Dernière journée au Hellfest 2019 avec notamment Tool, attendus depuis de nombreuses années et une pléthore de groupes !
BRUTUS (Warzone) – C’est sous un soleil brûlant que Brutus entre en scène. Le trio est acclamé par une foule dense et déjà transpirante. Ils commencent leur set par “War”. Et les yeux s’écarquillent. Aussi frêle que puisse être Stefanie Mannaerts (chant/batterie) elle envoie sévère ! Sa voix, aussi douce que puissante, dégomme l’assistance. Sa frappe défonce tout sur son passage. C’est elle qui fait clairement le groupe.
Le public est subjugué par la force et la maîtrise de la formation. Le set est violent et en même temps rempli d’amour. La setlist est parfaite et résume bien l’énergie et la profondeur de Brutus. “Cemetry”, “Horde II”, “Space” etc. “Je t’aime, merci beaucoup”, nous dira t-elle, émue presque aux larmes, avant de quitter la scène après une trentaines de minutes de show.
TESLA (MainStage 01) – Quelle époque ! L’un des groupes phares de la scène US des 80s qui se fait tellement rare en Europe ! Son dernier passage en France date en effet de 2008. Les Américains jouent relativement tôt, n’en ratons donc pas une miette.
La foule est bien présente et c’est “Cumin’ Atcha Live” qui lance le set. D’emblée, la voix de Jeff Keith fait des siennes. L’incontournable “Love Song” est de la partie, de quoi allier guitare acoustique et électrique pour l’un des tubes du groupe. Court, concis et plutôt agréable, on en aurait pris tellement plus !
DEATH ANGEL (MainStage 02) – Pour cette MainStage 02 100% thrash metal, difficile de passer à côté de Death Angel. Malgré un créneau ne permettant pas d’installer un show entier, la prestation est réussie. Avec un nouvel album tout juste sorti le 31 mai dernier, les Californiens envoient d’emblée avec “Thrown To The Wolves”.
Le pit est lancé pour toute la journée et les débats font rage. Sur scène, Cavestany et Aguilar sont en forme, tout comme Osegueda fort heureusement. “The Pack” et “Humanicide” mettent fin à une prestation bien énergique. Death Angel donne le ton pour la suite de la journée.
EMPLOYED TO SERVE (Warzone) – L’Angleterre est un pays merveilleux. Du moins, il représente une source d’inspiration suffisante pour que de nombreux groupes proposent une musique de qualité en y étant citoyens. C’est le cas pour Employed To Serve.
La formation originaire de Woking balance en pleine canicule un hardcore plein de rage et de revendication. Justine Jones, au chant, ne faiblit pas une seule seconde et montre une énergie incroyable. Le set de quarante petites minutes suffit à mettre tout le monde en PLS sur la Warzone, et on se dit que la chaleur n’a joué qu’un petit rôle dans cette apocalypse musicale.
YOB (Valley) – Encore une fois la Valley est pleine à craquer ! La foule est impatiente de revoir ce trio qu’on ne présente plus : Yob. Le groupe est d’une maîtrise parfaite. Le son est excellent. Les basses retournent le cerveau, la batterie éclate le cœur, la guitare déchire les tripes, et la voix. La voix prend nos âmes. Le chant est magistral. Qu’il soit clair et éraillé ou gras dans les screams.
Tout vient clairement du fin fond du corps de Mike Scheidt, pour le plus grand plaisir du public. Ce stoner/doom est écrasant par sa superbe et le groupe nous offre d’excellents titres tels “Quantum Mystic”, “Unmask The Spectre” ou encore “The Screen”. Les membres sont assez statiques sur scène, mais jouent beaucoup sur les regards, entre eux ou avec la foule. Une assemblée qui leur rend bien.
BLACKBERRY SMOKE (MainStage 01) – Originaire d’Atlanta, le quintette s’élance pour sa première à Clisson. Son southern/country rock va immédiatement prendre auprès de l’assemblée. Plus rock que metal, c’est bien cet aspect là qui fait parfois du bien au cours d’une journée chargée. De plus, le son est quasi parfait, de quoi nous permettre d’apprécier plus encore leurs compositions.
