Une riche journée, la célébration du HFX et de la bière !
BUTCHER BABIES
A force d’en entendre parler, il fallait bien que la formation américaine passe du côté de Clisson. Les Butcher Babies sont ainsi programmés pour la première fois au Hellfest. Evoluant dans un groove metal -sans chercher à être davantage plus précis- la pair de chanteuse est indéniablement l’atout numéro un du groupe. Heidi Shepherd d’un côté, Carla Harvey de l’autre, ces deux créatures aux chevelures rouges pour l’une et bleue pour l’autre, impriment un sacré rythme sur scène. Côté musique, rien d’affolant, BB a beau être une formation montante sur la scène américaine, ses compositions ne sont pas pour autant incroyables… disons qu’elles collent parfaitement aux clichés des groupes US qui cartonnent. Néanmoins, la prestation est énergique et le son plutôt bon. Enfin, bien qu’elles ne tombent pas le haut -chose qui fait normalement partie de leur show- la prestation de Carla Harvey aura attiré notre attention. Enfin, il est plus qu’évident que cette dernière est la plus talentueuse au micro que sa consœur. Leur second album “Take It Like A Man” sortira le 21 août prochain via Century Media Records
THE ANSWER
La réponse se trouve là, sur la MainStage 01. Blague à part, Cormac et ses comparses sont attendus pour une leçon de rock n’roll. Comme à leur habitude, leur classic rock va faire un ravage auprès des spectateurs. Simplicité et joie de vivre ainsi pouvons nous qualifier cette formation. Le remuant frontman -tel un jeune Robert Plant (à force de faire la comparaison..)- communique de la plus belle des manières avec le public et s’invitera même dans le pit pour vivre la fin du set tel un festivalier. L’accent aura été mis sur leur nouvel opus “Raise A Little Hell” paru chez Napalm Records. Entre groove et riffs efficaces, les Nord-Irlandais méritent bien une pinte ou deux !
INFESTUS
GHOST BRIGADE
ACE FREHLEY
“Spaceman” is here! Célèbre pour avoir jouer au sein d’un groupe qui se nomme sobrement KISS, Ace Frehley évolue dorénavant en solo et nous fait le plaisir de venir étaler sa classe et son talent à Clisson. Bien qu’un peu trop statique, les soli emporteront la foule dans les nuages -bien qu’assez rare de tout le weekend avons-le- avec subtilité et groove. Bien évidemment de nombreuses reprises de KISS seront au programme : “Rocket Ride”, “Love Gun”, “Shock Me” ou encore “Deuce” qui conclue une prestation sans prétention mais avec beaucoup de classe.
ASG
Le quatuor venu de Caroline du Nord est programmé pour la seconde fois au Hellfest, mais ce ne sera que sa première prestation sur scène. En effet, en 2012, son avion avait été retardé et même si la formation était sur place, il lui était impossible de jouer en raison de ce retard… Cette malheureuse aventure est maintenant oubliée puisque Jason Shi, toujours coiffé d’une casquette, foule bel et bien la scène de la Valley devant une foule qui semble également les attendre avec impatience, tout comme nous d’ailleurs. Durant une quarantaine de minutes, la lancinante voix de Jason va résonner, accompagnées de guitares très aériennes bien que lourdement accordées. Le dernier album en date “Blood Drive” est fortement mis en avant, mais une certaine redondance se fait ressentir. Il manque un brin de folie -à l’image de “Low End Insight”- et c’est avec un énorme étonnement et une évidente déception que “Horse Whipper” n’est pas joué. ASG se fait rare en Europe et il est fort dommage que ce superbe titre ne soit interprété à Clisson. Saluons tout de même le groupe pour une prestation de haute volée, qui a espérons le d’ores et déjà prévu de revenir à l’avenir.
RISE OF THE NORTHSTAR
Révélation metal/hardcore de ces dernières années en France, Rise Of The Northstar est autant aimé que détesté dans l’Hexagone. La faute à un concept poussé jusqu’au bout dans un pays pas franchement friand de grandiloquence. Sa programmation au Hellfest est une suite logique dans une carrière en constante ascension. Force est de constater que la formation ne se laisse pas démonter par la grosse audience amassée devant la Warzone et distille un set rageur, puissance, carré au possible et très efficace. On aime ou non, mais on ne peut nier que sa consécration n’a rien d’une surprise tant son implication est un modèle du genre.
