, Droste, Daniel Rossen et Chris Bear, strictement alignés sur toute la longueur du plateau, forment un bel ensemble qui accentue le côté esthétique de la performance. Ce dernier est porté par un jeu de lumière varié, en parfaite adéquation avec les sensations suscitées par la musique.
En une heure et demie de jeu bien condensé, les timides ex-New Yorkais enchaînent les morceaux de leur répertoire sans faute. De “Knife” à “Yet Again” en passant par l’inévitable “Two Weeks”, les plus gros succès de la formation sont particulièrement appréciés par le public parisien, mais il n’y a pas qu’eux. Sur tous les titres joués, les musiciens sont impressionnants par leur maîtrise, tant sur les plus denses, comme “On A Neck, On A Spit”, rarement jouée en entier, que sur les plus dépouillés que sont la touchante “Foreground” ou encore “Shift”, l’une de leurs plus belles réussites en termes d’harmonies vocales. Toute bonne chose a une fin, mais la formation fait durer le plaisir en achevant la soirée avec la longue “Sun In Your Eyes”, véritable petit chef-d’œuvre en forme de montagnes russes musicales et émotionnelles.
Loin d’avoir perdu en qualité après une longue absence, les Américains ont assuré un excellent concert. Avec cette date parisienne, dernière de la tournée européenne, Grizzly Bear poursuit brillamment son retour sur les devants de la scène.
Setlist :
Four Cypresses
Losing All Sense
Cut-Out
Yet Again
Fine For Now
Ready, Able
Sleeping Ute
Mourning Sound
Glass Hillside
Two Weeks
On A Neck, On A Spit
Foreground
Knife
Three Rings
While You Wait For The Others
—-
Shift
Sun In Your Eyes