Charlie Starr, Paul Jackson, Brandon Still, Richard Turner et Brit Turner proposent un set tout en légèreté, mélodique comme il le faut mais bien rock, fort heureusement ! A l’image de Vintage Trouble il y a quelques années, les nouveautés de ce type, bien que le groupe soit aujourd’hui bien établi, amènent une fraîcheur certaine à la programmation. Un excellent moment !
TRIVIUM (MainStage 02) – Matt Heafy et sa bande sont de grands habitués du Hellfest. A chaque fois, c’est toujours la confirmation qu’il s’agit d’un excellent groupe qui mène son petit bout de chemin sans demander son reste. Et en cette année 2019, la donne ne change pas.
Le set des originaires d’Orlando est carré, millimétré, martial. C’est d’une efficacité rare. Heafy n’est pas là pour enfiler des perles et dirige sa troupe avec charisme et autorité. Le quatuor se concentre surtout sur les derniers disques sortis, négligeant, malheureusement, les classiques issus de “Ascendancy” (2005). Qu’importe, Trivium a encore vaincu et le Hellfest le remercie chaleureusement pour ça !
CLUTCH (MainStage 01) – Des milliers de personnes devant cette MainStage éclairée par un soleil de plomb. Le quatuor américain débarque sur scène pour offrir un set groovy, sulfureux et bon enfant. La chaleur était démentielle, le groupe reste assez statique.
Sauf, Neil Fallon, qui lui, brave les températures caniculaires pour sauter dans tous les sens (non sans tirer la langue) et heureusement, car le show aurait été visuellement d’un ennui mortel. Côté setlist, Clutch nous sort ses tubes les plus dansants “Ghoul Wrangler”, “The Mob Goes Wild”, “Gimme The Keys” ou encore “A Quick Death In Texas”. Ils nous offrirons également une reprise de Cactus, “Evil”.
Ce rock n’roll blues fait un bien fou. Un show tout en simplicité mais très carré. Le son est bon, la guitare groove, la batterie est hyper entraînante et la basse dépote. Le chant est également excellent. La voix quelque peu éraillée de Neil apporte encore plus cette touche rock n’roll tant appréciée.
La foule danse, tape des mains. Les plus chanceux devant la scène ont même le luxe de se faire arroser par les organisateurs du festival, protégeant bien leurs festivaliers. Clutch a mis tout le monde d’accord. Après avoir conquis la Valley à de maintes reprises, les Américains prennent le pouvoir sur la MainStage, un succès amplement mérité !
TESTAMENT (MainStage 02) – En cette journée dédiée au thrash metal, les vétérans de Testament se devaient évidemment d’être de la partie. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les Californiens en ont encore sacrément sous le capot.
Un set intense, sans relâche, dans la joie, la bonne humeur et le thrash ! L’impressionnant Gene Hoglan est déconcertant de facilité derrière sa batterie. Le reste du groupe s’en donne à coeur joie, manifestant grandement sa bonne humeur d’être là. Le thrash est mort, vive le thrash !
STONE TEMPLE PILOTS (MainStage 01) – Une sacrée surprise qui nous vient là. Le groupe alternatif/grunge fait figure presque figure d’ovni vu le peu de monde restant devant la Mainstage01. Curieux. Et pourtant STP va frapper un gros coup. Le malheureux destin de ses deux chanteurs (Scott Weiland et Chester Bennington) n’a pas arrêté la formation. Jeff Gutt (chant) est, avouons le, un parfait inconnu à nos yeux. Principalement révélé via l’émission “The X Factor”, voilà qu’il se retrouve au Hellfest. Arrivé en 2017, il figure sur le dernier album en date, sorti en 2018. Mais quid du reste ? Où en est STP en 2019 ?