BACKYARD BABIES
AIRBOURNE
Quelle foule, mais quelle foule agglutinée, collée et compacte pour assister à, sur le papier, l’un des shows les plus chauds de la journée. Les Australiens et son charismatique leader Joel O’Keeffe sont des bêtes de scène, retournant tout ce qui se trouvera sur leur chemin. Au vue de l’habillage des scènes et des écrans, la question que se posait les festivaliers était la même : comment Joel allait grimper jusqu’en haut des structures ? Mystère. Dynamitant d’entrée la foule, le pit s’anime et le rock n’roll s’empare des festivaliers. Les têtes bougent et les cris surgissent de toute part mais au bout de quelques titres, catastrophe, coupure de courant. Les façades ne marchent plus tandis que le groupe continue de jouer grâce aux retours. Le temps de saisir la situation, les roadies courent sur scène afin d’éteindre les têtes d’ampli, histoire de ne pas endommager le matériel. Suivra une bonne attente, d’une grosse dizaine de minutes, durant laquelle la foule ne comprendra pas, s’impatientera. Bien heureusement Joel brisera quelques canettes de bières sur son crâne, mais la vidéo marchant, on saisit tout de même l’agacement du groupe face à cet imprévu technique. “The show must go on”, ouf de soulagement ! Airbourne accélère la cadence avec un set best of essentiellement concentré sur le premier effort, “Runnin’ Wild”. De l’énergie, de l’envie mais un soucis qui terni l’ensemble, dommage. Ils se rattraperont la prochaine fois !
L7
SLASH
Pour sa troisième au Hellfest, voila que Slash et ses comparses nous préparent un set exceptionnel ! Ceci est bien évidemment une blague… Bien qu’il soit toujours appréciable de voir Slash en live, tous les six mois environ lorsque nous sommes dans une bonne période, la tendance à proposer des shows best of en festivals devient assez pénible. Outre “Avalon”, “The Dissident” et “World On Fire”, tirés du dernier album en date, ainsi que trois autres morceaux issus des deux superbes opus, les incontournables “Nightrain” ou “You Could Be Mine” résonnent encore et encore. Contrairement au show indoor, la prise de risque est minime. “Sweet Child O’ Mine” et “Paradise City” ravissent les fans, la nostalgie prend le pas ! Toujours, ou presque.
KILLING JOKE
Formation ovni, Killing Joke fait face à la concurrence déloyale de Body Count sur la Warzone. Peu de monde en face de la MainStage 02 pour les maîtres du noise expérimental. Jaz Coleman est dans une forme olympique et nous gratifie d’une prestation à la hauteur de sa réputation. Le son est puissant, précis, diablement tribal comme le jeu hyper puissant du batteur. Un cracheur de feu viendra souligner certaines chansons et plongera la maigre foule dans une atmosphère toute particulière.
BODY COUNT
Il parait que c’était énorme. Bien qu’ayant réussi à s’approcher afin d’avoir une petite vue sur la scène, notre présence à la Warzone n’aura duré que cinq petites minutes, le temps d’apercevoir Ice-T “je l’ai vu, c’est bon je peux mourir” qu’on entend… Les conditions n’étaient pas réunies pour assister au show : chaleur, public compressé, flots incessants de festivaliers qui se croient tout permis… Il aurait été préférable de voir Body Count sur une MainStage, mais il semblerait qu’en raison de slots indisponibles et de divers éléments contractuels, ce concert n’aura malheureusement pas profité au plus grand nombre. Néanmoins, tout le monde s’accorde à dire que les gangstas étaient au top.
ZZ TOP
Suite à Killing Joke, l’enchainement avec ZZ Top se fera donc relativement brutalement. Le trio infernal distille son country rock crasseux depuis des décennies et ça se constate sans peine à la vue de son aisance sur scène. Bien que le son soit dégueulasse (cette batterie nous filerait une descente d’organe à chaque coup de caisse claire), ZZ Top reste suffisamment sympa à voir allongé dans l’herbe pour aborder tout doucement une soirée qui s’annonce riche en émotion. Une version arrangée et allongée de la légendaire “La Grange” clôturera ce set pépère mais efficace.
