Troisième et ultime journée pour cette dixième édition du Hellfest Open Air Festival, avec un programme varié, très varié !
BIRDS IN ROW
Pour ce dernier jour de festival, il fallait se lever de bonne heure pour ne pas rater ce que le hardcore a fait naître de mieux ces dernières années. Les frenchies de Birds In Row assassinent la Warzone à 11h du matin et s’imposent, comme si le doute planait encore, comme l’une des formations les plus excitantes de ces dernières années. Le tout avec un avenir radieux devant eux tant les nouvelles chansons présentées sentent bon.
DEATH ENGINE
On enchaine avec Death Engine sur la Valley. Si sa prestation au Throatruiner Fest avait été entachée d’un son ne rendant pas hommage à la finesse de son bordel, cette fois-ci le rendu est exemplaire. Le set est intense, violent, sombre et torturé mais incroyablement réjouissant. Les chansons de “Mud” rendent à merveille sur scène et on assiste à la prestation d’un groupe prenant la pleine mesure de ce qui leur arrive, tout en ne faisant aucune concession. La France regorge décidément de formations enthousiasmantes.
CODE ORANGE
Retour à la Warzone pour les jeunots de Code Orange. Vingt ans et un charisme qui fait peur. Un son tranchant au possible des compositions sombres et glauques pour un groupe qui distille une aura de crainte ahurissante. Leur hardcore métallisé fait mouche et les mosheurs s’en donnent à cœur joie pendant que les statiques prennent leur pied (et des coups de soleil). “Dreams In Inertia” sera froide et méthodique comme un meurtre alors que le tube “I Am King” sera l’ultime exutoire d’un set bien trop court, comme d’habitude.
RED FANG
Comme l’année dernière, les deux MainStages accueillent des groupes plutôt destinés aux tentes (Altar, Temple, Valley). Ainsi, les loufoques Red Fang sont surclassés en première classe et délaissent l’instant d’une édition la Valley pour venir fouler les douces planches de la scène principale. Disposant de quarante minutes, la formation américaine va d’emblée captivée l’audience. Sous un soleil de plomb, les têtes ne peuvent résister et oscillent dans tous les sens. Aaron Beam donne de sa personne tandis que Bryan Giles et David Sullivan martyrisent avec classe leurs six cordes. “Malverde”, “Wires” en passant par “Into The Eye”, les tubes s’enchainent. Leur lourde musique accompagne parfaitement la météo à laquelle nous faisons face. Le public est très réceptif et la découverte est belle pour les curieux. Enfin, un concert de Red Fang ne serait pas sans son chevalier en armure de bières, parfait pour conclure avec “Prehistoric Dog” !
DARK TRANQUILLITY
Changement d’ambiance avec le death mélodique des DT. Devant une foule compacte, le combo scandinave est chaleureusement accueilli. Bien que le lightshow soit à oublier, côté musique, la prestation sera nickel. On regrettera peut-être un niveau basse/batterie un peu élevé, les guitares se noyant parfois dans ce dédale de décibel. Le mix entre les nouvelles compositions du dernier album en date “Construct” avec d’anciens morceaux est bien étudié et passe comme il le faut auprès de nos oreilles attentives. Mikael Stanne anime remarquablement bien les débats et remercie à plusieurs reprises le public de s’être déplacé. “Therein” et “Misery’s Crown” finissent en beauté cet instant rafraichissant.
RUSSIAN CIRCLES
C’est sous la Valley que le trio instrumental Russian Circles vient distiller son rock teinté de post rock et de post hardcore. Suffisamment doués pour faire oublier l’absence de chant, le groupe jouera un set d’une intensité rare. Les cordes vibrent et nous font vibrer, suffisamment pour qu’un colosse barbu au premier rang s’effondre en larmes au milieu du set. Le Hellfest c’est aussi ça, la violence des émotions et le lâché prise total. Allant toujours plus loin dans l’intensité des sentiments, Russian Circles offre un set d’une beauté sans nom. Parfois les mots ne suffisent pas à décrire ce que l’on vit, ce que l’on ressent. Pour comprendre, il faut écouter et y assister.