Force est de constater qu’ils en ont encore sous le pied ! “Wicked Garden” lance énergétiquement le set et il en faut peu pour apprécier les lignes de Jeff. De “Crackerman” à “Big Empty”, sans oublier les célèbres “Plush” et “Interstate Love Song”, les fans replongent illico dans les grandes heures de la formation. Les deux premiers albums -cultes- du groupe “Core” (1992) et “Purple” (1994) se partagent l’essentiel du set, ça veut tout dire ! Enfin, difficile de passer outre “Sex Type Thing”; une belle conclusion qui donne envie de revoir le groupe en tête d’affiche ! Sacré retour, sacrée surprise !
ANTHRAX (MainStage 02) –
LYNYRD SKYNYRD (MainStage 01) – Pour faire patienter la foule, le groupe décide, avant d’arriver sur scène, de balancer un gros “Thunderstruck” d’AC/DC. Bien évidemment celle-ci répond favorablement et l’auditoire chante en chœur les paroles de cette mythique chanson. De quoi bien chauffer une audience déjà archi présente. Les papys débarquent enfin sur scène et commencent leur set par “Workin’ for MCA”. Ils enchaîneront avec “Skynyrd Nation”, “What’s Your Name”. Le groupe tient toujours la route mais la cadence est belle et bien ralentie pour que chacun puissent s’en sortir.
Le soleil se couche, la lumière est jolie et voilà que débute “Simple Man”. Il faut quand même avouer que c’est beau. Surtout quand la totalité de la foule reprend en chœur les paroles. Bien évidemment, la plupart du monde présent, n’étant que de simple curieux n’attendent que la fameuse “Sweet Home Alabama” qui sera elle aussi chantée par tout le monde. Le groupe est censé avoir fini son set et quitter la scène pour laisser la place à Lamb Of God sur la MainStage 02.
Mais que nenni, les voilà qui reviennent et balancent leur “Free Bird”. Plutôt irrespectueux de décaler tout le reste de la programmation pour cette dernière, aussi incroyable soit-elle en live. Ce n’est pas parce qu’on s’appelle Lynyrd Skynyrd et que l’on fait de la musique depuis plus de quarante ans que l’on peut tout se permettre. Cette dernière date française laisse ainsi un sentiment mitigé.
PHIL ANSELMO & THE ILLEGALS (Valley) – Que Dieu (ou Satan) bénisse l’annulation de The Obsessed qui a avancé à 19h40 le set ‘sieur Anselmo, ce qui nous permet de pouvoir assister à ce qui est probablement le meilleur concert de cette édition, tout simplement ! Quel plaisir de voir Phil Anselmo débarquer sur scène vingt minutes avant, tout tranquille et penaud, simplement pour déposer son sac à dos sur un côté. Comme si de rien n’était. Les spectateurs déjà présents ne manquent pas de manifester leur joie devant ce sneak peak de leur frontman adoré. Certes, ce soir il s’agit de Philip H Anselmo And The Illegals, venu défendre “Choosing Mental Ilness As A Virtue” (2018), le successeur du brutal “Walk Through Exits Only” (2013). Mais ne vous méprenez pas, une ombre plane fortement sous la Valley. Et dès son arrivée “officielle” sur scène, sa voix, si éraillée, charismatique et profonde captive totalement l’assemblée, consciente que quelque chose de spéciale va se passer.
Présenté comme un hommage à Bruce Corbitt (Rigor Mortis, Warbeast) qui nous a quitté en début d’année, “The Better” fait office d’introduction calme, magnifique et mélancolique à la tempête qui arrive, tout en mettant en exergue le talent vocal de Phil, en voix claire (“Cemetery Gates” anyone?) malgré une justesse perfectible dans les premières secondes. Après deux extraits du dernier disque, “Little Fuckin Heroes” et la chanson titre, sur lesquelles il est forcément à l’aise, les Américains balancent “Bedridden” du premier disque des Illegals. Le frontman rappelle alors qu’il est sobre depuis deux ans (probablement suite à son “fameux” “White Power” forcément dérangeant et inadmissible de 2016) et qu’il n’est pas une mauvaise personne, malgré ce que beaucoup de personnes disent ou pensent.