ORANGE GOBLIN
Impossible d’oublier son énorme prestation en 2012, dans une Valley qui n’avait pas l’envergure de l’actuelle tente, alors comment rater Orange Goblin en 2015 ? Il y a foule, Ben Ward, Joe Hoare, Martyn Millard et Chris Turner sont donc sagement attendus. Doté d’un son des plus massifs, la puissante voix de Ben fera des siennes. Le public s’agit tandis que d’autres se laissent emporter, les corps et les têtes oscillants d’arrière en avant, de droite à gauche et de toute façon possible et imaginable. “Scorpionica”, “Blue Snow” ou encore “Saruman’s Wish”, la messe est dite !
FAITH NO MORE
Le voilà le comeback de l’année ! Forts d’un “Sol Invictus” dépassant, et de loin, bon nombre d’espérances, Faith No More revient fouler les terres françaises. Scène toute de blanc vêtue, le groupe s’accorde en débarquant sur scène d’un seul homme et Roddy Bottum qui démarre un “Motherfucker” qui s’avère être une intro parfaite pour ce set. Le charismatique clavier du groupe sera bientôt rejoint par un Mike Patton toujours aussi charismatique et maitrisant à merveille ses envolées vocales. Le décor est posé, Faith No More n’est pas là pour plaisanter. Le groupe revient reprendre son titre de meilleur combo au monde et ne laissera aucune chance de voir les choses autrement ce soir. Patton est dans une forme atypique, oscillant de manière permanente entre détachement comique et arrogance qui a eu le don d’énerver certaines ouailles du public. Notamment lorsqu’il prendra la liberté de hurler “Fuck Hellfest, let’s bring some Paradise in here!”. Roda Bottum, l’un des premiers musiciens metal à révéler et assumer son homosexualité s’en amusera en statuant qu’il aimerait avoir un coït avec chacun d’entre nous. En bref, Faith No More est à la maison et le déluge de décibels et de talent ne s’arrêtera qu’à la fin de leur set que Patton a terminé habillé d’un T-shirt de la sécurité qu’il est venu piquer à un steward sur le devant de scène. Les rois de la cour de récré.
MAYHEM
Hellfest by night, la tête d’affiche de la soirée va bientôt fouler les planches pour un set dantesque mais avant d’accueillir le groupe de rock allemand le plus connu du monde, place à la célébration de cette dixième édition du Hellfest avec un feu d’artifice qui se veut ambitieux. Elaboré par un champion du monde en la matière, les festivaliers s’apprêtent à être ébloui de mille feux. Durant une bonne dizaine de minutes, les animations pyrotechniques et les feux vont exploser en harmonie dans le ciel de Clisson, sous de douces notes. Mention spéciale à l’animation durant l’extrait de “Bohemian Rhapsody” qui fut tout bonnement sublime ! Les festivaliers étaient en extase, dansaient, sautaient et chantaient, un pur bonheur ! Ces festivités furent précédés d’une vidéo récapitulative des divers éditions ainsi que la projection de divers photos du public, prise par les officiels. Un magnifique portfolio qui démontre que le Hellfest est l’un des meilleurs festivals metal de la planète, tant par son public que par sa programmation et son environnement soigné. Merci à la production, à Ben et ses équipes pour ce remarquable travail accompli au travers des ces longues années !
SCORPIONS
L’heure est donc venue pour Scorpions de monter sur scène; Les soucis techniques durant Airbourne et Faith No More (les façades de la MS1 ne fonctionnaient que par moment) mirent le doute côté technique, à raison d’ailleurs. En effet, le problème refait surface l’espace d’un instant, la fête n’est donc pas gâchée puisque le groupe ne s’en rend pas compte et que cela ne dure qu’une trentaine de secondes. Bref, place au show ! Contrairement à 2011, Klaus Meine (67 ans !) est en forme et tiendra ses notes à la perfection; un ouf de soulagement est donc de circonstance. Lancé sur “Going Out With A Bang”, la formation qui fête ses cinquante ans de carrière, s’agite sur scène. Rudolf Schenker est comme à son habitude tout souriant et incontrôlable, tout comme Pawel Maciwoda et Matthias Jabs, avec un peu plus de retenue tout de même. La communication de Klaus envers le public est simpliste, le show rodé laisse place à une machine de guerre. Les titres s’enchainent, plutôt anciens ou récents, peu importe, la magie opère avec l’auditoire. Malgré les phases dynamiques, ces instants seront rapidement coupés par des passages instrumentaux assez longuets, bien que musicalement agréables. Le rythme en prend donc un petit coup, tant pis, nous ferons avec. La seconde moitié du concert sera un cadeau de Noel avant l’heure. “Wind Of Change”, “Dynamite” ou encore “Crazy World”. “Rock N’Roll Band” et “Blackout” amorcent le rappel rapidement. La fin du show est plus intense, plus captivante et moins lente surtout ! Exception sera faite avec “Still Loving You”, un hit planétaire qui ravira les amateurs de douces et calines émotions avant de conclure en beauté avec le mythique avec “Rock You Like A Hurricane” et quelques feux d’artifices supplémentaires !