HOLLYWOOD UNDEAD
Il fait merveilleusement beau en ce dimanche, dernier jour de la dixième édition du Hellfest. Ainsi, si Hollywood Undead n’a pas révolutionné le monde de la musique et se présente sur la MainStage devant une foule somme toute mesurée, leur set léger et festif fait grand bien à ce moment de la journée ! Tous les tubes de la formation y passent ainsi que les titres d’un dernier album décidément tout à fait cohérent avec le reste de la discographie de la bande. Moment fort lorsque la géniale “Bullet” est entonnée puis reprise par la foule et qu’un spectateur en fauteuil roulant est élevé au-dessus de la foule ! Ce genre de court moment, prétendument insignifiants qui contribuent pourtant à la fameuse dépression post-festival.
KHOLD
EXODUS
Gary Holt absent, Steve “Zetro” Souza présent, les Américains ont tout de même annihilé la foule se présentant à eux. Avec un nouvel album sous le bras, “Blood In, Blood Out” est bien évidement de sortie. Outre le titre éponyme, “Black 13” lance lui les hostilités de manière rugueuse. Le Hellfest n’échappera bien sûr pas au classique “Bonded By Blood”. “The Toxic Waltz” et “Strike Of The Beast” mettront fin à un convaincant set. On regrette néanmoins l’absence de Holt, plus occupé avec Slayer que sa propre formation…
A DAY TO REMEMBER
Cette après-midi ensoleillée va être une nouvelle fois sublimée par la prestation d’A Day To Remember. Devenus énormes à peu près partout dans le monde sauf en France, le groupe d’Ocala revient sur les contrées françaises deux ans après leur dernier passage, toujours au festival de l’Enfer. Backdrop immense, armée de technicien et intro grandiloquente, ADTR ouvre sur la légendaire “The Downfall Of Us All” et la foule devient alors ce terrain de guerre auquel on va se frotter durant l’heure que durera le set d’ADTR. Piochant dans tous ces albums, les Floridiens envoient un set carré et hypra énergique, parfait pour faire la fête et faire abstraction des errances vocales d’un McKinnon de plus en plus limite. La foule est en délire et ce n’est pas la chaleur assommante qui va les arrêter. Le groupe semble apprécier la réaction du public bien que sa prestation soit légèrement en mode pilote automatique. Mais quand les automatismes fonctionnent et foutent le feu, inutile de s’attarder dessus. “Mr Highway’s Thinking About The End” ou “All I Want” remporteront les suffrages avant que “The Plot To Bomb The Panhandle” ne clôture un set renforçant la bonne humeur du jour.
EYEHATEGOD
Les amis de Phil Anselmo sont nos amis. Blague à part, l’une des formations les plus connues de la scène NOLA fait une halte à Clisson, quatre ans après son dernier passage. Mike Williams (chant) et Jimmy Bower (guitare/clope) sont toujours là, accompagnés par Brian Patton, Gary Mader et enfin, le nouvel arrivant Aaron Hill, qui a rejoint le groupe il y a deux ans. EHG a fait son grand retour discographique en 2014, quatorze ans après “Confederacy Of Ruined Lives” (2000), de quoi entrevoir des nouveautés pour ce live ! EHG atomisera la Valley en un peu moins d’une heure. Le son n’est pas toujours au top mais l’ambiance suit et les musiciens prennent du plaisir. Une belle tarte comme attendu !
MORGOTH
CANNIBAL CORPSE
EPICA
THE EXPLOITED
LIMP BIZKIT
On rentre dans la dernière ligne droite avec Limp Bizkit. La formation, qui nous promet son album “pour la rentrée” depuis deux ans déjà, prolonge sa tournée française après Paris et Lyon. Et dans la lignée d’ADTR ou d’Hollywood Undead, l’ambiance est au fun et à la non prise de tête. Le groupe nous balance une setlist best of avec une avalanche de tubes, entrecoupés par nombres de reprises de Metallica ou encore un “Killing In The Name” hurlé par tout le festival. Fred Durst déambule tout en décontraction et harangue un public à sa merci. Son tacle aux VIP du festival est merveilleusement accueilli et lorsque le tout est souligné par la classe ahurissante d’un Wes Borland dans une forme olympique, on assiste à un show qui ne peut que nous mettre le sourire aux lèvres. La bande conclue par un “Take A Look Around” dantesque et s’en va sur un “Staying Alive” des Bee Gees et le tout nous semble absolument normal. Limp Bizkit style!