Anselmo offre alors son rictus si célèbre en nous narguant d’un “OK bande d’enfoirés…je sais pourquoi vous êtes là…il est temps…je pense que vous la reconnaîtrez”…et boom ! “Mouth For War” en plein gueule. La fosse devient complètement dingue, tellement dingue que le frontman semble instantanément touché et lâche l’espace de quelques secondes son faciès de guerrier pour tout simplement sourire, avec toute la sincérité d’un enfant à ce moment-là. Le pied absolu, quel son, quelle ambiance ! Chaque fin de phrase hurlée par notre Philou est ponctué de quelques secondes d’écho, tellement toute la fosse hurle avec lui. Complètement impressionnant. Phil demande même à un photographe d’immortaliser cet instant en le prenant en photo avec la foule derrière lui. Le son est énorme même si forcément, toute comparaison entre Vinnie Paul et Dimebag, avec José Gonzales et Mike Deleon est indécente. Mais honnêtement, tout le monde s’en fout tellement la jouissance est énorme de se prendre une telle déflagration, qu’on ne pensait forcément plus possible. Imaginez donc Anselmo hurler le mot “strength” -issu de “Mouth For War”- tout en soulignant avec son doigt le même mot tatoué sur le côté de sa tête. Qui dit mieux ?
Ayant eu la chance de voir Pantera en mai 2000, à Lyon, les émotions remontent, et puis on pense à Dimebag qui nous a quitté, à Vinnie Paul dont l’anniversaire de la mort était hier. Après “Becoming”, Anselmo nous tance encore avec un “on va voir si vous connaissez vraiment tous celle-là” en offrant “Yesterday Don’t Mean Shit” du dernier album. Pendant le concert, une personne du public lui envoie un grand drapeau avec les noms de Vinnie et Dimebag, ce à quoi il répond “ça, ça repart avec moi, à la maison, aux States”. Le carnage total continue : “Fuckin Hostile” avec sa violence hors de contrôle, “I’m Broken” complètement jouissif où l’on peut voir des fans sauter comme Phil dans le clip, le bondissant “Walk” qui a du probablement faire trembler le centre-ville de Clisson, ou encore “Hellbound”.
Autour de nous, que des sourires et de l’émotion, et nous bavassons quelques secondes avec un fan qui les a vu en 98 et qui retrouve ses vingt ans, un peu comme nous. C’est également l’opportunité pour les moins de trente ans d’avoir une petite idée de ce qu’était Pantera en live. Le concert se termine sur “A New Level”, et l’on ne peut s’empêcher de regretter un final sur “Cowboys From Hell(fest)” qui aurait été encore plus épique. La Valley est dans un état second et beaucoup ont les yeux un peu embués, mais au paradis, le tout dans un festival de l’enfer toujours aussi réussi. Merci M. Anselmo, personnage clairement attachant (à voir le temps que celui-ci reste sur scène après le concert pour simplement nous applaudir) malgré ses failles et de finir avec le traditionnel “and she’s buying the stairway to heaven” ! La boucle est bouclée.
LAMB OF GOD (MainStage 02) – De retour quatre ans après leur dernière prestation, les Américains frémissent à l’idée de retourner un pit chauffé comme jamais. La succession des groupes précédents a grandement préparé le terrain.
Bien que Lamb Of God ne soit pas une formation “thrash metal”, son groove et ses beats vont littéralement conquérir les quelques sceptiques. Chris Adler (batterie) toujours convalescent, c’est Art Cruz (Prong) qui le remplace haut la main, avec un habileté et une maîtrise déconcertante. Les autres ne sont pas reste également. Mark Morton (guitare) et Willie Adler (guitare) lancent riff sur riff avec “Omerta”, “Walk With Me In Hell” ou encore “512”.