TRIGGERFINGER
Un bref coucou à Mayhem qui déverse sa haine légendaire sur la scène de la Temple dans une indifférence presque étrange, le tout avant que le sublime feu d’artifice illumine le tout Clisson et l’on se dirige tranquillement vers la claque de ce festival. Si la programmation de Triggerfinger pouvait laisser quelques doutes quant à sa pertinence, les interrogations sont levées dès les premiers riffs du génial Ruben Block. Impossible de résister à ce blues rock crasseux mais tellement classe. Les slammeurs s’en donnent à cœur joie pendant que l’ensemble de la foule (le chapiteau de la Valley débordait de spectateurs) danse sur les tubes des Belges. Des musiciens heureux d’être là et pas impressionnés pour un poil de figurer à coté de légendes du black metal, eux qui étrennent les smokings les plus classes du paysage musical actuel. Mario Goossens et Monsieur Paul ne sont pas en reste et il est fou de voir à quel point le public du Hellfest adule la formation belge. Triggerfinger nous assassine à chaque riff et ressuscite nos sens sur l’incroyable “My Baby’s Got A Gun”. Performance juste ahurissante du trio flamand. Triggerfinger est venu et a vaincu avec un sourire charmeur et une arrogance jouissive. Ni une surprise, encore moins une révélation, juste un avènement.
MARILYN MANSON
Compliqué de replonger dans l’univers torturé de Marilyn Manson après une telle claque. Trois ans après sa dernière apparition sur les terres françaises, le Révérend revient avec son premier album véritablement convaincant depuis le minimaliste “Eat Me, Drink Me” datant de 2007. Entouré de l’indéboulonnable Twiggy Ramirez et de Gil Sharone (ex-The Dillinger Escape Plan), nouveau venu à la batterie, Manson n’affiche plus sa ligne d’antan mais l’espoir est toujours présent dans les yeux de ses fans de le voir se sublimer une dernière fois, ne serait-ce que pour un soir. Plaçant “Deep Six” et la magnifique “Third Day Of A Seven Day Binge” dans les trois premières chansons lançait pourtant parfaitement ce concert. Mais il y a un hic. Les chansons sont bonnes, l’interprétation convenable mais le cœur n’y est pas. La logorrhée de Manson entre chaque chanson brisant le rythme de manière scandaleuse et son ersatz de scarification avec une bouteille de bière brisée nous fait sortir du good instauré par ses excellentes chansons. Le problème avec Manson, et depuis quelques années déjà, est que même si l’ancien lui était restitué, il ne choquerait plus personne. Le public metal a vu l’histoire morbide des premières prestations scéniques de groupe comme Mayhem se démocratiser et le grand public n’a plus besoin qu’un Américain moyen détruise l’image puritaine d’une Amérique qui a enfanté Justin Bieber et Miley Cyrus. Alors à quoi bon persister ? Pourquoi ne pas grandir une bonne fois pour toute ? Ce show ne sera pas un mauvais souvenir car Manson est un monument de la culture rock, et ses chansons, mêmes les plus faibles, sont suffisamment bonnes pour oublier ce qu’on voit et adorer ce qu’on entend. Mais la frustration devant le néant artistique proposé sur scène par Manson devient pesante. Et se prendre à rêver d’une orientation pour un artiste qui a éveillé en nous des tonnes de nouveaux ressentis face à l’art jadis n’est jamais bon signe.
Une longue journée se termine. Il ne reste à présent qu’un seul jour de fête avant de tout remballer. Pour de l’éclectisme, autant vous dire que notre journée la fut de toute part !