AT THE GATES
Les choix cornéliens se présentent de plus en plus au public en cette fin de journée, mais il faut bien trancher ! At The Gates se présente une nouvelle fois aux portes de l’Enfer mais avec un nouvel opus en poche. Dix-neuf ans d’absence discographique enfin effacées avec la sortie de “At War With Reality” (2014) via Century Media Records, pour le plus grand plaisir des aficionados de la scène originaire de Göteborg (Suède). L’Altar est pleine, mais assez aérée. Les côtés sont assez vides, les festivaliers ayant la fâcheuse tendance à rester en dehors de la tente, à observer l’écran géant, créant par la même occasion quelques embouteillages. Il sera donc possible d’apprécier sans tracas à LA leçon. Public sous tension, public remuant, public conquis, oui toi public, tu aimes, et ça se voit ! Le groupe est également très actif sur scène, Tomas Lindberg (chant) va et vient, habillé de sa plus belle casquette, et harangue sans cesse les premiers rangs. “Slaughter Of The Soul” (1995) et “At War With Reality” se partagent le plus gros du set avec pas moins de douze titres ! Difficile de rester de marbre, les rythmes entrainent la foule, les slammeurs se donnent à coeur joie et passent, repassent, encore et toujours ! Bien que auditivement, le calibrage n’était pas parfait, la voix se perdant par moment, l’impact général est tout de même époustouflant. A noter le guest de Marco Aro (The Haunted) sur “World Of Lies” et enfin “Blinded By Fear” qui remettra tout le monde à sa petite place.
IN FLAMES
TRIPTYKON
KORN
KoRn revient au Hellfest deux ans après sa dernière apparition mais cette fois-ci il est question de célébration. Les vingt ans du premier éponyme sont déjà passés mais la France n’en a pas profité. Alors le quintette va balancer l’album en entier ce soir et quelques tubes en plus, s’il y a le temps ! L’intro de “Blind” sur la ride de Ray Luzier a déjà retourné le Hellfest. Le groupe démarre fort avec un son tout à fait dévastateur. Un peu trop d’ailleurs, trois chansons et un blackout, un ! Le groupe quitte la scène pendant que les techniciens tentent de sauver la face. Dommage, ce show avait très bien commencé. Lorsqu’il reprendra, il sera compliqué de rentrer dans l’univers très sombre de ce premier essai pourtant culte. Seul une formation d’irréductible prendra son pied à entendre des raretés pendant que les autres hochent la tête, attendant le rappel et l’arrivée des autres tubes. Ce qui sera en effet le cas, mais de manière bien trop courte puisque seules “Falling Away From Me” et “Freak On A Leash” seront jouées. La faute à ce blackout sonore. Comme une éjaculation précoce après des longs mois de drague, ce concert de KoRn restera plus frustrant que mémorable, pour les profanes que la plupart d’entre nous étions.