Globalement, le tout se tient parfaitement. L’unique bémol est la balance de la voix principale. Randy Blythe (chant), qui donne pourtant beaucoup de sa personne, n’est pas aidé. Sa voix est souvent étouffée, quasi inaudible. La position de chacun joue sans doute sur ce rendu, mais tout de même. “Hourglass” et plus tard “Redneck” mettent une derrière fois le feu. Prestation réussie et maîtrisée.
SLASH FEAT MYLES KENNEDY & THE CONSPIRATORS (MainStage 01) – La nuit arrive doucement mais sûrement. Slash et ses comparses débarquent sur scène. Ils ouvrent ce concert sur “The Call Of The Wild”. En grande forme, Slash, sous son haut-de-forme et derrière ses lunettes, délie ses doigts comme personne. Il fait des allers/retours incessants sur scène pour passer devant tout le monde. Ce qui rend littéralement fou le public massivement en place (et déjà en train d’attendre le show de Tool). Ils enchaînent avec “Halo”, “Standing In The Sun”.
La voix de Myles Kennedy enveloppe la foule. Lui aussi bouge beaucoup et joue avec les festivaliers. Le son est propre. La guitare de Slash gronde, la batterie est démente, la basse foudroyante. Ils joueront bien évidemment des morceaux du fameux guitariste, comme “Doctor Alibi”, ou “Back From Cali”. Ils n’oublient pas non plus de contenter les fans des Guns N’ Roses en reprenant la mythique “Nightrain”, reprise en chœur par les milliers de spectateurs ravis. Le show se clôture sur “Anastasia” et “World On Fire”. Sous des applaudissements dantesques, le groupe quittera la scène, la banane jusqu’aux oreilles.
CANNIBAL CORPSE (Altar) – Derrière la blague que peut représenter ce groupe dont l’extrême attrait pour le gore est presque caricatural, Cannibal Corpse est surtout un monument de l’histoire du metal. Des classiques à en chier partout, une régularité métronomique et une fan base toujours présente. L’Altar en fait d’ailleurs les frais puisqu’il est compliqué de se frayer un chemin pour assister à la messe des bougres.
Qu’importe, le groupe est en forme et se voit d’autant plus galvanisé par l’énergie de l’audience. George Fisher est plus taquin que jamais au micro entre les chansons, enchainant les blagues et les taquineries pour une foule acquise à sa cause. Cannibal Corpse pioche dans l’ensemble de sa discographie, offrant un set en forme de best of. Ils achèvent tout de même tout le monde avec un final sur la base de “I Cum Blood”, “Hammer Smashed Face” et “Stripped Raped & Strangled”. Un concert à point !
REFUSED (Warzone) –
SLAYER (MainStage 02) – Les Adieux des géants. Slayer se retire, et c’est un monstre sacré du metal qui tire sa révérence. En guise de cadeau d’adieu, les Californiens passent une dernière fois à Clisson. Les petits plats sont mis dans les grands, les quatre colosses débarquent au milieu d’une scénographie d’enfer. Pour ses adieux, Slayer déroule une setlist monumentale, un best of rappelant à tout le monde que sa discographie ne pèse pas trente-cinq millions d’albums vendus pour rien.
S’ils sont l’un des rares groupes à ne pas se servir des écrans géants, leur modeste backdrop est toutefois bien soutenu des effets pyrotechniques impressionnants. Le son est dantesque, la formation plus en forme que jamais (excepté Bostaph derrière ses futs, à la traine depuis de nombreuses années déjà). Kerry King balance chacun de ses riffs avec fureur et sauvagerie. Les refrains de “War Ensemble”, “Disciple” ou “Hell Awaits” sont scandés par un public qui prend cette dernière prestation très à coeur. En bref, la soirée se déroule comme sur des roulettes mais, pour une dernière, il faut un miracle venu des enfers pour la rendre légendaire.