SUPERJOINT RITUAL
Philou, Philou, mais où es-tu Philou ? Le Hellfest serait-il vraiment le Hellfest (dit comme cela, cela ne veut rien dire, nous sommes d’accord) sans Phil Anselmo ? Celui qui semble avoir pris un abonnement à Ben Barbaud revient bien évidemment nous revoir ! Après DOWN et son projet solo, place à un show unique. Superjoint Ritual conclue la programmation de la Valley et cette prestation signe leur toute première date en dehors des Etats-Unis et la première en Europe ! Toujours accompagné par Kevin Bond, deux nouvelles têtes s’affichent maintenant à leurs côtés : Stephen Taylor (basse) et Jose Gonzalez (batterie). durant une heure, l’osmose entre Phil et la Valley sera une fois de plus totale. Les deux se connaissent bien maintenant et quelques vannes fusent ici et là. Le set défile à toute allure. L’album “Use Once And Destroy” (2002) est d’ailleurs quasi joué dans son intégralité. Les musiciens sont en forme, Jimmy est toujours accroché à ses clopes et notre Phil national s’en sort comme il le peut au chant. Il ne semble pas aussi alcoolisé qu’à l’habitude et esquisse un regain de forme. Taquin, joueur, Phil fait le show et délivre une bonne prestation, dans un registre vocal plus poussé que DOWN, mais peu éloigné de son effort solo. Parmi les moments forts : “Oblivious Maximus”, “Everyone Hates Everyone”, “The Alcoholik” et enfin “Superjoint Ritual” pour conclure en beauté. Dis nous Philou, tu reviens l’année prochaine non ? Allez, on prend ça pour un oui !
NIGHTWISH
Le festival se clôture pas forcément de la plus belle des manières avec ce set grandiloquent de Nightwish qui repousse toujours plus loin les limites du kitsch. Il faut de tout pour faire un festival metal parfait.
Nathan : Cette édition 2015, la dixième donc, du Hellfest était à la hauteur des attentes placées en elle. Programmation toujours aussi qualitative et éclectique, le festival progresse d’année en année sur l’accueil de ses festivaliers. Si la carte free cash mérite quelques ajustements, la décoration ainsi que la nouvelle organisation des scènes garantie un confort non négligeable pour ne pas se perdre parmi l’abondance de proposition musicales et ne pas avoir à faire trop de sacrifices pour lorsque vos deux groupes préférés se chevauchent. En bref, le rendez-vous est pris pour l’an prochain, une fois de plus. Le Hellfest est une institution et est appelé à devenir LE festival metal européen.
Chante : Très bonne édition, même si ce best of s’est un peu essoufflé le dimanche. L’organisation a encore une fois été au top malgré les incidents de dernière minutes (vandalisme etc.). Le site a de nouveau été repensé et retouché aux abords des MainStages et cela s’est pas mal ressenti. L’habillage des écrans est une bonne idée mais ce serait plus optimal qu’ils soient en mode paysage et non portrait, les ornements mangeant quelques bouts d’écran. Le style tattoo traditionnel plait ou ne plait, peu importe, on reste dans l’esprit “underground”. Le skatepark rejoint ainsi ce point; malgré l’idée discutable (on vient voir des concerts ou des skateurs ?) son placement n’était pas du tout bien pensé : trop proche du bar et donc créant des embouteillages monstres par moment.
Côté VIP, le bar et la plateforme partenaire sont nouvelles : un très bon point. L’espace y est plus grand, plus simple d’y accéder; cependant le gros bémol de cet espace : les fumeurs étaient autorisés à l’intérieur… Mais de qui se fout-on sérieusement ? La preuve dimanche soir, avant la dernière animation DJ, le détecteur de fumée s’est enclenché et tout le monde a été invité à sortir pendant de longues, très longues minutes.
Autre chose : la route qui sépare le Metal Corner au festival, était cette année fermée. Une décision hâtive qui a beau été appréciée par les festivaliers (la passerelle n’était pas pratique soit) mais qui a lourdement pénalisés les festivaliers logeant chez les riverains (à 200m sur le papier, à 3,5km au final…) et les riverains eux-mêmes qui ont été prévenu à peine un mois avant, sans raison valable et sans dialogue. Evoqué lors de sa conférence de presse, Ben Barbaud est conscient de ce problème-là et espérons qu’il trouve, avec l’aide des riverains, une solution qui ne pénalise ni les festivaliers, ni les riverains et ni le festival. (L’installation d’un portique à bracelet serait l’idée la plus simple vu que nos chers bracelets en sont maintenant équipés).
Et enfin, que dire du magnifique feu d’artifice ! C’était tout bonnement géant, sublime ! A la hauteur de l’événement ! Sur ce, à l’année prochaine Clisson !