Et c’est alors qu’à la conclusion d’un week-end de canicule, le ciel ne résiste pas à l’intro titanesque de “Raining Blood”. Quelques gouttes de pluie tombent sur les festivaliers alors que le riff légendaire de l’une des plus grandes chansons de l’histoire du metal résonne à Clisson. Ce petit clin d’oeil du Malin rend cette fin de concert encore plus intense, les quatre Californiens quittant la scène tout sourire après un dernier “Angel Of Death” en terres françaises. Araya, lui, affiche une émotion palpable juste avant de quitter la scène. Certains groupes continuent de tourner alors que leur date de péremption est déjà bien dépassée. Ce n’est pas le cas de Slayer qui pose les armes et sort par la grande porte.
TOOL (MainStage 01) – Le Hellfest n’a pas besoin de Tool pour remplir sa jauge finger in the nose. Mais quand le festival clissonais réussit à ramener le quatuor californien en France après treize ans d’absence, ça force le respect. Mais pour obtenir son bien le plus précieux, il faut s’armer de patience et attendre le dimanche soir, 0h35 pour entendre l’intro de “Third Eye” résonner sur la MainStage 01. Le groupe entre sur scène au fur et à mesure et, même si l’acclamation du public est massive, on sent que la plupart des festivaliers ne semble pas réaliser ce qui se produit sous leurs yeux.
Maynard entre sur sa plateforme en fond de scène en dernier, vêtu d’un accoutrement assez particulier. Il prend le micro et harangue la foule d’une manière assez inhabituelle. Du troll, seulement du troll, comme d’habitude avec Maynard. Le groupe joue “Aenima” et enchaine avec “The Pot” pour un début de concert assez heavy. Et, étonnamment, ce n’est pas la formule qui réussit le mieux à Tool. Ce n’est que lors du diptyque “Parabol-Parabola” que le concert prend une toute autre tournure. Les vidéos diffusées sur les écrans géants envahissent les esprits des festivaliers petit à petit. Celle d’un désert cachant une immense pyramide se dévoile alors que le groupe joue ce nouveau morceau, “Descending”, issu du tant attendu prochain album (prévu pour le 30 aout). Ce long morceau progressif et lent offre ce que Tool fait de mieux.
Malgré le chant de Maynard plutôt en retrait, les cordes et rythmes saccadés sont soignés et nous embarquent dans un tourbillon de sensation et d’émotion. Le son n’est pas au mieux, la batterie de Danny Carey étant largement mise en avant, au détriment de la guitare d’Adam Jones. L’assemblée chante les morceaux les plus connus, de “Jambi” en passant par “Forty Six And 2”. Tool met l’accent sur ses trois derniers albums, les plus plébiscités par le public. Le quatuor gratifie Clisson de deux titres issus de “Undertow” (1993) et de “Opiate” (1996), pour le plus grand plaisir des fans de longue date.
Maynard semble dans un bon soir. A défaut de communiquer avec le public, il est souriant, communicatif avec le reste du groupe. Il ne peut s’empêcher de troller la foule cependant quand il ne lâche pas son légendaire cris dans “Vicarious”, préférant s’adresser à son assistance avec un signe de main moqueur. Cela n’entame pas l’enthousiasme des festivaliers qui chantent à plein poumons les paroles de “Stinkfist”, dernière chanson du set ce soir. Une fin en apothéose mais, malgré les 1h40 de set proposées, le sentiment de ne pas en avoir eu assez se fait ressentir.
Tool aura proposé un set hypnotisant, ne levant aucunement le voile sur ce à quoi s’attendre de ce groupe définitivement à part. En attendant la sortie de ce nouvel album, les festivaliers pourront revisiter les images et sons entendus au cours de la soirée, pour patienter. Et si ce nouveau disque promet de nourrir les conversations des fans pour les années à venir, la lumière ne sera jamais vraiment faite sur un tel groupe. Et c’est pour le mieux.
Knotfest – Jour 1 – Jour 2 – Jour 3 – Bilan